Marc chap 14

1. Or la fête de Pâque et des pains sans levain devait avoir lieu dans deux jours ; et les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de lui par ruse et le faire mourir ;
2. car ils disaient : Que ce ne soit pas pendant la fête, de peur qu'il n'y ait du tumulte parmi le peuple.

Les évènements qui se déroulent dans ce chapitre sont datés avec grande précision. On était arrivé à 2 jours avant la fête de "la Pâque et des pains sans levain" (dans le texte grec : πασχα [pascha] ... αζυμα [azyma]).

Les membres du Sanhédrin discutaient sur le meilleur moyen de se saisir de Jésus "avec ruse et le faire mourir" ! Cela jette de la lumière sur le niveau moral dans lequel se trouvaient à l'époque les responsables juridiques, politiques et religieux de la nation. Ils étaient conscients que l'arrestation et l'exécution de Jésus risquait de provoquer "du tumulte parmi le peuple."  Ils savaient que Jésus était  bien connu du peuple qui l'avait acclamé comme roi lors de son entrée triompale à Jérusalem récemment.

Pour pouvoir se saisir de Jésus discrètement et de nuit, ils trouveront une aide bienvenue en la personne de Judas, le disciple de Jésus prêt à le trahir et à le livrer en révélant où ils pourront le saisir sans que le peuple ne soit présent.

14:3. Et comme il était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, pendant qu'il était à table, une femme vint, ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de nard pur de grand prix ; et ayant brisé le vase d'albâtre, elle le lui répandit sur la tête.
4. Mais quelques-uns exprimaient entre eux leur indignation. Pourquoi cette perte du parfum a-t-elle été faite ?
5. Car ce parfum pouvait être vendu plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres. Et ils murmuraient contre elle.

On ne sait pas grand chose de Simon le Lépreux si ce n'est qu'il était bien disposé envers Jésus et que sa maison était ouverte à ses disciples, notamment aussi à Lazare, Marthe et Marie. Il n'était évidemment plus lépreux lorsqu'il recevait Jésus et les douze apôtres. Beaucoup pensent que Simon avait été guéri de sa lèpre par Jésus au cours de son ministère.

Une femme répandit sur la tête de Jésus un nard de grand prix - on apprend qu'il avait une valeur de plus de 300 deniers, le salaire annuel d'un ouvrier !  On ne s'étonne donc pas que certains disciples - dont notamment Judas - étaient d'avis qu'il s'agissait d'un gâchis et qu'il aurait été préférable de le vendre et d'aider les pauvres avec l'argent.

On est dans l'expectative de ce que va dire Jésus qui n'a pas empêché cette femme de répandre ce nard sur sa tête, ce qui aurait dû faire réfléchir les disciples.

14:6. Mais Jésus dit : Laissez-la, pourquoi lui faites-vous de la peine ? c'est une bonne œuvre qu'elle a faite à mon égard ;
7. car vous avez toujours les pauvres avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.
8. Ce qu'elle a pu, elle l'a fait ; elle a par avance embaumé mon corps pour la sépulture.
9. Mais en vérité, je vous le dis, en quelque endroit que l'Evangile soit prêché, dans le monde entier, ce qu'elle a fait sera aussi raconté en mémoire d'elle.

Il est remarquable que la femme ne cherchait pas à se justifier, elle ne se défendait même pas. Elle devait être très convaincue de ce qu'elle faisait, c'était certainement mûrement réfléchi.

C'est Jésus qui prend la défense de cette femme bien intentionnée. "Laissez-la, pourquoi lui faites-vous de la peine ?" dit Jésus aux disciples qui critiquaient ce qu'elle faisait. Puis il leur dit une chose à laquelle ils n'avaient certainement pas pensé : "elle a par avance embaumé mon corps pour la sépulture" ! Les disciples n'y avaient pas pensé et pourtant, Jésus leur avait dit à plusieurs reprises qu'il serait livré et mis à mort.

Ce que cette femme a fait était si remarquable que Jésus a prédit que cela serait raconté partout où l'Évangile serait prêché et c'est vraiment ce qui est arrivé génération après génération jusqu'à nos jours et même sur le forum.

14:10. Et Judas Iscariot l'un des douze, s'en alla vers les principaux sacrificateurs, pour le leur livrer.
11. Eux, l'ayant entendu, en eurent de la joie, et ils promirent de lui donner de l'argent. Et il cherchait comment il pourrait le livrer en une occasion favorable.

Quel contraste ! Une femme venait d'oindre Jésus avec un nard d'une valeur de plus de 300 deniers - le salaire de toute une année d'un ouvrier à l'époque - et voilà que l'apôtre Judas est prêt à livrer Jésus pour 30 pièces ! La trahison de Judas est d'autant plus répréhensible qu'il avait accompagné Jésus au cours des 3 dernières années en voyant non seulement les nombreux miracles que Jésus avait faits et en entendant ses paroles de vérité prononcées en public mais en bénéficiant également de son enseignement en privé. Judas avait même été chargé par Jésus avec les autres apôtres de faire des miracles et de chasser des démons par la puissance de Dieu.

Après une nuit passée dans la méditation et la prière, Jésus avait choisi Judas comme apôtre parmi tous ses disciples à l'époque. Il satisfaisait donc aux conditions requises pour exercer une fonction d'apôtre avec les onze autres.  Comment peut-on tomber aussi bas en allant jusqu'à trahir le Messie envoyé par Dieu ? Luc donne une explication en écrivant dans son Évangile : "Satan entra en Judas, appelé Iscariote, qui était au nombre des Douze." (Luc 22:3)

À un moment favorable, Judas se rendra directement chez les "prinicpaux sacrificateurs" pour leur livrer Jésus ! Il était évidemment le bienvenu chez les adversaires de Jésus.

14:12. Et le premier jour des pains sans levain, quand on immolait la Pâque...

La traduction Segond rend cette première partie du verset 12 par :

12 Le premier jour des pains sans levain, où l'on sacrifiait l'agneau pascal...

La célebration de cette fête annuelle était organisée chaque année depuis plus de deux mille ans par le peuple juif.
Mais cette année c'est bien plus qu'un agneau pascal qui est sur le point d'être sacrifié !

14:12. Et le premier jour des pains sans levain, quand on immolait la Pâque, ses disciples lui disent : Où veux-tu que nous allions faire des préparatifs pour que tu manges la Pâque ?
13. Et il envoie deux de ses disciples et leur dit : Allez dans la ville, et vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau ; suivez-le ;
14. et en quelque lieu qu'il entre, dites au maître de la maison : Le Maître dit : Où est mon logis où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
15. Et lui-même vous montrera une grande chambre haute, meublée, toute prête ; et là vous ferez les préparatifs pour nous.
16. Et les disciples partirent, et ils vinrent dans la ville et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.
 
Au delà de la narration de  Marc détaillant  la journée qui précède le repas du seigneur, nous constatons  que ce moment coïncide avec la célébration de la Pâque  , fête qui inaugurait le premier jour  des pains sans levain  ( période festive  de huit jours  où les Juifs ôtaient tout levain. Cette fête était un mémorial qui rappelait le jour de délivrance de l'esclavage   auquel ils avaient été soumis en Egypte.
 
Aussi Jésus, en obéissance aux prescriptions divines, se préparait pour manger la Pâque qui commençait le soir du 13 ème jour du mois de Abib  ( Nisan ), mois qui commence  à la nouvelle lune qui suit l'équinoxe de printemps.

14:17. Et quand le soir fut venu, il arrive avec les douze.
18. Et comme ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit : En vérité, je vous dis que l'un de vous, qui mange avec moi, me livrera.
19. Ils commencèrent à s'attrister, et à lui dire l'un après l'autre : Est-ce moi ?
20. Mais il répondit : C'est l'un des douze, qui trempe avec moi dans le plat.
21. Quant au fils de l'homme, il s'en va, selon qu'il est écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le fils de l'homme est livré ! Il eût été bon pour cet homme-là qu'il ne fût pas né.

Le repas du soir que Jésus prenait avec ses apôtres était le repas pascal. L'agneau pascal représentait très bien Jésus qui allait être sacrifié comme "agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" selon les termes de Jean-Baptiste (Jean 1:29). Jusque-là, les douze étaient encore au complet avec Jésus, mais plus pour longtemps puisque Jésus dit maintenant clairement que l'un d'eux allait le livrer secrètement aux adversaires.

Dans son récit parallèle, Jean parle de l'état d'émotion dans lequel Jésus se trouvait à ce moment-là en raison de ce que Judas allait faire :

Citation :

Jésus fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : " Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. " (Jean 13:21)

Après ces paroles de Jésus, il régna une grande tristesse parmi les apôtres.

Judas se rendit compte que son projet de livrer Jésus aux sacrificateurs était découvert. Il était encore temps pour lui de changer d'avis, surtout après avoir entendu Jésus dire : "Malheur à cet homme par qui le fils de l'homme est livré" qui rappelle les paroles de Jésus aux scribes et Pharisiens auxquels il disait :
"Malheur à vous, scribes et Pharisiens, hypocrites !" en ajoutant que leur sort serait la géhenne (Matthieu chap 23)

14:22. Et comme ils mangeaient, ayant pris du pain et prononcé une bénédiction, il le rompit et le leur donna, et dit : Prenez, ceci est mon corps.
23. Et ayant pris une coupe et rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous.
24. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, lequel est répandu pour plusieurs.

"Et comme ils mangeaient" se réfère à la fin du repas pascal proprement dit car ils mangeaient le dernier morceau de l'agneau, ce qui terminait le repas pascal prescrit pas la loi du Sinai (Il ne leur restera plus qu'à chanter les cantiques prévus, ce qu'ils feront plus tard avant de quitter les lieux).

Après le repas pascal, Jésus fit donc quelque chose de tout à fait nouveau. Il prit un pain qui restait sur la table et, après avoir prononcé une bénédiction, il en donna un morceau à chacun de ses onze apôtres en leur expliquant : "Prenez, ceci est mon corps."
L'apôtre Paul expliquera plus tard sous inspiration divine :

Citation :

7 Enlevez le vieux levain, pour que vous soyez une masse nouvelle, dans la mesure où vous êtes exempts de ferment. En effet Christ notre Pâque a été sacrifié. 8 Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, ni avec du levain de méchanceté et de perversité, mais avec des gâteaux sans levain de sincérité et de vérité. ( 1Corinthiens 5:7-8 )

Puis il prit une coupe de vin de la table et, après avoir rendu grâce, la donna à ses disciples pour qu'ils en boivent tous en expliquant : "Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, lequel est répandu pour plusieurs."
Là aussi, l'apôtre Paul expliquera plus tard sous inspiration divine :

Citation :

23. Car moi j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi transmis ; c'est que le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain ; 24. et ayant rendu grâces, il le rompit et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. 25. De même aussi, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. 26. Car toutes les fois que vous mangez ce pain, et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.  (1Corinthiens 11:23-26)

Voilà donc comment les disciples de Jésus doivent célebrer "Christ notre Pâque" ou "Messie notre Pessa'h" !

14:25. En vérité, je vous dis que je ne boirai plus du produit de la vigne, jusqu'à ce jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.
26. Et après qu'ils eurent chanté les cantiques, ils sortirent pour aller à la montagne des Oliviers.

C'était effectivement la dernière fois que Jésus a bu du "produit de la vigne" dans un corps physique. Il le boira "nouveau" (pas "de nouveau") dans le royaume avec ses apôtres et d'autres fidèles lorsqu'ils seront réunis dans les cieux après son retour car le vin est un symbole de réjouissance comme il est écrit dans le Psaume 104:15. Ces réjouissances célestes sont décrites notamment dans les textes suivants :

Citation :

Or, je vous le déclare, beaucoup viendront de l'est et de l'ouest et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. (Matthieu 8:11)

Ainsi, vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume et vous serez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël.» (Luc 22:30)

L'ange me dit alors: «Ecris: 'Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l'Agneau!'» Puis il ajouta: «Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu.» (Apocalypse 19:9)

La soirée comprenant le repas pascal puis le repas du Seigneur se termine par le chant des cantiques habituellement chantés après le repas pascal. Il s'agit des Psaumes 115 à 118. Pour les évènements détaillés de cette soirée mémorable, lire Jean chap 13 à 17.

Après avoir chanté ces Psaumes, Jésus et les 11 apôtres sortirent dans la nuit pour se rendre dans le jardin de Gethsémané.

14:27. Et Jésus leur dit : Tous, vous trouverez une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.
28. Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée.

En chemin pour le jardin de Gethsémané, Jésus prévient ses onze fidèles apôtres qu'ils allaient "tous" avoir "une occasion de chute" dans les heures qui suivraient. Cela était déjà prédit depuis des siècles dans le livre prophétique de Zacharie :

Citation :

Lève-toi, épée, contre mon berger, contre l’homme avec qui je me suis lié — parole de Yahvé Sabaot. Frappe le berger, que les brebis soient dispersées, et je lèverai ma main contre leurs petits. (Zacharie 13:7)

Le berger était évidemment le Messie Jésus, qui s'était désigné lui-même comme étant le "bon berger" qui donne sa vie pour ses brebis comme il l'a affirmé lui-même :

Citation :

Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. (Jean 10:11)

Les apôtres et les autres disciples de Jésus allaient être dispersés cette nuit-même lorsqu'il mourra d'une mort sacrificielle mais après sa résurrection, Jésus les rassemblera de nouveau. L'apôtre Paul confirmera plus tard qu'un rassemblement considérable de disciples eut lieu après la résurrection de Jésus :

Citation :

... il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures. Ensuite il est apparu à Céphas, puis aux douze. Après cela, il est apparu à plus de 500 frères et soeurs à la fois, dont la plupart sont encore vivants et dont quelques-uns sont morts. (1 Corinthiens 15:4-6)

14:29. Mais Pierre lui dit : Quand même tous trouveraient une occasion de chute, non pas moi.
30. Et Jésus lui dit : En vérité je te dis que toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois.
31. Mais lui, il parlait avec abondance : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous disaient la même chose.

Pierre contredit Jésus ouvertement. Il était sûr de lui ! Même si tous venaient à renier Jésus, lui, Pierre, tiendrait bon dans l'épreuve.

Jésus avait pourtant averti Pierre à plusieurs reprises, notamment lorsque

Citation :

Simon Pierre lui dit: «Seigneur, où vas-tu?» Jésus répondit: «Tu ne peux pas me suivre maintenant là où je vais, mais tu m'y suivras plus tard.» (Jean 13:36)

Jésus parlait de son exécution sur une croix et voulait faire comprendre à Pierre que, même s'il était décidé à le suivre partout, il n'en serait pas de même pour son chemin de la croix - du moins pas encore.

Souvenons-nous aussi que peu avant d'être en chemin pour se rendre dans le jardin de Gethsémané :

Citation :

Il y eut aussi une rivalité entre les disciples pour déterminer qui devait être considéré comme le plus grand parmi eux. (Luc 22:24)

Lorsque Jésus disait donc aux disciples ce qui allait lui arriver et qu'ils fuiraient "tous", c'était une bonne occasion pour Pierre de montrer à tous qu'il était le plus grand parmi eux puisqu'il tiendrait bon !

Lorsque Pierre dit finalement : "Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point ... tous disaient la même chose"
Aucun des onze ne voulait évidemment être moins que les autres !

Il y a un enseignement à tirer pour chaque disciple de Jésus. Même celui qui semble habituellement être le plus fort peut faillir !
Même les apôtres avaient encore du chemin à faire pour atteindre la maturité. L'effusion de l'Esprit saint à la Pentecôte sera une aide considérable pour y arriver en toute humilité. À notre tour d'y parvenir avec modestie.

14:32. Et ils viennent en un lieu nommé Gethsémané. Et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu'à ce que j'aie prié.
33. Et il prend avec lui Pierre et Jacques et Jean, et il commença à être saisi de frayeur et d'angoisse.
34. Et il leur dit : Mon âme est triste jusqu'à la mort ; demeurez ici et veillez.
35. Et étant allé un peu plus avant, il se prosternait à terre et priait, afin que, s'il était possible, cette heure passât loin de lui.
36. Et il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles ; détourne cette coupe loin de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux!
37. Et il vient et les trouve endormis ; et il dit à Pierre : Simon, tu dors ! tu n'as pu veiller une seule heure !
38. Veillez et priez, afin que vous n'entriez pas en tentation ; l'esprit est prompt, mais la chair est faible.

Arrivé dans le lieu dit Gethsémané, Jésus dit à ses disciples de s'installer et d'attendre qu'il revienne d'avoir prié. Puis il sélectionne Pierre et Jacques et Jean et les prend avec lui comme il l'avait déjá fait notamment lors de la transfiguration. Cette fois, il les prend avec lui afin qu'ils soient témoins de son agonie.

Pour mieux comprendre ce qui va se passer, il faut se rappeler que Jésus était un homme de chair comme les autres sauf qu'il était parfait. Il était donc sensible au chaud et au froid, à la faim et à la soif, à la fatigue et évidemment aussi à la souffrance. Aussi le texte nous apprend qu'"il commença à être saisi de frayeur et d'angoisse" à la pensée de ce qui l'attendait dans les prochaines heures. Jésus alla même jusqu'à dire ouvertement : "Mon âme est triste jusqu'à la mort." Tout cela est compréhensible mais ce qui étonne, ce sont les paroles qu'il adressa ensuite au Père : "Abba, Père, toutes choses te sont possibles ; détourne cette coupe loin de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux !"

Jésus avait été d'accord d'aller sur la terre pour y donner sa vie humaine parfaite "comme rançon pour beaucoup" (Matthieu 20:28) et même de devenir "malédiction" pour nous comme il est écrit : "Christ, par rachat, nous a libérés de la malédiction de la Loi en devenant malédiction à notre place." (Galates 3:13)  Mais était-il "possible" d'éviter les souffrances atroces qui l'attendaient ? Ne suffisait-il pas qu'il meure tout simplement pour assurer le rachat de tous ceux qui croiraient en lui ?

C'est vrai que toutes choses sont possibles à Dieu (sauf de mentir). Mais Jésus saivait bien qu'il y avait eu d'autres martyrs avant lui et qu'il y en aurait encore beaucoup d'autres après sa mort sacrificielle ! Certains d'entre eux ne passent-ils pas également par d'atroces souffrances ? Il est vrai qu'eux sont tous des pécheurs tandis que le Fils de Dieu est sans péché ! Convenait-il alors de faire une différence : laisser souffrir les uns et épargner le Fils ? Jésus laisse la décision au Père : "détourne cette coupe loin de moi ! Toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux !"

Entre temps, les disciples s'étaient endormis. Il les exhorte alors à veiller et à prier pour ne pas entrer en tentation car "l'esprit est prompt mais la chair est faible." Sage recommendation car les épreuves viendront à leur tour pour eux aussi.

14:39. Et il s'en alla encore et pria, disant les mêmes paroles.
40. Et étant revenu, il les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient fort appesantis ; et ils ne savaient que lui répondre.
41. Et il vient pour la troisième fois, et leur dit : Dormez désormais et reposez-vous ! Il suffit ! L'heure est venue, voici, le fils de l'homme est livré entre les mains des pécheurs !
42. Levez-vous, allons ! voici, celui qui me livre s'approche !

Jésus allait prier et revenait vers ses disciples à trois reprises et trouvait toujours la même situation : ses disciples dormaient ! Et si l'un ou l'autre ouvrait un oeil, il ne trouvait rien à dire de réconfortant à Jésus et se rendormait. Dans sa situation extrêmement stressante, il ne trouvait du réconfort qu'auprès du Père.

Lorsqu'il revint ainsi la troisième fois, "l'heure était venue" ! L'heure de quoi ? Pour qu'il soit "livré entre les mains des pécheurs" ! À diverses reprises au cours de son ministère de 3 ans 1/2, Jésus s'était trouvé en danger d'être jeté d'une falaise ou d'être lapidé mais le texte nous apprenait alors que "son heure n'était pas encore venue" ! À présent, "l'heure était venue" ! Les anges n'empêcheraient donc plus que ses adversaires se saisissent de lui comme ils le faisaient jusque-là selon la prédiction du Psaume 91 :

Citation :

10 aucun malheur ne t’arrivera,
nulle plaie ne s’approchera de ta tente.
11 Car il donnera à ses anges un ordre à ton sujet,
pour te garder dans toutes tes voies.
12 Sur leurs mains ils te porteront,
de peur que tu ne heurtes quelque pierre avec ton pied (Psaume 91:10-12)

Le moment était maintenant venu d'accomplir la prophétie d'Ésaie :

Citation :

3 Il était méprisé et abandonné des hommes, homme de douleurs et connaissant la maladie, méprisé comme un objet devant lequel on se cache le visage ; et nous n'avons fait de lui aucun cas.
4 Véritablement, c'étaient nos maladies qu'il portait, et nos douleurs dont il s'était chargé ; et nous, nous le croyions puni, frappé de Dieu et humilié !
5 Mais lui, il a été percé à cause de nos péchés, brisé à cause de nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
6 Nous étions tous errants comme des brebis, nous suivions chacun son propre chemin ; et l'Eternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous.
7 On le maltraite, et lui s'humilie et n'ouvre point la bouche, pareil à l'agneau conduit à la tuerie, et à la brebis muette devant les tondeurs ; il n'ouvre point la bouche.
8 Il a été enlevé par l'oppression et le jugement ; et parmi ses contemporains, qui eût pensé qu'il était retranché de la terre des vivants et que la plaie le frappait à cause du péché de mon peuple ? ( Ésaie 53:3-8 )

14:43. Et aussitôt, comme il parlait encore, survient Judas Iscariot, l'un des douze, et avec lui une foule armée d'épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des scribes et des anciens.
44. Or, celui qui le livrait leur avait donné un signe convenu, disant : Celui que j'embrasserai, c'est lui ; saisissez-le, et emmenez-le sûrement.
45. Et quand il fut arrivé, s'approchant aussitôt de lui, il dit : Rabbi ! et il l'embrassa.
46. Et eux mirent les mains sur lui et le saisirent.

Les  membres du Sanhédrin avaient pris toutes les dispositions nécessaires à leurs yeux pour faire arrêter Jésus en envoyant la police lévitique du temple et en ayant demandé le soutien de soldats romains. Judas était à leur tête et les conduisait au jardin de Gethsémané où il savait qu'il y trouverait Jésus. Jésus leur avait échappé à une autre occasion où ils avaient envoyé des agents pour l'arrêter et ils ne voulaient pas que cela se reproduise.

C'ètait Judas qui avait convenu avec eux qu'il leur donnerait un signe pour qu'ils puissent reconnaître Jésus. Le choix du signe convenu est à la mesure de la traîtrise de l'évènement : alors qu'en général, on embrasse une personne pour exprimer l'affection qu'on lui porte, Judas embrasse Jésus pour le livrer ! Les hommes agirent alors selon  les mots convenus avec Judas : "saisissez-le, et emmenez-le sûrement." (Judas voulait être sûr de recevoir l'argent convenu !)

C'est exactement ce que les hommes en armes firent : ils "mirent les mains sur lui et le saisirent."

14:47. Mais un de ceux qui étaient présents, tirant son épée, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l'oreille.

Luc nous en dit un peu plus dans son Évangile :

Citation :

Voyant ce qui allait arriver, ceux qui étaient avec Jésus dirent: «Seigneur, devons-nous frapper avec l'épée?»  Et l'un d'eux frappa le serviteur du grand-prêtre et lui emporta l'oreille droite. Mais Jésus prit la parole et dit: «Laissez faire, arrêtez!» Puis il toucha l'oreille de cet homme et le guérit. (Luc 22:49-51)

Quant à l'identité de l'apôtre qui coupa l'oreille du serviteur du souverain sacrificateur, Jean rapporte :

Citation :

Alors Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du grand-prêtre et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus. Jésus dit à Pierre: «Remets ton épée dans son fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire?»  (Jean 18:10-11)

Malchus, le serviteur du souverain sacrificateur, ne faisait pas partie de la troupe envoyée pour arrêter Jésus. Son rôle était d'observer exactement ce qui se passait et d'en faire un rapport détaillé à son maître Caïphe.

Jésus a remis en place l'oreille coupée par Pierre et a miraculeusement guéri Malchus.

14:48. Et Jésus prenant la parole, leur dit : Vous êtes sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour me prendre.
49. Chaque jour j'étais au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez point saisi ; mais c'est afin que les Ecritures fussent accomplies.
50. Et tous l'abandonnant, s'enfuirent.

Jésus n'avait opposé aucune résistance jusqu'ici à son arrestation. Lorsque ses disciples voulurent intervenir pour le défendre, il a même repris celui qui avait tiré son épée pour frapper le serviteur du grand prêtre et guéri miraculeusement devant tous la blessure de cet homme.

Jésus ne résiste toujours pas à son arrestation. Il attire maintenant surtout l'attention de ses compatriotes venus l'arrêter et parle particulièrement à la conscience des instigateurs en leur disant qu'ils avaient eu la possibilité de l'arrêter à n'importe quel moment dans le temple ou ailleurs en public à la lumière du jour et devant tous mais ils sont venus la nuit en le traitant comme un brigand !

En ajoutant : "c'est afin que les Écritures fussent accomplies", Jésus attire l'attention de ses compatriotes qu'il étaient en train de se rendre coupables en accomplissant les Écritures prédisant que les ennemis du Messie agiraient exactement ainsi (Ésaie chap 53) ! Ils n'ont qu'à vérifier et verront de leurs propres yeux ! Cela ne concernait évidemment pas les soldats romains qui avaient aussi été envoyés pour  l'arrêter. À de tels qui ne connaissaient pas les Écritures, Jésus dira plus tard sur la croix au sujet des soldats romains qui l'exécutaient : "Pardonne-leur Père, ils ne savent pas ce qu'ils font" !

Ne pouvant plus rien faire pour lui, tous les disciples de Jésus qui étaient présents s'enfuirent alors.

14:51. Et un certain jeune homme le suivait, enveloppé d'un drap sur le corps nu ; et on le saisit,
52. mais lui, laissant le drap, s'enfuit tout nu.

La plupart des commentateurs sont d'avis que ce "jeune homme" était le disciple Marc qui rédigea plus tard l'Évangile portant son nom. Il y a tout lieu de penser que Jésus et les apôtres prirent le repas pascal dans la maison où vivait Marc. Sa mère Marie était devenue très tôt une disciple de Jésus et des réunions chrétiennes se tenaient bientôt dans sa maison (Actes 12:12-13).

Jésus et ses apôtres quittèrent tard la chambre haute où ils avaient célébré finalement encore le Repas du Seigneur pour la première fois. Puisque le texte dit qu' "un certain jeune homme le suivait", il y a tout lieu de penser qu'à un moment donné, Marc décida pour une bonne raison d'aller après Jésus dans le Jardin de Gethsémané en s'enveloppant à la hâte d'un drap. Lorsque Jésus fut arrêté et que les apôtres s'enfuirent, on saisit le jeune homme qui réussit à fuir en laissant le drap dans les mains des soldats.

Cela expliquerait aussi pourquoi Marc est le seul à avoir rapporté l'évènement.