Luc chap 9

9:1 Il appela les douze et leur donna la puissance et l'autorité sur tous les démons, ainsi que (le pouvoir) de guérir les maladies.
2 Il les envoya prêcher le royaume de Dieu et guérir (les malades).

Le moment était venu pour Jésus d'élargir la prédication du "royaume de Dieu" et de guérir sur une plus grande échelle. Jésus avait formé les 12 qui l'accompagnaient régulièrement et à présent, il "leur donna la puissance et l'autorité sur tous les démons, ainsi que (le pouvoir) de guérir les maladies."

Ces 12 hommes simples, choisis parmi le peuple et non dans la classe dirigeante, se virent confier par Jésus l'énorme privilège de participer à son oeuvre messianique ! Il n'y aurait donc désormais plus seulement 1 faiseur de miracles mais 12 en plus ce qui aurait des répercussions considérables dans le pays. Les apôtres (du grec αποστολοι apostoloi signifiant "envoyés") feraient ainsi connaître le royaume de Dieu qui ne reposait pas sur un pouvoir humain mais surnaturel, divin.

Puisque le texte parle des "douze", Judas était donc également envoyé par Jésus avec "la puissance et l'autorité sur tous les démons, ainsi que (le pouvoir) de guérir les maladies."

9:3 Il leur dit : Ne prenez rien pour le voyage, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n'ayez pas deux tuniques.
4 Dans quelque maison que vous entriez, restez-y, et c'est de là que vous partirez.

Les apôtres étaient envoyés aux Israélites qui pratiquaient l'hospitalié comme le faisaient déjà leurs ancêtres les patriarches. En se rendant dans les villes et les villages, ils allaient dans un endroit central comme par exemple là où se trouvait le puit et les Israélites du lieu reconnaissaient en eux des voyageurs et les invitaient chez eux durant leur séjour tout en pourvoyant à leurs besoins. C'était donc à partir de la maison hospitalière dans laquelle ils étaient reçus qu'ils prêchèrent la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu et faisaient les guérisons. Ils ne devaient pas aller d'une maison à une autre s'ils trouvaient quelqu'un de plus aisé et quitter ainsi la maison plus modeste.  "Restez-y" a dit Jésus "et c'est de là que vous partirez" pour accomplir leur oeuvre locale.

Plus tard, lorsque l'oeuvre de Jésus et de ses disciples était bien connue dans tout le pays, Jésus dira le contraire à ses disciples en raison de l'hostilité grandissante contre eux :

Citation :

35 Il leur dit encore : Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ?
Ils répondirent : De rien.
36 Et il leur dit : Maintenant, au contraire, que celui qui a une bourse la prenne, de même celui qui a un sac, et que celui qui n'a pas d'épée vende son vêtement et en achète une. 37 Car, je vous le dis, ce qui est écrit doit s'accomplir en moi : Il a été compté parmi les malfaiteurs. Et ce qui me concerne touche à sa fin. (Luc 22:35-37)

5 Et partout où les gens ne vous reçoivent pas, en sortant de cette ville, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux.
6 Ils partirent et allèrent de village en village ; ils annonçaient la bonne nouvelle et opéraient partout des guérisons.

Le fait de se déplacer de ville en ville sans vivres, sans eau et sans moyen de défense était  un appel à l'hospitalité prévu par la loi; celle-ci devait s'exercer envers l'étranger comme envers les indigènes. En envoyant ses disciples  vers les Israélites de cette manière, Jésus testait la foi des disciples mais aussi la fidélité des enfants d’Israël qui étaient tenus de manifester l'amour envers autrui , l'hospitalité étant une façon de manifester l'amour de manière impartiale.

Cette hospitalité était un moyen de communication dont Jésus usa en de nombreuses occasions puisqu'il accepta l'hospitalité  des  Pharisiens comme Nicodème ; des publicains comme Zachée mais aussi de frères et soeurs aisés comme Lazare, Marthe et Marie  ; c'était tours l'occasion de discussions spirituelles intenses comme celà est rapporté dans Jean 3   en ce qui concerne Nicodème.
Ainsi, le commandement de Jésus concernant la manière de dispenser la bonne nouvelle était très approprié, il tenait compte des us et des coutumes du peuple.  Il devient évident que le simple fait de venir dans la ville et d'en respecter les lois concernant l'hospitalité était dejà en soi une marque de respect  et de confiance envers les habitants de cette ville lesquels étaient tenus par la loi à accueillir les voyageurs , s'ils ne le faisaient pas, leur réputation serait un témoignage contre eux .

Plus tard, cette disposition sera rappelée :

Citation :

N'oubliez pas l'hospitalité, car en l'exerçant certains ont sans le savoir logé des anges. (Hébreux 13:2)

L'enseignement à tirer de ce processus pour communiquer la bonne nouvelle est qu'elle n'est pas imposée ; mais accueillie positivement ,ou négativement ,  nous comprenons mieux la texte  suivant :

Citation :

Qu'ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, de celui qui apporte de très bonnes nouvelles, qui annonce le salut, de celui qui dit à Sion: «Ton Dieu règne!» (Esaïe 52:7)

9:5 Et partout où les gens ne vous reçoivent pas, en sortant de cette ville, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux.
6 Ils partirent et allèrent de village en village ; ils annonçaient la bonne nouvelle et opéraient partout des guérisons.

Jésus a donc prédit à ses disciples qu'ils ne seraient pas partout les bienvenus. On se souvient de la réaction des Géraséniens qui demandèrent à Jésus de partir malgré la libération spectaculaire d'un démonisé ! Pour ceux qui ne les recevraient pas et ne les écouteraient pas, un témoignage devrait néanmoins être rendu : en sortant du lieu, ils devraient secouer visiblement la poussière de leurs pieds ! Le livre des Actes nous rapporte que même après le retour de Jésus au ciel, Paul et Barnabas appliquèrent cette instruction de Jésus en secouant la poussière de leurs pieds contre ceux qui se mirent à les persécuter dans leur territoire (Actes 13:50-51). À une autre occasion, Paul s'est même mis à secouer la poussière de ses vêtements :

Citation :

Mais comme les Juifs s'opposaient à lui avec des blasphèmes, il secoua ses vêtements et leur dit : Que votre sang retombe sur votre tête ! J'en suis pur et, dès maintenant, j'irai vers les païens. (Actes 18:6)

Bien que les apôtres se rendirent 2 à 2 dans les villes et les villages lorsque Jésus les envoya pour la première fois en tournée, cela faisait à chaque fois 6 localités visitées. La Bonne Nouvelle se répandit donc rapidement dans le pays, d'autant plus que leurs paroles étaient accompagnées de guérisons miraculeuses.

9:7 Hérode le tétrarque apprit tout ce qui se passait, et il était perplexe. Car les uns disaient que Jean était ressuscité d'entre les morts ;
8 d'autres, qu'Élie était apparu, et d'autres, qu'un des anciens prophètes était ressuscité.
9 Hérode disait : J'ai fait décapiter Jean ; alors qui est celui-ci, dont j'entends dire de telles choses ? Et il cherchait à le voir. .

Il y avait donc 3 opinions qui prévalaient au sujet de Jésus :
1) ce Jésus est Jean le Baptiste ressuscité
2) ou alors c'est le prophéte Élie qui est apparu
3) ou ce Jésus serait-il un des autres anciens prophètes qui aurait été ressuscité ?
On croyait donc fermement à la résurrection en général. Il aurait été intéressant de savoir quelle explication donnaient les Sadducéens qui ne croyaient pas du tout à la résurrection !

Ces 3 rumeurs étaient parvenues jusqu'à la cour d'Hérode qui ne devait pas être trop tranquille puisque c'était lui-même qui avait fait décapiter Jean le Baptiste. Marc rapporte qu'Hérode se fit finalement une opinion définitive :

Citation :

Le roi Hérode entendit parler de Jésus, car son nom était devenu célèbre. Il disait: «Jean-Baptiste est ressuscité, et c'est pour cela qu'il a le pouvoir de faire des miracles.» (Marc 6:14 NBS)

Il n'est donc pas étonnant qu'Hérode souhaitait voir ce Jésus, ce qui ne sera toutefois le cas qu'après l'arrestation de Jésus et la fin de son ministère :

Citation :

4 Pilate dit aux principaux sacrificateurs et à la foule : Je ne trouve rien de coupable en cet homme. 5 Mais ils insistèrent et dirent : Il soulève le peuple, en enseignant dans toute la Judée, depuis la Galilée où il a commencé, jusqu'ici.
6 Quand Pilate entendit cela, il demanda si cet homme était Galiléen ; 7 ayant appris qu'il relevait de l'autorité d'Hérode, il le renvoya à Hérode qui se trouvait aussi à Jérusalem en ces jours-là.
8 Lorsqu'Hérode vit Jésus, il en eut une grande joie, car depuis quelque temps il désirait le voir à cause de ce qu'il avait entendu dire de lui, et il espérait lui voir faire quelque miracle. 9 Il l'interrogea assez longuement, mais Jésus ne lui répondit rien. 10 Les principaux sacrificateurs et les scribes étaient là et l'accusaient avec véhémence. 11 Hérode, avec ses gardes, le traita avec mépris ; et après s'être moqué de lui et l'avoir revêtu d'un habit éclatant, il le renvoya à Pilate. 12 Ce jour même, Pilate et Hérode devinrent amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant.
13 Pilate convoqua les principaux sacrificateurs, les chefs et le peuple, 14 et leur dit : Vous m'avez amené cet homme comme entraînant le peuple à la révolte. Voici : je l'ai interrogé devant vous et je ne l'ai trouvé coupable d'aucune des fautes dont vous l'accusez. 15 Hérode non plus, car il nous l'a renvoyé, et voici : cet homme n'a rien fait qui soit digne de mort. (Luc 23:4-15)

9:10 Les apôtres, à leur retour, racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait. Il les prit avec lui et se retira à l'écart, du côté d'une ville appelée Bethsaïda.
11 Les foules s'en aperçurent et le suivirent. Jésus les accueillit, et il leur parlait du royaume de Dieu ; il guérit aussi ceux qui avaient besoin de guérison.

Les Évangiles ne nous précisent pas combien de temps les apôtres firent leur tournée de prédication dans le pays. Ils se retrouvèrent finalement tous ensemble et avec Jésus. Il y avait beaucoup à discuter, notamment
- sur l'exécution de Jean le Baptiste survenue entre temps et les conséquences que cela allait avoir désormais sur l'oeuvre de Jésus et de ses disciples
- sur le rapport que firent les apôtres à Jésus de ce qu'ils ont fait ainsi que les réactions et les résultats de leur activité.

Maintenant que la mission de Jean-Baptiste pour préparer la venue du Messie Jésus était achevée et que Jésus ainsi que ses disciples avaient pris la relève au milieu du peuple, la discussion en privé avec les apôtres était devenue nécessaire pour fixer les objectifs futurs de l'oeuvre.

La suite du récit de Luc nous apprend que lorsque Jésus et ses disciples n'allaient pas pendant un temps à la rencontre du peuple, c'était le peuple qui se mettait à les chercher. Jésus continua donc à parler du royaume de Dieu aux foules tout en guérissant ceux qui en avaient besoin.

9:12 Le jour commençait à baisser, les douze s'approchèrent donc et lui dirent : Renvoie la foule afin qu'elle aille dans les villages et dans les campagnes des environs, pour se loger et pour trouver du ravitaillement ; car nous sommes ici dans un lieu désert.
13 Jésus leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils répondirent : Nous n'avons que cinq pains et deux poissons, à moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple.
14 Or, il y avait environ cinq mille hommes...

Jésus avait passé une bonne partie de la journée à parler à la foule du royaume de Dieu et à guérir tous les malades. Mais plus tôt dans la journée, Jésus avait déjà constaté :

Citation :

5 Jésus leva les yeux, vit qu'une foule nombreuse venait à lui et dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ? 6 Il disait cela pour l'éprouver, car il savait ce qu'il allait faire. 7 Philippe lui répondit : Les pains qu'on aurait pour deux cents deniers ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : 9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de personnes ? (Jean 6:5-9)

Les disciples avaient donc 200 deniers dans la caisse et ils avaient calculé que cet argent ne suffirait pas pour donner à manger à toute la foule de 5000 hommes, sans compter les femmes et les enfants. Il y avait bien un enfant qui avait 5 pains d'orge et 2 poissons avec lui. C'était tout ce qu'ils pouvaient proposer à Jésus pour faire face au problème. Leur recommandation fut : "Renvoie la foule afin qu'elle aille dans les villages et dans les campagnes des environs, pour se loger et pour trouver du ravitaillement" !

9:14 ... Jésus dit à ses disciples : Faites-les asseoir par rangées d'une cinquantaine.
15 Ils firent ainsi ; ils les firent tous asseoir.
16 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux vers le ciel et les bénit. Puis il les rompit et les donna aux disciples pour les distribuer à la foule.
17 Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient.

Jésus demanda à ses disciples d'inviter les milliers qui étaient venus de "se mettre à table" ! C'est vrai qu'il n'y avait pas de tables mais les rangées par cinquantaines rappelaient les tables allongées lors des festins sauf qu'on était assis à même l'herbe. Bien, mais qu'est-ce qu'il y avait à manger ?
Jésus avait déjà habitué ses disciples à bien des surprises de sa part mais qu'allait-il se passer cette fois-ci devaient se demander les disciples. Et ce qui s'est passé était absolument extraordinaire et pourtant pas tellement nouveau pour ceux qui connaissaient les récits historiques des Saintes Écritures, notamment sur les évènements survenus aux jours du prophète Élisée :

Citation :

Elisée revint à Gilgal pendant que la famine était dans le pays... Un homme vint de Baal-Shalisha et apporta à l'homme de Dieu du pain de prémices, vingt pains d'orge et du grain frais dans son épi. Celui-ci ordonna: "Offre aux gens et qu'ils mangent", mais son serviteur répondit: "Comment servirai-je cela à cent personnes?" Il reprit: "Offre aux gens et qu'ils mangent, car ainsi a parlé Yahvé: On mangera et on en aura de reste." Il leur servit, ils mangèrent et en eurent de reste, selon la parole de Yahvé.  (2 Rois 4:38, 42-44)

Ce que le prophète Élisée fit pour nourrir 100 personnes par le pouvoir de Yhwh, Jésus en fit de même pour des milliers avec seulement 5 pains et 2 poissons !

18 Un jour que Jésus priait à l'écart et que ses disciples étaient avec lui, il leur posa cette question : Les foules, qui disent-elles que je suis ?
19 Ils répondirent : Jean-Baptiste ; d'autres, Élie ; d'autres un des anciens prophètes ressuscité.
20 Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre répondit : Le Christ de Dieu.

Ce récit révèle l'importance que Jésus attachait à la prière et de se retirer à l'écart pour enseigner ses disciples en privé.
Le moment était venu de mettre les choses au clair concernant son identité. Interrogé à ce sujet, les disciples lui rapportèrent ce qui se disait de lui au cours de leur tournée de prédication : Les uns disaient qu'il serait Jean-Baptiste ressuscité, d'autres le prophète Élie qui devait venir et d'autres encore un des anciens prophètes, dont notamment "Jérémie" (Matthieu 16:14) !

La foule ne connaissait donc pas la véritable identité de Jésus, il était méconnu !  
Mais qu'en était-il des disciples ? Avaient-ils compris qui il était en réalité ? Après leur avoir posé franchement la question :
"Mais vous, ... qui dites-vous que je suis ? Pierre répondit : Le Christ de Dieu."  

Ce passage des Écritures est un des plus importants de tout le NT. Le Messie ou Christ était venu et il avait été reconnu comme tel au moins déjà par ses apôtres. Pierre se fit ici le porte-parole des autres apôtres car ils avaient déjà discuté entre eux la question relative à l'identité de Jésus qu'ils appelaient "Maître" et qu'ils considéraient comme étant "le Saint de Dieu" (Jean 6:69)

21 Jésus leur recommanda sévèrement de ne le dire à personne.
22 Il ajouta qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu'il soit mis à mort et qu'il ressuscite le troisième jour..

La recommandation sévère de Jésus aux disciples de ne pas dire qu'il était le Christ (le Messie) n'était que temporaire !

Avant de faire connaître l'identité du Messie, il "fallait" d'abord  
- que le Fils de l'homme souffre beaucoup,
- qu'il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes,
- qu'il soit mis à mort et
- qu'il ressuscite le troisième jour.

Après cela, les disciples devraient l'annoncer partout jusqu'à son retour

Citation :

... afin qu'au nom de Jésus chacun plie le genou dans le ciel, sur la terre et sous la terre et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2:10-11)

9:23 Puis il dit à tous : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix et qu'il me suive.

Les apôtres venaient d'apprendre ce qui attendait Jésus.

À présent , Jésus s'adresse à "tous", à la multitude, et ce qu'il va dire va montrer à ceux qui veulent venir après lui ce que signifie devenir ses disciples authentiques. Tout d'abord, il faut "vouloir" le suivre. Être un disciple de Jésus ne sera donc pas simplement la continuité héritée de ses parents chrétiens ou parce que ce sera normal dans le milieu où on naîtra, c'est la volonté personnelle qui est impliquée. Et c'est précisément cette volonté personnelle à laquelle il faudra ensuite renoncer dans le sens que désormais, on ne fera plus la sienne mais celle du Père comme Jésus lui-même l'a si bien démontré en disant : "Père, ... que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite." (Luc 22:42).

Puisque par la volonté du Père, Jésus est devenu "le chemin, la vérité et la vie", c'est lui qu'il faudra suivre "partout où il va" (Jean 14:6; Apocalypse 14:4-5). Renoncer à soi signifie ne plus vivre égoïstement pour soi :

Citation :

7 En effet, nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. 8 Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur, Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. 9 Car Christ est mort et il est revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants (Romains 14:7-9)

Vivre désormais pour le Seigneur, c'est aussi accepter chaque jour "sa croix" - c'est donc accepter les épreuves auxquelles nous sommes soumis et "crucifier la chair" :

Citation :

24 Ceux qui sont au Christ-Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. 25 Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit. (Galates 5:24)

Jésus est donc suivi par une armée de volontaires !

9:24 Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la sauvera.

En principe, l'instinct de conservation devrait habiter chaque être humain mais ici, il s'agit de discerner entre la vie présente et la vie future dans un monde meilleur. Le salut de notre âme passe par Jésus-Christ. Il n'y a pas de possibilité de sauver son âme en dehors de l'envoyé de Dieu mort pour nous d'une mort sacrificielle.  

Les chrétiens authentiques n'ont plus la crainte de la mort depuis que le précurseur Christ est lui-même mort fidèle :

Citation :

14 Ainsi donc, puisque ces enfants ont en commun le sang et la chair, lui aussi, pareillement, a partagé la même condition, pour réduire à rien, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable, 15 et délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient retenus dans l'esclavage toute leur vie. (Hébreux 2:14-15)

Jésus est mort fidèle à Dieu. C'est à notre tour d'être prêt à sacrifier fidèlement notre vie présente en tant que disciples de Christ et ainsi de sauver nore âme, sachant qu'on retrouvera la vie par la résurrection au temps fixé. Les adversaires trouvent étrange que les disciples de Christ soient prêts à mourir plutôt que de renier leur foi. Jésus rassure tous les fidèles en disant :

Citation :

28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne. (Matthieu 10:28)

9:25 Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ?
26 En effet quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges.

Jésus montre maintenant les conséquences qui résultent du mauvais choix fait par ceux qui rejettent le Messie ! S'il est vrai que ses paroles sont accessibles par la suite à tous les lecteurs des Évangiles, Jésus s'était adressé initialement directement à ses compatriotes juifs en leur disant qu'on ne pouvait pas servir Dieu et Mammon. À présent, il leur fait comprendre que même s'ils venaient à ériger un empire commercial mondial - donc à "gagner le monde entier" - quel gain cela leur serait-il s'ils se perdaient eux-mêmes ?

Lorsque le Messie Yéshouah ou Jésus reviendra dans sa gloire et celle de son Père accompagné de ses saints anges pour le jugement, ceux qui auront rejeté sa parole et par conséquent le Messie devront en rendre compte. Cela ne sera pas seulement le cas des membres du peuple de Dieu de l'antiquité mais également de tous ceux qui auront appris à connaître le Messie au cours des siècles jusqu'à nos jours et qui auront eu "honte de lui et de ses paroles" en faisant le mauvais choix.

9:27 Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu.

Depuis le verset 23, Jésus s'est adressé à "tous", donc à ses disciples et à la foule. Ses disciples étaient évidemment à compter parmi les croyants bien que certains l'abandonnèrent par la suite et Judas allait même le trahir et se pendre (Jean 6:52-66). Mais Jésus insista en appuyant qu'il parlait "en vérité" lorsqu'il affirma que quelques-uns de ses auditeurs présents "ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu" ou selon Marc 9:1 " ...certains qui sont ici ne feront pas l’expérience de la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venir avec puissance" et Matthieu 16:28 "... Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le fils de l’homme venant dans son royaume."

Diverses interprétations furent exprimées au cours des siècles jusqu'à nos jours sur ces paroles de Jésus :
- certains "pères de l'église" dont Chrysostome exprimèrent l'avis que ces paroles de Jésus s'accomplirent quelques jours plus tard lors de la transfiguration
- d'autres pensent que cela s'accomplira lors du retour de Jésus
- il y en a qui sont d'avis que cela se réalisa lors de la destruction de Jérusalem en l'an 70
- et d'autres encore pensent que cela se réalisa à partir de l'effusion de l'Esprit saint et la conversion des païens pour ceux qui naissent de nouveau.

(À suivre)

9:27 ... quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu. (suite)

En fait, ceux qui étaient en contact avec Jésus n'avaient-ils pas déjà "vu" le royaume de Dieu puisqu'il leur dira peu après : "le royaume est au milieu de vous" (Luc 17:21). Jésus étant le roi, par sa présence le royaume était déjà au milieu d'eux. Mais il était déjà avec ses premiers disciples peu après son baptême et il était l'héritier du trone de David dès sa naissance.

Pour pouvoir comprendre le texte qui nous occupe, nous pouvons constater que Marc est plus précis que Luc et Matthieu puisqu'il rapporte que " ...certains qui sont ici ne feront pas l’expérience de la mort avant d’avoir vu le Royaume de Dieu venir avec puissance [grec εν δυναμει en dunamei]" (Marc 9:1)

On peut donc difficilement accepter l'interprétation selon laquelle le texte de Luc 9:27 se serait accompli quelques jours plus tard lors de la transfiguration qui, il est vrai, était une vision impressionnante mais des siècles auparavant, Daniel avait déjà eu des visions impressionnantes sur le royaume de Dieu, notamment sur le Fils de l'homme qui s'avance vers l'ancien des jours pour recevoir le pouvoir royal et qui domine ensuite au milieu de ses ennemis (Daniel 7:13-14).

On ne peut pas non plus accepter l'interprétation selon laquelle le texte de Luc 9:27 s'accomplirait lors du retour de Jésus puisqu'il avait dit qu'il ne reviendrait que "longtemps après" avoir été se faire investir du pouvoir royal (Matthieu 25:14-19). Presque 2000 années se sont écoulées depuis, Jésus n'est toujours pas revenu et aucun de ceux qui étaient présents lorsque Jésus a dit au 1er siècle que "quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu" n'a vécu assez longtemps pour voir Jésus revenir !

Alors quelle est la bonne compréhension de Luc 9:27 ?

(À suivre)

9:27 ... quelques-uns de ceux qui se tiennent ici ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le royaume de Dieu. (suite et fin)

Dans les prophéties bibliques de l'AT et du NT, l'exécution du jugement divin sur la nation juive avec son temple, sa prêtrise et sa capitale ainsi que la dispersion des survivants dans le monde entier fut prédite, notamment dans Matthieu chap. 24, Marc chap 13 et Luc chap 21.

Quelques-uns des auditeurs de Jésus présents à son discours selon Luc 9:27 ont vécu assez longtemps pour voir le royaume de Dieu venir "avec puissance" (Marc 9:1) lors de la destruction de Jérusalem et de son temple en l'an 70. Il est vrai que cette fin fut visiblement provoquée par l'armée romaine mais ce n'était pas la première fois dans l'histoire du peuple de Dieu de l'antiquité que celui-ci fut discipliné et même déporté par l'intermédiaire de nations païennes (Assyrie, Babylone, etc) qui servirent d'instruments pour l'exécution des jugements divins sous la direction des anges. C'est ainsi que Jésus vint en l'an 70 avec ses anges accomplir par l'armée romaine ce qu'il avait prophétisé dans Matthieu 24, Marc 13 et Luc 21 sur Jérusalem et certains de ses auditeurs selon Luc 9:27 étaient encore en vie à ce moment-là et furent témoins des évènemets prédits.