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 Réflexion sur Dieu après la Shoah

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MessageSujet: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah EmptySam 24 Aoû 2019 - 14:26

Bonjour à tous,

Il y a longtemps, j'ai lu un livre du philosophe Hans Jonas sur la question de Dieu à l'époque contemporaine. Ce livre, qui s'inscrit dans le judéo-christianisme, proposait une réflexion sur notre manière de comprendre Dieu suite à un évènement comme la Shoah. Le livre se nomme:  Le concept de Dieu après Auschwitz. Il prend acte d'un évènement historique d'une ampleur telle que l'humanité s'est enfoncée très loin dans le mal radical. Nous savons désormais qu'il est possiblement "humain" d'exterminer plus de 6 millions de juifs et d'autres catégories de personnes (tziganes, personnes handicapées, résistants politiques, etc.), et cela selon des méthodes industrielles froides et calculées, avec une préméditation politique, administrative et technique hors du commun, dans une absence de conscience morale inquiétante. Pour les juifs et les chrétiens, ce massacre d'innocents est un évènement qui ne laisse pas indemne, puisqu'il remet sur la table à nouveau frais l'antique scandale du mal et la difficulté à concilier ce déchaînement de violence extrême avec l'existence d'un dieu, quel qu'il soit. Benoit 16, dans un discours poignant de mai 2006 à Auschwitz-Birkenau, s'était fait l'écho de ce scandale, dans la grande lignée des psaumes de lamentation :

Citation :
Pourquoi, Seigneur, es-tu resté silencieux? Pourquoi as-tu pu tolérer tout cela? C'est dans cette attitude de silence que nous nous inclinons au plus profond de notre être, face à l'innombrable foule de tous ceux qui ont souffert et qui ont été mis à mort [...]. Où était Dieu en ces jours-là? Pourquoi s'est-il tu? Comment a-t-il pu tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal? Les paroles du Psaume 44, la lamentation d'Israël qui souffre, nous viennent à l'esprit:  "...Tu nous broyas au séjour des chacals, nous couvrant de l'ombre de la mort [...] C'est pour toi qu'on nous massacre tout le jour, qu'on nous traite en moutons d'abattoir. Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur? Réveille-toi, ne rejette pas jusqu'à la fin:  Pourquoi caches-tu ta face, oublies-tu notre oppression, notre misère? Car notre âme est effondrée en la poussière, notre ventre est collé à la terre. Debout, viens à notre aide, rachète-nous en raison de ton amour!" (Ps 44, 20.23-27). Ce cri d'angoisse que, dans la souffrance, Israël élève à Dieu dans des périodes d'extrême difficulté, est en même temps le cri d'appel à l'aide de tous ceux qui, au cours de l'histoire - hier, aujourd'hui et demain - souffrent pour l'amour de Dieu, pour l'amour de la vérité et du bien; et ils sont nombreux, aujourd'hui encore.

A partir de ce problème, se pose la question de la théodicée, c'est-à-dire de la justification de Dieu face au mal. Car la question que posent Benoit 16 et Hans Jonas est bien celle-ci : le problème de la tolérance au mal et de ses limites, problème d'autant plus insistant quand le mal semble se déchaîner à tous les niveaux, sans plus aucune limites. Car le nazisme implique bien une transgression de tous les points fondamentaux du Décalogue, dans un égarement généralisé de plusieurs millions de personnes, sur le plan à la fois collectif et individuel : l’idolâtrie (fascination et obéissance absolue pour le Parti, par exemple); le meurtre collectif; le mensonge collectif et généralisé (la propagande); le vol des biens des juifs, jusque sur leur cadavre; les bordels de femmes prisonnières pour la satisfaction des nazis au quotidien, etc. Le problème de la Shoah viole autant notre sensibilité que notre intelligence, et la foi ne peut pas délibérément passer cela sous silence en invoquant des réponses toutes faites.


Face à ce gouffre de violence, je me souviens qu'Hans Jonas propose une méditation intéressante sur les attributs de Dieu, méditation qui cherche à approfondir notre compréhension de Dieu et de sa nature, tant sur le plan purement intellectuel que sur le plan de la foi.
L'auteur pose une sorte d'énigme à résoudre et qui donne à penser. La voici :

Spontanément, on a tendance à donner trois attributs à Dieu : la toute-puissance, la bonté absolue et l'existence. Dieu existe, il est nécessairement bon 'ce n'est pas un Dieu pervers), et sa puissance créatrice dépasse infiniment toutes les puissances puisqu'il est le Créateur de l'univers en personne. Sans même définir ces notions, et en se plaçant uniquement sur un plan intuitif et immédiat, nous semblons bien nous représenter Dieu ainsi, et notamment dans la longue tradition judéo-chrétienne. Donc, ces trois attributs doivent aller ensemble et faire partie de Dieu en même temps. Mais un problème se pose quand on met en rapport ces trois attributs avec le scandale de la Shoah :
-1) Si Dieu existe et qu'il est Tout puissant, il peut tout et rien ne lui est impossible. Dans ce cas, il ne peut pas être absolument bon, car on ne voit pas comment il aurait pu tolérer la Shoah.
-2) Si Dieu est absolument bon et Tout puissant, alors c'est qu'il n'existe pas, car s'il existait, il aurait utilisé sa puissance pour empêcher la Shoah.
-3)  Si Dieu est absolument bon et qu'il existe, alors il n'est pas Tout puissant, sinon il n'aurait pas permis que la Shoah se produise.

On voit qu'il n'est pas possible de mettre ensemble ces trois attributs sans choquer notre intelligence et notre sens moral spontané. Et soit Dieu est bon mais impuissant à combattre le mal dans le monde, soit il est tout puissant mais douteux quant à sa bonté, soit il n'existe pas, tout simplement.

Hans Jonas orientera sa réflexion sur la notion ambiguë de "toute puissance" de Dieu. Pour lui, comme pour moi d'ailleurs, le nœud du problème est là : comment comprenons-nous la puissance de Dieu? Comme celle d'un roi plein de force et interventionniste? Comme la puissance de l'amour, puissance fragile face à la liberté humaine car elle n'est pas un pouvoir contraignant mais une libre acceptation? De fait, le défi du mal qui se pose à tout homme éprouve nos opinions sur ce qu'on appelle la toute puissance divine.

Par cet exercice, qui n'est pas un simple jeu de jonglage avec des concepts, mais une réflexion sérieuse sur la foi que les victimes juives et chrétiennes de la Shoah ont sans doute éprouvées dans leur chair, Hans Jonas nous invite à mieux comprendre ce que la Bible entend par la puissance de Dieu, loin de certaines notions qui se représentent un Dieu sur le modèle du pouvoir et de la force. Toute une théologie contemporaine tâchera de distinguer soigneusement le Pouvoir et la Puissance, et d'éviter de colorer notre idée de Dieu d'une conception très humaine du pouvoir. A partir de cet exercice, il est très enrichissant de relire les versets du Psaume 44 cités par Benoit 16 dans le texte que j'ai inséré plus haut.

Je livre cet exercice à tous ceux qui se retrouvent sur ce forum et qui voudront bien méditer là-dessus.

Amitiés.

B.
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Gégé2
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MessageSujet: Re: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah EmptyDim 25 Aoû 2019 - 15:44

Bonjour B.
Après avoir pris connaissance de ce que tu as mis en ligne concernant  la catastrophe industriellement organisée par des créatures pensantes  intelligentes ,est en soit un acte incompréhensible ,en accuser Dieu me semble tout aussi irresponsable. 
Certains émettent  que les attributs de Dieu lui aurait permit d'éviter un tel carnage ce sont souvent les mêmes qui objectent que Dieu ne peut exister puisqu'il  n'empêche pas le mal  .
Il est vrai que Dieu est tout puissant  ce qui implique sa capacité a connaitre a l'avance ce qui doit arriver ,
Citation :
Dès le commencement, j’annonce la fin, et depuis longtemps, ce qui n’est pas accompli. Je dis : « Mon projet tiendra ; tout mon désir, je l’accomplirai. » (Isaïe 46:10) 
 Il ressort de ce texte que Dieu, a un projet , il sait donc a l'avance ce qui vas arriver ,donc rien ni personne ne peut entraver son projet  ,des le commencement  il a annoncer a son adversaire  le Diable  que celui -ci finirai la tête écraser par la postérité  de la femme Genèse 3:15) 
 Il aurait put écraser immédiatement  la tête du serpent  cependant  personne n'en aurai compris le sens, aussi il fallait donc que  subsiste le malfaiteur pour comprendre l'issue de son action,ce serait a ce moment la que la justice de Dieu pouvait entrer en œuvre .
La justice préventive a donc des inconvénients,c'est pourquoi Dieu laisse subsister le méchant pour donner un jugement qui fasse juriste prudence .
Dieu aurait très bien pu détruire l'homme  avant qu'ils ne se reproduisent ainsi il n'y aurait eu sur terre  aucun crime ,aucune chose mauvaise ,
seulement dans l'esprit des anges un sentiment  du justice radicale,laissant plané des doutes sur son efficacité et sur l'attribut principal de Dieu l'amour.
Pour donner un exemple  a notre niveau,prenons le cas d'une personne  qui se met a fumer  Dieu  peut préventivement  l'en empêcher en lui enlevant la cigarette des doigts ,comment cela sera t-il vu ,par le pseudo fumeur :
Comme une atteinte a sa liberté? 
comme une injustice? 
comme un acte d'autorité ,l'empêchant d'accéder au plaisir? 
C'est vrai ,c'est loin d'un génocide a l'échelle mondiale,mais c'est tout de même la démonstration que pour Dieu l'action de sa puissance, de sa justice ,passe par la mise en œuvre de la justice de l'amour et de la sagesse,c'est a la créature de comprendre la volonté de Dieu ,de la mettre en œuvre pour lui même et de s'intégrer dans la suite proposée par la sagesse  de Dieu 
Citation :
Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur, Saint d’Israël : Je suis le Seigneur ton Dieu, je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin où tu marches. (Isaïe 48:17) 
La notion du libre arbitre  laisse a l'homme une liberté a laquelle Dieu ne peut contre venir Dieu offre a l'homme la possibilité de se construire a son image s'il ne tient pas compte des conseils  il en est l'unique responsable 
Citation :
 Ainsi donc, chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. (Romains 14:12) 
De fait  comment des millions d'hommes ayant une conscience  des sentiments ,peuvent -ils par un effet de groupe  commettent un crime  de l'ampleur de Shoah ,mais non seulement des l'ampleur  des deux guerres mondiales ,et de toutes les abominations commises  depuis le début de l'humanité ,la mort d'Abel en est un exemple ,peut-on en charger Dieu ,
Par quel mesure ceux qui accusent Dieu pensent -ils pouvoir empêcher ces malheurs?
Faut - il détruire tous ceux dont les  intentions sont mauvaises ?
Pour cela il faudra inventer un détecteur  de pensée .

nous en sommes pas loin   affraid    mais serait-ce humainement réalisable ,ni de bon aloi!
En ce qui concerne  Dieu nous pouvons être sur qu'il ne restera pas sans réaction !

Citation :
Il a fixé une date où il jugera selon la justice toute la terre habitée ; pour cela il aura recours à un homme choisi par lui, que tous reconnaîtront de façon sûre, car il l’a ressuscité des morts. » (Actes 17:31) 
Le jour du jugement est donc fixé,il ne sera pas en retard 
Amicalement gg

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MessageSujet: Re: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah EmptyDim 25 Aoû 2019 - 20:00

Bonjour Gégé, bonjour à tout le monde,

Au delà d'un désaccord d'ordre intellectuel ou interprétatif, il semblerait que ce qui nous "sépare" est lié à une manière de vivre sa foi, ce qui ne me dérange pas par ailleurs, car ça n'enlève pas la possibilité de communier.
Le mal est un vrai défi, et je trouve toujours intéressant d'en parler, car ça permet d'aller droit au but, là où la foi se joue, dans le vif de l'existence.

Citation :
Gégé a écrit :
Après avoir pris connaissance de ce que tu as mis en ligne concernant  la catastrophe industriellement organisée par des créatures pensantes  intelligentes ,est en soit un acte incompréhensible ,en accuser Dieu me semble tout aussi irresponsable. 
Certains émettent  que les attributs de Dieu lui aurait permit d'éviter un tel carnage ce sont souvent les mêmes qui objectent que Dieu ne peut exister puisqu'il  n'empêche pas le mal  .
Il est vrai que Dieu est tout puissant  ce qui implique sa capacité a connaitre a l'avance ce qui doit arriver ,



L'acte "d'accuser" Dieu est encore une manière de se rapporter à Dieu et d'entretenir un rapport avec lui. Ce qu'il y a de magnifique dans la Bible, c'est que plusieurs textes, notamment des textes de lamentations, ouvrent un espace d'expression pour cela. C'est ce qui fait que ce Livre est unique en son genre, et qu'il est à même d'exprimer tout un spectre de souffrance humaine devant le réel, et voilà pourquoi des athées comme des croyants peuvent s'y retrouver. Le psaume cité par Benoît 16 est clairement dans cette catégorie : si on l'écoute attentivement, on y entend une révolte devant la souffrance, une incompréhension devant les finalités de la création, car le mal radical et la souffrance extrême, c'est précisément ce qui vient briser le sens et la cohérence installée de nos croyances, c'est ce qui ne manque jamais de remettre en cause Dieu et la vie, car il s'agit bien d'une destruction radicale. Cette expérience fait partie intégrante de l'expérience de la foi, et c'est pourquoi la Bible laisse parler cette révolte, ce qui lui donne une profondeur sans précédent. Le psaume cité par l'ex pape est une révolte et un appel, et on n'est pas loin de l'accusation. Je ne crois pas que cela soit "irresponsable", bien au contraire, car la foi doit être, par sa compassion et sa lucidité, à l'écoute de cette révolte qui émerge de la souffrance extrême. Car c'est là, à mon sens, que la foi peut revenir à elle-même et se donner dans un acte de confiance et de réconciliation, remettant sa vie dans la puissance de l'amour malgré le chaos du réel qui se défait sous nos yeux. Continuer à avoir foi dans un Dieu-Amour qui vaincra le monde malgré les apparences d'un réel récalcitrant. Il n'y a rien de plus beau, et on voit bien là que la foi est un don reçu et une offrande de soi à Dieu, et ce dans la confiance.
Là aussi, se pose la question de la Toute puissance de Dieu, et du sens qu'on donne à cette idée, qui est essentielle tout autant que dangereuse pour penser Dieu. Le mal pose réellement la question suivante : qui est Dieu?

Citation :
Gégé a écrit :
Il ressort de ce texte que Dieu, a un projet , il sait donc a l'avance ce qui vas arriver ,donc rien ni personne ne peut entraver son projet  ,des le commencement  il a annoncer a son adversaire  le Diable  que celui -ci finirai la tête écraser par la postérité  de la femme Genèse 3:15) 
 Il aurait put écraser immédiatement  la tête du serpent  cependant  personne n'en aurai compris le sens, aussi il fallait donc que  subsiste le malfaiteur pour comprendre l'issue de son action,ce serait a ce moment la que la justice de Dieu pouvait entrer en œuvre .
La justice préventive a donc des inconvénients,c'est pourquoi Dieu laisse subsister le méchant pour donner un jugement qui fasse juriste prudence

C'est sur ce point que je ne suis pas d'accord. Tout dépend comment on interprète les textes et la notion de toute puissance. Je n'ai pas vraiment l'idée d'un Dieu qui calcule une justice préventive, et qui aurait pu faire autrement les choses, acceptant des "inconvénients". Car l'inconvénient en question, c'est la Shoah, et je ne m'imagine pas dire une chose pareille devant un juif qui va à l'abattoir : "il y aurait des inconvénients dans le plan de Dieu, et malheureusement tu en fait partie". Je sais que ce n'est pas ce que tu veux dire, mais, néanmoins, je me retrouve plus dans l'attitude de Benoit 16, qui est une attitude de recueillement et de questionnement dans le silence de ces camps d'horreurs. La foi doit prendre avec elle et écouter ce silence qui crie à nos oreilles la souffrance de ces millions d'innocents exécutés, enfants y compris. La foi, en ce sens, est comme une mère qui patiente et écoute la douleur de son fils, même si ce fils injurie Dieu et la création en raison de sa souffrance illégitime. La foi doit partager la même question que l'athée dans cet évènement du mal radical, en se demandant : pourquoi? Je ne vois pas comment un plan de Dieu pourrait résister à la mort d'un enfant gazé, affirmant que Dieu aurait pu faire autrement en écrasant la tête du serpent dès le début, mais que son plan était tout autre pour X raisons.
Ma méthode, pour appréhender ces évènements, c'est de me demander si les justifications que je donne au mal pourraient être audibles et acceptables par un enfant innocent qui subit la pire des injustices et des tortures. C'est un test, et je me demande si je peux décemment exposer des explications devant un innocent martyrisé. Et là mes justifications me laissent souvent perplexe, et l'écoute prend la place de la théorie. Je constate une chose : il y a quelque chose de profond dans la création qui résiste à l'Amour de Dieu, une force déicide, et je ne suis pas certain que Dieu ait la mainmise dessus dans le présent cas... C'est ici que la foi tutoie le silence et n'a pas d'autre attitude à adopter que le recueillement intérieur et la prière humble devant Dieu. Ainsi peut se lever l'espérance qui distingue le chrétien de l'athée, ce dernier ayant de bonnes chances de tomber dans le désespoir devant l'atrocité de ce genre d'évènements (et on a de bonnes raisons de le comprendre). Le mal, à mon sens, n'est pas un problème qu'on peut régler et surmonter, mais une énigme à éprouver jusqu'au bout.

Cette épreuve, Jésus l'a lui-même vécu, quand sur la croix il reprend un psaume de lamentation (le psaume 22) :

Citation :
Évangile de Matthieu, 27 : 46 :


46 Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : Éli, Éli, lama sabachthani ? c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

Ici, Jésus ne donne pas d'explications, et on est à la pointe de la souffrance absurde et inexplicable ( Jean, 15 : 25 : "Ils m'ont haï sans raison"). Ici Jésus n'explique rien, mais communie avec les plaintes d'Israël devant l'impitoyable destin de innocent en ce monde. Ce sentiment d'abandon, c'est aussi un rapport à Dieu qui travaille la foi de l'intérieur, et c'est précisément ce qui fait que la foi est ce qu'elle est : une confiance aimante au cœur de la débâcle. Jésus nous donne une leçon de vie : oui, il est le sens des Écritures, oui, il en accomplit le sens et on peut à juste titre penser les fins dernières et la réconciliation finale, mais quand on est à la pointe extrême de la violence et de son absurdité, le Logos en personne, celui qui s'est fait chair et a habité parmi les hommes, ce Logos-là cesse de justifier pour en venir à implorer au fond de sa misère un Dieu silencieux et absent.


C'est dans cette attitude d'écoute que les psaumes nous mettent, nous invitant à prendre du recul sur les "plans de Dieu", et à reconsidérer la souffrance des hommes. Je crains toujours que la souffrance soit étouffée et ensevelie sous les justification théologiques appuyées sur une certaine lecture de la Bible. C'est précisément ce que nous montre le livre de Job, où l'on voit des théologiens expliquer la souffrance de Job à l'aide des intentions de Dieu, d'une justice calculée et d'un dessein préétabli, etc., ce qui les rend sourds aux cris de Job, qui subit sous leurs yeux un mal sans raison qui demeure inexplicable et déchire la vie en son cœur. Car Job est innocent. Et que des innocents puissent périr pour rien, voilà un mystère que la foi se doit d'écouter et de questionner. Je ne suis pas certain qu'il y ait de réponse définitive, et c'est sans doute là que la foi se maintient malgré cette résistance insondable de la création devant l'amour de Dieu, devenant d'autant plus profonde qu'elle se pare de la plus belle des qualités humaines : la fidélité dans la confiance, malgré tout.


Amicalement et respectueusement,

B.
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MessageSujet: Re: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah EmptyLun 26 Aoû 2019 - 11:29

Bonjour B. , 
Voila ,un discours rassembleur il  s'élève , par dessus  
les désaccords pour autant  qu'ils existent , mais avec eux s'élèvent ,un ardent  désir de conciliation ,lequel mis en œuvre fera que (l'esprit aidant) ,se confondent  dans la voie extraordinaire désigner par Paul
Citation :
Pourtant vous devez ambitionner les charismes les plus élevés, et même je voudrais vous montrer le chemin par excellence. (1 Corinthiens 12:31) 
En effet ,c'est l'amour dans sa plus grande définition qui peut nous aider, a surmonter ce qui est insurmontable  est au dessus de tout ce que l'esprit humain est en mesure de saisir (hors la Shoah dépasse de loin ce cadre ) 
 Tu cites la foi ,comme moyen de surpassement ,s'en est un Paul dans la mesure ou nous en saisissons toute la dimension, en effet la foi se nourrit de la connaissance,  de l'expérience, et de l'espérance , accompagné du fruit de l'esprit qui est la paix ,elle
certainement un élément de dépassement de tout l'horreur,qui fut le fruit  de la bêtise ,de l'ignorance ,de la dépendance.
Paul l'écrit :

Citation :
Ne vous inquiétez de rien ; mais, en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes.Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus. Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées ; (Philippiens 4: 6,   7  , 8     
C'est un fait l'horreur d'un évènement  insupportable ne peut-être compris par la raison ,il reste comme une marque indélébile  dans notre esprit ,notre cœur en saigne ,cependant  nous avons  par la foi mis en œuvre le moyen de nous approcher du pére  qui est lui peut nous apportez la consolation ,et surtout l'espérance  par le moyen des promesses qui assurent  un temps ou tout deviendra clair  et tout les mots seront effacés

Citation :
Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. ……………………….Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. (Apocalypse 21: 1 et 4)
 La foi et la concrétisation intellectuel de cette vérité qui se situe dans l'avenir c'est elle qui nourrit notre espérance malgré les sources de malédiction qui entourent le cheminement humain 
qui nous est proposé.
C'est ce qu'affirme l'auteur de la lettre aux Hébreux:

Citation :
Cette espérance est pour nous comme l’ancre de notre vie, sûre et solide. Elle pénètre, par-delà le rideau, dans le lieu très-saint (Hébreux 6:19

La vie ,est ponctuée d'évènements imprévus  et imprévisibles
ils impactent la conscience  et l'esprit de ceux qui les vivent  mais aussi de ceux qui en prennent connaissance ,il est clair que l'on sort pas du feu sans quelques brulures ,et avec une désagréable  odeur de fumée.
L'air pur respirer a plein poumon nous aidera a faire l'impasse sur ces moments désagréables ,c'est le même rôle  que joue la foi ,et l'espérance.
Fraternellement gg

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MessageSujet: Re: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah EmptyMar 27 Aoû 2019 - 8:41

B.
Citation :
la fidélité dans la confiance, malgré tout.


Juste un texte d' Etty Hillesum tiré de son journal qu'elle tenait à Auschwitz où elle est morte en 1943 :

Citation :

« Oui, mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier une situation finalement indissociable de cette vie. Je ne t’en demande pas compte, c’est à toi au contraire de nous appeler à rendre des comptes, un jour. Il m’apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous… »

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MessageSujet: Re: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah EmptySam 31 Aoû 2019 - 19:29

Bonjour Mimarie,

J'ai croisé cet auteur dans mes lectures. Le passage que vous citez, j'y souscris de A à Z. On ne pouvait pas taper plus dans le mile sur le sujet que j'ai ouvert. Je crois qu'elle a condensé en peu de mots ce que j'ai essayé de dire en beaucoup de paragraphes. C'est l'art des génies.

Merci pour cette citation.

Amitiés.

B.
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MessageSujet: Re: Réflexion sur Dieu après la Shoah   Réflexion sur Dieu après la Shoah Empty

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