Que pense Dieu des chrétiens qui restent dans l’organisation de la Watchtower pour leur famille ?Parmi les Témoins de Jéhovah, certains ont compris que la Watchtower les maintenait dans le mensonge doctrinal et qu’elle figure parmi les faux prophètes contre lesquels le Christ a mis plusieurs fois ses disciples en garde (Matthieu 24:4-5, 11, 23-26). Très souvent, ceux-ci se retrouvent dans une situation moralement et psychologiquement éprouvante, également annoncée par jésus :
- Citation :
- “ Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre: ma mission n'est pas d'apporter la paix, mais l'épée. Oui, je suis venu opposer le fils à son père, la fille à sa mère, la belle-fille à sa belle-mère: on aura pour ennemis les membres de sa propre famille. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. ” – Matthieu 10:34-37, Semeur
En raison des conséquences douloureuses de l’excommunication, pratique héritée des pharisiens et à laquelle s’exposent ceux qui, tout en restant attachés à Dieu et à sa Parole, n’ont plus aucune confiance en la Watchtower, ces frères chrétiens sont pris en otage :
S’ils concrétisent leur désir de ne plus soutenir cette organisation pour laquelle ils ont sacrifié une importante partie de leur vie, la perspective d’une rupture dramatique plane alors sur leur équilibre vital : conjoint, enfants, parents, famille, amis, collègues de travail coreligionnaires, c’est tout leur tissu affectif et social qui menace de se déchirer.
Divorce, éloignement des enfants, désaveu familial, perte du travail, sont quelques-unes des situations auxquelles ils pourraient être confrontés, en raison de la manipulation mentale dont l’ensemble des Témoins sont victimes, convaincus qu’ils plaisent à Dieu en rejetant leurs proches qui, en réalité ne représentent un danger que pour la crédibilité et l’honorabilité apparente de la Watchtower. Ainsi isolés et fragilisés, certains de ces compagnons tombent dans une dépression grave qui conduit parfois au suicide.
Un certain nombre de parents Témoins choisissent également de cacher leur nouvelle liberté de pensée à la congrégation pour préserver un environnement relativement sécurisant pour leurs enfants, qui, souvent, y ont aussi leurs seuls amis. La période de l’adolescence, propice aux conflits, est particulièrement délicate : par défi, le zèle de certains ados peut s’exacerber au profit de la Watchtower, leur victimisation étant alors confortée par les adeptes avec qui les liens spirituels prévalent sur les liens familiaux, en vertu d’une interprétation détournée de l’avertissement de Jésus cité plus haut :
- Citation :
- “ Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. ” - Matthieu 10:37, Semeur
Replacées dans leur contexte, les paroles du Christ retrouvent leur sens exact :
- Citation :
- “ Tout homme donc qui confesse devant les hommes qu’il est en union avec moi, je confesserai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux que je suis en union avec lui ; mais celui qui me renie devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux. ” (Matthieu 10:32-33, TMN)
Comme on peut le déduire des déclarations-mêmes de la Watchtower, renier le Christ est un acte fondamentalement différent de celui qui consiste à abandonner les ‘croyances spécifiques des Témoins’ :
- Citation :
- « Pourquoi les Témoins de Jéhovah ont-ils exclu (excommunié) pour apostasie des personnes qui pourtant affirment croire en Dieu, à la Bible et en Jésus Christ? (…) Il est évident que pour être un compagnon agréé des Témoins de Jéhovah, il ne suffit pas de croire en Dieu, à la Bible, en Jésus Christ, etc. (…) Pour être accepté comme un compagnon agréé des Témoins de Jéhovah, il faut adhérer à l’ensemble des vérités bibliques, y compris aux croyances basées sur les Écritures qui sont spécifiques des Témoins. » - Tour de Garde 1986 1/4 p. 31 - Questions des lecteurs
En réalité, les chrétiens qui quittent chaque année la Watchtower, officiellement ou secrètement, en raison même de la nature de ces « croyances spécifiques » dont ils ont compris qu’elles dénaturent dangereusement l’enseignement authentique du Christ, ne sont pas des cas exceptionnels.
Comme on l’a dit plus haut, un certain nombre d’entre eux “ quittent ” également cette organisation par l’esprit et le cœur, conscients du dilemme moral dans lequel ils se trouvent auprès des membres de leur famille et de leurs amis.
Que peut penser Dieu de leur position ? Devraient-ils se sentir encore complices de la Watchtower, malgré eux?La situation inconfortable de ces Témoins n’est pas sans rappeler celle vécue par des fidèles du passé. Parmi eux figure Nicodème. Traversant l’Evangile de Jean du début à la fin, Nicodème est un Pharisien qui connaît parfaitement les Saintes Écritures et les enseigne au peuple juif. Son savoir et son autorité ne l’ont pas rendu imbu de sa personne ni dogmatique, contrairement à nombre de ses pairs. Pour preuve, on le trouve au tout début du ministère de Jésus attentif à son enseignement, après avoir préalablement reconnu en lui le Messie envoyé par Dieu :
- Citation :
- “ Maître, nous savons que c’est Dieu qui t’a envoyé pour nous enseigner car personne ne saurait accomplir les signes miraculeux que tu fais si Dieu n’était pas avec lui. ” (Jean 3:2, Bible du Semeur)
Nicodème sait qu’il prend des risques : Si les autres Pharisiens avaient connaissance de son intérêt pour l’enseignement dissident de Jésus, il ne tarderait pas à perdre son statut de chef religieux et sa crédibilité en tant qu’enseignant. Il passerait en jugement devant le tribunal du Sanhedrin au sein duquel il siège habituellement et serait rapidement exclu de la synagogue et traité comme un « minim », un proscrit (cf Jean 12 :42). En conséquence, les membres de sa famille, ses amis, en fait toute sa communauté, lui tourneraient le dos et le renieraient.
On comprend pourquoi Nicodème se rend auprès de Jésus à la faveur de la nuit. Il serait bien imprudent de sa part qu’il se manifeste au vu et au su de ses compatriotes. Jésus en prend-il ombrage ? Pas du tout.
Qui plus est, il lui révèle de façon privilégiée des “ choses célestes ” et lui laisse entrevoir une nouvelle espérance, à laquelle l’application de la loi seule ne saurait lui donner accès. Qu’a ressenti Nicodème en imaginant qu’il pourrait goûter à la ‘liberté du vent’, en devenant un enfant de Dieu “ né de nouveau ” en tant qu’esprit ( Jean 3:6-8 ) ? Cette nouvelle perception de la volonté divine, fondée sur la foi et l’amour, légère comme l’air qu’on respire, contraste tellement avec tous les cérémoniels étouffants et les traditions pesantes de la religion judaïque ! Voilà qui doit remuer le cœur de notre homme et agiter ses pensées ! Un jour, c’est certain, Nicodème aura le courage de s’exposer au regard de ses coreligionnaires et de venir à la lumière en “ communion avec Dieu ” (Jean 3:21, Bible du Semeur) !
A la mort de Jésus, exécuté tel un malfaiteur, les immenses espoirs qu’il a suscités semblent s’évanouir à tout jamais ce soir-là. Ses disciples eux-mêmes sont atterrés et ébranlés. C’est pourtant dans ces circonstances que Nicodème va sortir de l’ombre et honorer publiquement celui dont il est sûr que Dieu l’a envoyé, pour le salut des hommes de foi.
Se joignant à Joseph d’Arimathée, un autre membre honorable du Sanhedrin qui a demandé à Pilate le corps de Jésus, Nicodème apporte au tombeau le couteux nécessaire pour l’embaumement, habituellement réservé aux riches, et ce en grande quantité (Jean 19:38-40). Il est probable que ce fait viendra rapidement aux oreilles des Pharisiens qui connaissent l’emplacement de la tombe (Matthieu 27:62-66).
La tradition enseigne que Nicodème deviendra un disciple du Christ par la suite, baptisé par Pierre, et qu’il sera expulsé du Sanhédrin et de Jérusalem, avant de mourir en martyr.
Nicodème a-t-il été considéré comme un complice des œuvres mauvaises du collège des Pharisiens auquel il appartenait ? A-t-il partagé leur responsabilité collective lorsqu’ils ont fomenté l’exécution de Jésus, alors qu’il savait qu’ils condamnaient un innocent, qui plus est le Fils de Dieu ?
Bien sûr que non.La vie d’un autre personnage biblique, apparemment secondaire dans le drame qui se jouait autour de David, peut nous apporter des éclaircissements dans la question soulevée en introduction.
Jonathan (Yonathân dans la Traduction du Monde Nouveau) est connu pour la belle amitié qui l’unissait au jeune David, l’ennemi juré de son propre père. Saül n’a pas mis longtemps à s’apercevoir que son fils protégeait David de la mort à laquelle il le vouait. Tant et si bien que Jonathan eut des raisons de craindre pour sa vie-même :
- Citation :
- “ Alors Saül se mit en colère contre Jonathan et lui cria: “ Fils de chienne, fils de rebelle! Crois-tu que je ne sais pas que tu as pris parti pour le fils d'Isaï [Jessé], à ta honte et à celle de ta mère? Aussi longtemps que le fils d'Isaï [Jessé] sera en vie, tu ne pourras pas t'imposer ni établir ta royauté. C'est pourquoi, fais-le chercher et ordonne qu'on me l'amène sans retard, car il mérite la mort. ”Jonathan répliqua à Saül son père: “ Pourquoi devrait-il mourir? Qu'a-t-il fait? ”
Alors Saül brandit sa lance contre lui pour le frapper. Jonathan comprit que son père avait fermement décidé de faire mourir David. Il se leva de table dans une grande colère et ne mangea rien ce jour-là, car il était trop affligé à cause de la manière injurieuse dont son père avait traité David. ” - 1 Samuel 20:20-34, Semeur.
S’il est vraisemblable que Jonathan n’a jamais accompagné son père dans ses expéditions punitives contre David, on peut se demander en revanche pourquoi il n’a pas rallié les troupes rebelles de son jeune ami, sachant que Dieu était avec lui et qu’il prendrait sous peu le trône d’Israël (1Samuel 20:13 ; 23:16-19).On peut trouver deux explications dans le récit biblique.
Premièrement, en restant dans la maison royale, Jonathan était à même de protéger David en l’avertissant des projets funestes de son père :
- Citation :
- “ Il n'est pas question que tu meures. Mon père n'entreprend rien sans m'en parler, qu'il s'agisse d'une affaire importante ou d'une petite chose… Si je constate que mon père a véritablement résolu ta perte, je te jure que je t'en informerai…. Par l'Eternel, le Dieu d'Israël, je te promets que demain ou après-demain, à cette heure-ci, j'essaierai de savoir quelles sont les dispositions de mon père à ton égard. Si elles te sont favorables, je te le ferai savoir. Mais si mon père veut te nuire, alors que l'Eternel me punisse très sévèrement si je ne t'en informe pas! Dans ce cas, je te ferai partir et tu iras en paix. ” – 1 Samuel 20:2, 9, 12-13, Semeur.
Une deuxième raison se dégage de la suite des paroles de Jonathan par lesquelles il fit prêter serment à David :
- Citation :
- “ Plus tard, si je suis encore en vie, agis envers moi avec la bienveillance à laquelle tu t'es engagé devant l'Eternel. Et si je viens à mourir, tu ne cesseras jamais d'agir avec bienveillance envers les membres de ma famille - même lorsque l'Eternel aura fait disparaître tous tes ennemis sans exception de la surface de la terre. ”
Jonathan se souciait des membres de sa famille. Il ne pouvait les abandonner à leur sort entre les mains de Saül en combattant aux côtés de David. Il ne pouvait pas non plus les livrer à l’ostracisme en s’affichant ouvertement comme un rebelle à la royauté de son père. Même s’il souffrait de cette situation injuste (1 Samuel 20:34), il devait attendre patiemment que Dieu établisse des conditions plus favorables en éliminant les ennemis de David, parmi lesquels son propre père.
Nombre de Témoins se retrouveront en Jonathan. Comme lui, ils doivent constamment agir avec beaucoup de prudence pour ne pas dévoiler leurs véritables sentiments vis-à-vis de la louve Watchtower (Matthieu 10:16), qui a pris le pouvoir sur les esprits des Témoins. Très souvent, ils n’ont d’autre choix que d’exercer la patience face aux injustices et aux mensonges auxquels ils assistent bien malgré eux au sein de l’organisation que les Témoins considèrent comme leur mère. Et s’ils endurent ces choses, jour après jour, mois après mois, c’est aussi en pensant à leur famille, à leurs parents, à leurs enfants, qu’ils veulent protéger des conséquences de la politique cruelle de leurs chefs religieux.
Que pense donc Dieu de ces fidèles chrétiens de l’ombre qui restent officiellement Témoins de Jéhovah pour toutes ces raisons ? - Citation :
- “ Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, en particulier des membres de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu’un incroyant. ” ( 1 Thimothée 5:8 )
“ Voici quelle est la religion sincère et sans reproche aux yeux de Dieu notre Père : prendre soin des orphelins et des veuves en détresse et ne pas se laisser contaminer par le monde. ” (Jacques 1:27, Bible des Peuples)
Voilà pourquoi ils n’ont absolument aucune raison de se culpabiliser, ni de s’inquiéter du regard que Dieu et Christ portent sur eux. Tout au contraire, ils peuvent avoir l’assurance qu’ils observent avec émotion leur endurance et leur courage face aux dangers leur venant de leurs coreligionnaires et “ parmi les prétendus frères ” (2 Corinthiens 11:26, Jérusalem).
A l’insu des Témoins auprès desquels ils continuent de servir Dieu, une porte dérobée s’est ouverte pour ces chrétiens, celle que le Christ nous ouvre à tous :
- Citation :
- “ Vraiment, je vous l’assure: je suis la porte par où passent les brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi étaient des voleurs et des brigands. Mais les brebis ne les ont pas écoutés. C’est moi qui suis la porte. Celui qui entre par moi sera sauvé: il pourra aller et venir librement, il trouvera de quoi se nourrir. ” (Jean 10:7-9, Semeur)
Puissent donc nos chers compagnons être assurés de notre profonde affection et de tout l’amour que leur portent le Fils et le Père, en s’inspirant des sentiments qu’ont dû éprouver les chrétiens de Philadelphie d’entendre ces paroles du Seigneur :
- Citation :
- “ Je connais ta conduite: voici, j'ai ouvert devant toi une porte que nul ne peut fermer, et, disposant pourtant de peu de puissance, tu as gardé ma parole sans renier mon nom. Voici, je forcerai ceux de la Synagogue de Satan — ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs —, oui, je les forcerai à venir se prosterner devant tes pieds, à reconnaître que je t'ai aimé. ” (Apocalypse 3:9, Jérusalem)
A des amis chers, qui se reconnaîtront,
Nicodème