Marc chap 10

38 Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ? »
39 Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez, et du baptême dont je vais être baptisé, vous serez baptisés.
40 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder : ce sera donné à ceux pour qui cela est préparé. »

La demande des disciples Jean et Jacques  ( via  leur mère Salomé )  part certainement de bons sentiments  , le désir de partager la gloire de Jesus  , d'être le plus proche de lui à sa droite et à sa gauche  ( ce qui laisse peu de place pour les autres disciples )

Malgré tout Jésus reste à l'écoute ,  il  attire  l'attention  sur la difficulté  qu'il faudra parcourir pour accéder  à la présence royale de Christ. C'est le sens de la question posée par Jesus  ... :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ? »

Ce que Jésus souligne, c'est l'ignorance que comporte une telle demande. Pour  parvenir à la position souhaitée , il leur faudra  " Boire la coupe" de Jésus. Certes, ils sont prêts à le faire  ...! Cependant , ils en ignorent le contenu.
Aussi loin de les décourager, Jesus affirme : " Cette coupe , vous la boirez "
("Sous entendu c'est la seule voie  pour parvenir  au royaume ")

Cependant, Jésus remet les choses en place , soulignant  qu'il ne lui appartient pas de distribuer  des privilèges particuliers , chacun devant se qualifier pour affermir son appel et son élection, entre les deux il y a une coupe à boire  et un baptême à recevoir.  Ce faisant, Jésus établit un principe :

Citation :

Le disciple n'est pas supérieur au maître, ni le serviteur supérieur à son seigneur. (Matthieu 10:24)           

10:41 Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
42 Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez, ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination.
43 Il n’en est pas ainsi parmi vous. ... »

Les dix autres se mirent à s'indigner contre les deux qui voulaient avoir les meilleures places dans le royaume de Dieu ! Étaient-ils meilleurs qu'eux ?  

Jésus vit la nécessité de les enseigner une fois de plus sur le royaume de Dieu que les apôtres dégradaient sans s'en rendre compte au niveau des royaumes de ce monde. Il prit donc ces royaumes-là comme illustration pour rappeler avec simplicité comment ils fonctionnent. En disant "Vous le savez ...", Jèsus va leur dire quelque chose que tout le monde sait : que les empereurs, les rois et les autres grands des nations tiennent leurs peuples "sous leur pouvoir et ... sous leur domination."

Jésus leur explique calmement qu'ils ont une mauvaise conception du royaume de Dieu. Dans peu de temps, il dira au gouverneur romain Pilate qui l'interrogera :

Citation :

"Mon royaume n'est pas de ce monde ...   Pilate lui dit: «Tu es donc roi?» Jésus répondit: «Tu le dis, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité. Toute personne qui est de la vérité écoute ma voix." (Jean 18:36-37)

Jésus reconnaissait l'autorité de l'empire romain, il déclara même à ceux qui lui demandaient s'il fallait payer ou non l'impôt à César : "Rendez les choses de César à César, mais les choses de Dieu à Dieu." (Marc 12:17).

Dans ce monde, les apôtres ne seraient pas en vue aux côtés de Jésus dans un royaume terrestre à Jérusalem qu'ils attendaient dans l'immédiat, même après la résurrection de Jésus :

Citation :

6 Ceux qui étaient réunis auprès de Jésus lui demandèrent alors : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétabliras le royaume d'Israël ? » 7 Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de savoir quand viendront les temps et les moments, car le Père les a fixés de sa seule autorité. 8 Mais vous recevrez une force quand le Saint-Esprit descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout du monde. ( Actes 1:6-8 )

Le moment n'était donc pas venu pour les apôtres d'exercer le pouvoir et la domination comme les grands de ce monde, ce que Jésus précise bien en leur disant :
"Il n’en est pas ainsi parmi vous ..."

10:43 ... Au contraire, si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur.
44 Et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous.
45 Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir ... »

Jésus inverse "la grandeur" des "grands" chez les nations par "le service" rendu par le "serviteur" (grec diákonos) chrétien à son entourage ! La grandeur dans le royaume de Dieu est donc mesurée à la promptitude et à l'étendue du service rendu "parmi vous", donc dans le cadre du peuple de Dieu.

Jésus aborde maintenant la place du "premier" parmi "les grands" du royaume ! Pour atteindre cette position "parmi vous", il faut devenir "l'esclave" (grec doulos) de tous. L'esclave est le plus humble et le plus modeste de tous les serviteurs de la maison qui sert sans rechercher l'honneur. La véritable "grandeur" dans le royaume est donc mesurée au degré du service rendu et non à l'autorité et l'étendue du pouvoir attribué !

Et que voyons nous dans les églises et communautés chrétiennes avec leurs hiérarchies ?

Jésus donnera finalement l'exemple le plus impressionnant en précisant qu'il était venu non pour être servi mais pour servir en allant jusqu'à donner sa vie pour le salut de ceux qui croiraient en lui. Dans la nuit précédant sa mort sacrificielle, Jésus illustra son service en lavant les pieds de ses apôtres, ce qui était généralement le devoir de l'esclave le plus vil de la maison, le dernier des derniers de tous.

Pouvait-on s'abaisser plus bas pour servir que ne l'a fait Jésus, le Fils du Dieu Tout-Puissant ?

10:45 ... et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Ce service de Jésus - donner sa vie humaine en rançon pour la multitude - ne pouvait être rendu par aucun autre être humain :

Citation :

Ils ne peuvent se libérer l'un l'autre,
Ni donner à Dieu le prix de leur rançon. ( Psaume 49:8 )

Jean-Baptiste a attiré l'attention sur Jésus comme rédempteur :

Citation :

... Jean aperçut Jésus qui se dirigeait vers lui; alors il s’écria: — Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. (Jean 1:29)

L'apôtre Paul résume très bien la rançon et à qui nous la devons :

Citation :

En effet, il y a un seul Dieu et il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes: un homme, Jésus-Christ, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous. Tel est le témoignage rendu au moment voulu (1 Timothée 2:5-6)

Hallelou-Yah !

10:46 Ils arrivèrent à Jéricho. Et lorsque Jésus en sortit avec ses disciples et une assez grande foule, un mendiant aveugle, Bartimée, fils de Timée, était assis au bord du chemin.
47 Il entendit que c'était Jésus de Nazareth et se mit à crier : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !
48 Plusieurs lui faisaient des reproches pour le faire taire ; mais il criait d'autant plus : Fils de David, aie pitié de moi !

Jésus et ses disciples ainsi qu'une assez grande foule traversèrent donc Jéricho pour se rendre à Jérusalem pour la pâque.
Que des mendiants étaient assis au bord du chemin est compréhensible car ils espéraient recevoir une aumône de ceux qui se rendaient au temple. Parmi ces mendiants se trouvait l'aveugle Bartimée, fils de Timée. Marc parle de lui avec cette précision en rapportant les faits qui se sont alors produits.

Lorsque Bartimée apprit que Jésus passait, il se mit à crier : "Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !" Bartimée savait dönc que Jésus était le fils de David et il croyait en lui puisqu'en criant "aie pitié de moi", ce n'était pas pour recevoir une aumône mais bien pour être guéri.

Le récit nous apprend qu'alors, plusieurs voulurent le faire taire - ce qui n'est pas nouveau puisqu'à une autre occasion, même les disciples voulurent empêcher des enfants de venir à Jésus.

Bartimée ne se laissa pas impressionner et, au lieu de se taire, "il criait d'autant plus : Fils de David, aie pitié de moi !"

10:49 Jésus s'arrêta et dit : Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle en lui disant : Prends courage, lève-toi, il t'appelle.
50 L'aveugle jeta son manteau, se leva d'un bond et vint vers Jésus.

L'aveugle Bartimée venait d'appeler à 2 reprises Jésus en le qualifiant de "Fils de David" ! Remarquable n'est-ce pas ? Ce que les docteurs de la loi et les Pharisiens etaient incapables d'admettre, c'est que le Messie serait "Fils de David" - donc héritier du trône - et il aurait été facile pour eux de vérifier dans les généalogies disponibles encore à l'époque que Jésus était bien né à Bethléhem comme prédit dans la prophétie de Michée :

Citation :

Et toi, Bethléhem Ephrata, qui es petite parmi les villes de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l'origine remonte loin dans le passé, à l'éternité. (Michée 5:1)

Matthieu (chap 1) et Luc (chap 3) recopieront plus tard dans leurs Évangiles ces généalogies menant à Jésus

Jésus était devenu très attentif. Il chargea ses apôtres d'appeler Bartimée auquel les disciples dirent :  "Prends courage, lève-toi, il t'appelle."
On avait déjà constaté que lorsqu'on esaya de le faire taire, Bartimée n'en appelait que plus fortement à la pitié de Jésus. À présent qu'il était appelé à venir devant Jésus, il réagit avec la même détermination en jetant promptement son manteau et en se levant "d'un bond" pour venir à Jésus.

Il y a là de quoi méditer ! Lorsque nous entendons le message relatif au Messie et Sauveur Jésus, allons-nous à sa rencontre promptement, "d'un bond" sans nous laisser empêcher par qui que ce soit pour le recouvrement de la vue spirituellement parlant ?

10:51 Jésus prit la parole et lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Rabbouni, lui dit l'aveugle, que je recouvre la vue.
52 Et Jésus lui dit : Va, ta foi t'a sauvé. Aussitôt il recouvra la vue et se mit à suivre Jésus sur le chemin.

Lorsque Jésus demande au mendiant aveugle Bartimée ce qu'il attendait de lui, il répond à Jésus en l'appelant Rabbouni. C'est plus que communément Rabbi car "Rabbouni" exprime l'excellence de l'enseignant. L'expression va bien avec "Fils de David" utilisé précédemment par Bartimée. Incontestablement, Bartimée avec la plus haute opinion de Jésus et ce qu'il exprime n'est pas de la flatterie mais traduit en paroles une connaissance étonnante de cet homme concernant Jésus car celui-ci n'était pas seulement le Messie mais le plus grand enseignant ayant marché sur la terre !

Jésus mentionne la foi de Bartimée qui était déjà présente avant sa guérison miraculeuse. La foi n'était pas toujours requise pour bénéficier d'un miracle du Messie mais lorsqu'elle était déjà évidente, Jésus en fait l'éloge. Que Bartimée recouvre la vue instantanément n'étonnera personne qui connaît déjà bien les Évangiles. Par contre, que Bartimée se mette "à suivre Jésus sur le chemin" n'est pas la règle ! Est-ce pour être en sa compagnie d'une manière durable ou temporaire, ou pour se rendre à Jérusalem pour la pâque avec le groupe des disciples ?