Luc chap 22

22:39 Après être sorti, il alla, selon sa coutume, au mont des Oliviers. Ses disciples le suivirent.
40 Arrivé à cet endroit, il leur dit : Priez, afin de ne pas entrer en tentation.
41 Puis il s'écarta d'eux d'environ un jet de pierre, se mit à genoux et pria,
42 en disant : Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. Toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite.

Après avoir célébré la Pâque avec ses disciples et instauré le Repas du Seigneur, Jésus sortit de la Chambre haute et de la ville pour se rendre sur le mont des Oliviers. Judas étant au courant des habitudes de Jésus n'aurait aucune difficulté à y trouver Jésus pour le livrer à la police du temple.

Sachant à quelles épreuves il serait soumis ainsi que ses diciples dans les prochaines heures, Jésus leur fit la recommandation : "Priez, afin de ne pas entrer en tentation."

Ce qu'il recommandait à d'autres, Jésus était évidemment prêt à le faire lui-même, mais voulant être seul dans l'intimité avec le Père, il s'éloigna de ses disciples à environ un jet de pierre, se mit à genoux et pria. Il avait certainement beaucoup de choses à dire au Père mais Luc nous rapporte ici seulement l'essentiel que nous devons savoir : c'est que Jésus demanda au Père de lui épargner si possible les douleurs atroces de la crucifixion. Il était évidemment prêt à mourir d'une mort sacrificielle dans le courant de la journée pour sauver ceux qui croiraient en  lui.

22:43 Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier.
44 En proie à l'angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre.

Il peut paraître étrange qu'un ange ait été envoyé pour fortifier Jésus, le Fils de Dieu ! Mais n'oublions pas que Jésus vivait dans la chair comme nous sauf qu'il était parfait, sans défauts. Si Dieu envoya un ange, c'est que celui-ci pouvait vraiment fortifier Jésus en lui apportant du soulagement et des nouvelles forces. Il faut se rendre compte de la situation : Jésus était dans une angoisse extrême, au point que des capillaires éclataient et que du sang se mélangeait ainsi à sa transpiration.

Les anges jouèrent  un rôle important au cours de la vie terrestre de Jésus. On sait qu'ils sont venus le servir dans le désert en relation avec la tentation venant de Satan (Matthieu 4:11) ce que même Satan savait puisque cela avait déjà été prédit dans le Psaume 91:

Citation :

11 Car il donnera pour toi des ordres à ses anges
Pour te garder dans toutes tes voies ;
12 Ils te porteront sur les mains,
De peur que ton pied ne heurte contre une pierre. (Psaume 91:11-12)

Il est réconfort de savoir que les anges sont également au service des disciples de Jésus :

Citation :

Ne sont-ils pas tous des esprits serviteurs, envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui vont hériter le salut ? (Hébreux 1:14)

22:45 Il se releva de sa prière et vint vers les disciples, qu'il trouva endormis de tristesse
46 et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, priez, afin de ne pas entrer en tentation.

Le récit du médecin Luc est plus riche en détail dans ce récit que les autres Évangiles. Il avait déjà précisé que les gouttes de transpiration de Jésus étaient mêlées de sang durant son agonie psychique, Luc précise maintenant pourquoi il trouva les disciples endormis : c'était de tristesse.
En effet, il savait qu'un être humain extrêment attristé pouvait être épuisé psychiquement au point de s'endormir, indépendemment de la situation et de l'endroit où il se trouve à ce moment-là. Toutes les mamans connaissent cela de leurs petits qui s'épuisent de chagrin et s'endorment profondément lorsque quelque chose les contrarie intensément

La remarque de Jésus "Pourquoi dormez-vous ?" était néanmoins appropriée parce qu'il les avait prévenu à plusieurs reprises de ce qui allait arriver. C'était des hommes et il fallait qu'ils apprennent à faire face à une situation exceptionnelle ! Aussi leur dit-il de se lever et les exhorta encore une fois à prier pour ne pas faiblir en devenant ainsi vulnérables face à la tentation !

47 Comme il parlait encore, voici qu'une foule arriva, et celui qui s'appelait Judas, l'un des douze, marchait devant elle. Il s'approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
48 Jésus lui dit : Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme !

Le moment était venu pour Judas d'effectuer pleinement sa trahison en conduisant "une multitude" à l'endroit où se trouvait Jésus selon son habitude. Cette "foule" ou "multitude" armée "d'épées et de bâtons" (verset 52) était composée de soldats de la cohorte romaine portant des "épées" et de la police du temple équipée de "bâtons". Les adversaires de Jésus ne prirent donc aucun risque mais vinrent en force à la suite de Judas. La suite est bien connue : Judas embrassa vraiment Jésus bien que les récits des autres Évangiles nous apprennent que Jésus était facilement identifié par son comportement.

Les paroles de Jésus au traître : "Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme !" expriment tout l'étonnement de voir jusqu'où peut tomber un "ami" par la perte de sa spiritualité par cupidité. Le "baiser de Judas" est devenu proverbial : il est rappelé lorsque quelqu'un est trahi par un baiser en feignant de l'affection !

22:49 Ceux qui étaient avec Jésus, voyant ce qui allait arriver, dirent : Seigneur, frapperons-nous de l'épée ?
50 Et l'un d'eux frappa le serviteur du souverain sacrificateur et lui emporta l'oreille droite.
51 Mais Jésus prit la parole et dit : Tenez-vous en là ! Puis il toucha l'oreille de cet homme et le guérit.

À la différence de Judas qui était venu pour livrer Jésus, les autres disciples de Jésus étaient prêts à le défendre avec l'épée ! La situation devenait très tendue lorsque l'un deux frappa "le serviteur du souverain sacrificateur et lui emporta l'oreille droite" (En fait, il s'agissait de l'apôtre Pierre comme Jean le rapportera dans son Évangile seulement après la mort de Pierre, les 3 autres Évangiles ayant été écrits du vivant de l'apôtre Pierre).

Jésus intervint immédiatement et guérit miraculeusement l'oreille de l'homme. Si les soldats intervenaient à leur tour avec leurs épées, ils risquaient de frapper les apôtres qui n'étaient pas encore "nés de nouveau" puisque ce sera seulement à la Pentecôte qu'ils pouvaient être engendrés d'Esprit saint (Jean 3:3-5; Actes chap 2).

C'était Jésus que les soldats étaient venus chercher et lui était heureusement né de nouveau d'eau et d'Esprit au Jourdain 3 ans 1/2 plus tôt lors de son baptême. Depuis, il avait subi toutes les tentations et épreuves avec succès et était maintenant prêt à mourir d'une mort sacrificielle pour sauver ceux qui croiraient en lui.

23:52 Jésus dit ensuite aux principaux sacrificateurs, aux chefs des gardes du temple et aux anciens, qui étaient venus contre lui : Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et des bâtons.
53 J'étais tous les jours avec vous dans le temple et vous n'avez pas mis la main sur moi. Mais c'est ici votre heure et le pouvoir des ténèbres.

Finalement, les instigateurs de l'arrestation du Messie apparaissent eux-mêmes sur la scène : les principaux sacrificateurs, les chefs des gardes du temple et les anciens ! Ils étaient venus contre Jésus sans avoir honte de le faire arrêter comme un malfaiteur alors qu'il avait fait tant de bien au peuple.

Jésus leur rappelle sa présence quotidienne au temple où il leur parlait ouvertement devant la foule et ils n'avaient rien trouvé à lui reprocher. Pourquoi ne l'avaient-ils pas fait arrêter en public ? Parce qu'ils craignaient le peuple qui le prenait pour le Messie et qui avait acclamé son entrée triomphale à Jérusalem comme roi des Juifs !

S'ils étaient finalement venus l'arrêter la nuit avec la complicité d'un traître, c'était parce que c'était leur heure et le pouvoir des ténèbres ! Il n'y avait vraiment pas de quoi être fiers. Et s'ils l'avaient maintenant en leur pouvoir, c'était parce qu'il fallait que l'Écriture s'accomplisse dans les heures qui allaient suivre.

22:54 Après s'être emparés de Jésus, ils l'emmenèrent et le conduisirent dans la maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin.
55 Ils allumèrent du feu au milieu de la cour, et s'assirent. Pierre s'assit au milieu d'eux.
56 Une servante, qui le vit assis devant le feu, le fixa et dit : Cet homme était aussi avec lui.
57 Mais il le nia en disant : Femme, je ne le connais pas.

La maison du souverain sacrificateur dans laquelle Jésus fut conduit était celle de Caiphe où on le tenait captif en lui sûr. Après avoir remis le prisonnier, les soldats quittèrent les lieux, seuls des gardes de la police du temple restèrent dans la cour en attendant d'autres ordres. Par l'apôtre Jean, nous apprenons que c'est lui qui introduisit Pierre dans la cour.

Comme c'était la nuit du 14 Nisan, il faisait froid la nuit en cette époque de l'année sur les hauteurs à Jérusalem c'est pourquoi un feu fut allumé dans la cour et Pierre vint s'asseoir avec ceux qui s'y trouvait pour se chauffer. Étant éclairé par les flammes, celapermit à une femme présente de le reconnaître comme étant un des disciples du prisonnier Jésus. La situation devenait critique pour Pierre qui fut paniqué par la soudaineté de la remarque de la femme : "Cet homme était aussi avec lui." S'il venait encore à être connu que c'était lui qui avait coupé l'oreille d'un des serviteurs lors de l'arrestation de Jésus, il risquait d'étre arrêté lui-aussi. Pierre nia spontanément de connaître Jésus une première fois.

22:58 Peu après, un autre le vit et dit : Tu es aussi de ces gens-là. Et Pierre dit à l'homme : Je n'en suis pas.
59 Après un intervalle d'environ une heure, un autre encore insistait : Certainement cet homme était aussi avec lui car il est Galiléen.
60 Pierre répondit : Toi, je ne sais pas ce que tu veux dire. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta.
61 Le Seigneur se retourna et regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : «  Avant que le coq chante aujourd'hui, tu me renieras trois fois.  »
62 Il sortit, et dehors, il pleura amèrement.

Il eut mieux valu pour Pierre de quitter les lieux car peu après la remarque de la femme, un homme reconnut également Pierre et le lui dit ouvertement mais de nouveau, Pierre nia connaître Jésus.

Luc est remarquable de précision puisqu'il précise qu'environ une heure après, encore un autre homme reconnut également Pierre comme disciple de Jésus et une 3è fois, Pierre le renia. C'est alors qu'un coq chanta ! Probablement les seuls à remarquer le chant du coq furent Jésus et Pierre. Pierre se souvint que les choses se passèrent exactement comme Jésus l'avait prédit.

Lorsque Jésus se retourna pour regarder Pierre,c'en était trop pour. Alors il sortit enfin du lieu et pleura amèrement.

22:63 Les hommes qui tenaient Jésus se moquaient de lui et le frappaient.
64 Ils lui voilaient le visage et l'interrogeaient, en disant : Devine qui t'a frappé.
65 Et ils proféraient contre lui beaucoup d'autres blasphèmes.

À ce stade de l'examen, Jésus n'était pas encore condamné. Ce que Luc décrit s'est passé entre l'examen durant la nuit et la réunion du Sanhédrin par la suite. Dans cet intervalle de temps, Jésus était pratiquement livré aux gardes du temple qui lui firent sentir toute la haine des conducteurs religieux. Leur comportement était indigne face au roi des Juifs. Ils se moquèrent aussi de lui en relation avec sa qualité de prophète. La prophétie d'Isaie s'accomplit donc également à ce moment-là :

Citation :

3 Méprisé et abandonné des hommes,
Homme de douleur
Et habitué à la souffrance,
Semblable à celui devant qui l'on se voile la face,
Il était méprisé,
Nous ne l'avons pas considéré.
4 Certes, ce sont nos souffrances qu'il a portées,
C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé ;
Et nous, nous l'avons considéré comme atteint d'une plaie ;
Comme frappé par Dieu et humilié.
5 Mais il était transpercé à cause de nos crimes,
Écrasé à cause de nos fautes ;
Le châtiment qui nous donne la paix est (tombé) sur lui,
Et c'est pas ses meurtrissures que nous sommes guéris.
6 Nous étions tous errants comme des brebis,
Chacun suivait sa propre voie ;
Et l'Éternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous.
7 Il a été maltraité, il s'est humilié
Et n'a pas ouvert la bouche,
Semblable à l'agneau qu'on mène à la boucherie,
A une brebis muette devant ceux qui la tondent ;
Il n'a pas ouvert la bouche.(Ésaie 53:3-7)

22:66 Quand il fit jour, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes s'assemblèrent et firent amener Jésus devant leur sanhédrin.

Selon la loi, il était défendu de s'assembler pour juger un accusé durant la nuit et il devait y avoir au moins 2 sessions séparées au moins par 1 jour.
Mais "le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes" s'était déjà rassemblés une première fois la nuit et ils se réunissaient à présent pour une session du matin. Comme ils étaient pressés d'arriver à la condamnation de Jésus, ils ignorèrent donc les prescriptions légales.

Durant cette session, le Sanhédrin au complet avait été convoqué. Cette cour suprême était composée de 70 juges !

La raison de cette session et le chef d'accusation était la prétention ou l'affirmation de Jésus d'être le Messie.

La session est ouverte par les juges du Sanhédrin :

22:67 Ils dirent : Si tu es le Christ, dis-le nous. Jésus leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez point,
68 et si je vous interroge vous ne répondrez point.
69 Désormais le Fils de l'homme, sera assis à la droite de la Puissance de Dieu.
70 Tous dirent : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et il leur répondit : Vous le dites, je le suis.
71 Alors ils dirent : Qu'avons-nous encore besoin de témoignage ? Nous l'avons entendu nous-mêmes de sa bouche.

"Si tu es le Christ, dis-le nous"
Était-ce le désir sincère de savoir si Jésus était le Messie promis dans les Écritures ?
Où était-ce un piège pour entendre ce que ce que la majorité des membres du Sanhédrin voulait entendre pour pouvoir condamner Jésus pour blasphème ?

Jésus n'était pas dupe. Il savait ce qu'on voulait de lui. Il leur avait donné suffisamment de preuves en public devant tout le peuple qu'il était bien le Messie car qui aurait pu faire plus de miracles qu'il n'en avait fait durant les près de 3 ans 1/2 de son ministère ? Le peuple l'avait acclamé comme Messie et roi de la lignée de David. Les membres du Sanhédrin pouvaient vérifier dans les généalogies disponibles et ils pourraient ainsi constater qu'il était bien l'héritier légitime de David, donc le roi des Juifs.

En leur disant : "Désormais le Fils de l'homme, sera assis à la droite de la Puissance de Dieu" Jésus s'identifiait clairement au personnage du Psaume prophétique dans lequel il est écrit :

Citation :

Oracle de l'Éternel à mon Seigneur :
Assieds-toi à ma droite,
Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.
2 L'Éternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance :
Domine au milieu de tes ennemis ! (Psaume 110:1-2)

Ils le tenaient, il avait lâché le morceau ! Mais pour être bien sûr, ils ajoutèrent encore la question : "Tu es donc le Fils de Dieu ?"
Comme bien souvent, Jésus répondit dans le sens "C'est vous qui le dites" montrant par là que c'étaient eux-mêmes qui étaient arrivés à cette conclusion !
Le Sanhédrin triomphait : "Qu'avons-nous encore besoin de témoignage ? Nous l'avons entendu nous-mêmes de sa bouche."

Ils avaient une raison religieuse de le condamner : pour blasphème, et une raison politique : Jésus se faisait roi (alors que César était roi dans l'empire) !