La liberté chrétienne
Le chapitre 14 est tout entier consacré à une situation qui suscitait de très gros problèmes les premières années de l’histoire du christianisme et qui à perduré jusqu’ à nos jours au travers des diverses églises plus ou moins divisées .
Les croyants d’entre les Juifs amenaient tout naturellement avec eux leurs vues et leurs pensées relativement au manger et au boire, à l’observation de jours, de coutumes et d’autres choses semblables qui étaient fondées en partie sur la loi mosaïque, sur la tradition des anciens,..
Les croyants d’entre les Gentils n’avaient pas les mêmes pensées et étaient portés à considérer tout cela comme de l’obstination et de la stupidité de la part de leurs frères juifs. C’était une source de frictions perpétuelles.
Toute la question est soulevée ici par Paul , et réglée avec l’admirable simplicité qui caractérise la sagesse divine.
Peut –être pensons nous : « Aujourd’hui ces problèmes n’existent plus. Ils n’ont qu’un intérêt théorique. Laissons les de côté ».
Au contraire, ce sujet ( comme le fait ressortir notre sœur Pat ) est d’ actualité . Même si les points précis qui troublaient et divisaient les chrétiens du 1er siècle ont peut-être disparus, ils ont été remplacés par de nombreuses autres questions de nature semblable,
Aujourd’hui l’inobservation des instructions de ce chapitre entraîne beaucoup de détresse et de dégâts. Nous ne prendrons pas les versets un à un, mais résumerons le passage en faisant remarquer que trois principes y sont établis et trois exhortations données, chacune d’entre elles étant rattachées à l’un de ces principes.
1°) au verset 4.
«
- Citation :
- Qui es-tu, toi qui juges le domestique d'autrui ? Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître ; et il sera tenu debout, car le Seigneur est puissant pour le tenir debout. » (Romains 14:4)
Nous appellerons le principe qui s’en dégage : le principe de la liberté chrétienne.
Dans les questions qui se rapportent à la conduite personnelle et au service pour le Seigneur, chaque chrétien est placés sous la souveraineté de Christ et par là même dégagés de l’autorité de nos frères. Que notre jugement soit juste ou faux, il est primordial que nous fassions chacun, avec un œil simple, ce que nous croyons être agréable à notre Maître.
L’exhortation donnée en relation avec ce principe est :
« Que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit ».(Romains 14 : 5)Dieu veut que nous exercions notre libre arbitre, surtout sur les sujets de la vie courante .
Lorsque l’Écriture donne un commandement,(voir Jean 13 : 34 et 35 actes 15 : 28 à 30) celui-ci est précis et ne donne caution a aucune interprétation , le doute n’a donc pas de raison d’être. La simple obéissance s’impose alors comme la seule attitude agréable devant Dieu.
Cependant il y a toutes ces innombrables questions. Puis-je aller ici ou là ? Puis-je participer à ceci ou à cela ? Est-ce que je peux m’offrir ce divertissement ou non ? Faut-il accomplir ce service ou cette ordonnance de cette manière-ci ou de celle-là ? Que de controverses amères et stériles ont été déclenchées par de telles questions !
Et la réponse est si simple. Arrêtez les disputes ! Que chacun se mette sur ses genoux dans la présence de son propre Maître afin de recevoir, pour lui-même, la connaissance de la volonté de son Maître., c’est donc une question qui relève de la conscience qui bien entendu doit se nourrir de la vrai connaissance de Dieu et de sa volonté qui s’incruste dans notre esprit petit à petit au fur et à mesure que nous allons vers la maturité chrétienne
C’est donc à chacun de discerner (la présence du Maître) ce que nous pensons être sa volonté à notre égard, accomplissons-le dans la simplicité de la foi.
la foi doit être exercée, et non pas notre propre volonté. N’allons pas au-delà de notre mesure de foi, (ne soyons pas excessifs)mais ne restons pas non plus en deçà( ne nous donnons pas des excuses) . Ce serait être condamné dans notre conscience, comme nous l’indiquons les deux derniers versets du chapitre.
2On dira : « Mais ce principe de liberté entraînera certainement des abus ». Sans doute ; mais remarquez la mise en garde que nous lisons dans les versets 10 à 12. L’accent est mis sur le principe de la responsabilité individuelle envers Dieu. Je ne peux pas être le maître de mon frère, et si j’essaie de le faire, il n’est pas tenu de me prêter grande attention ; mais qu’il se souvienne du tribunal du Christ. Christ est mort et a revécu afin d’établir ses droits dans les deux domaines, celui de mort et celui de vie. Ainsi tout ce que nous faisons, que nous mourions ou que nous vivions, doit être accompli ayant égard à lui. Mais en rendant compte à Christ, nous rendrons compte à Dieu. C’est un fait solennel, propre à toucher chacun de nos cœurs et à nous amener à être très soigneux quant à ce que nous faisons ou nous permettons.
Au verset 13, nous trouvons l’exhortation liée à ce principe. D’abord son aspect négatif : « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre ; » puis le côté positif : « mais jugez plutôt ceci, de ne pas mettre une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant votre frère ». Quant à nous-mêmes, nous devons garder nos regards tournés vers le tribunal, et pour ce qui concerne nos frères, veiller à ne pas être une occasion de chute pour eux. Plus loin dans le chapitre, la chose est présentée d’une manière toute pratique. Par exemple, dans les versets 15:20 et 21. Des termes très forts sont utilisés. L’apôtre parle de la destruction de « celui pour lequel Christ est mort ». Il dit : « Ne détruis pas l’œuvre de Dieu ».
L’œuvre souveraine de Dieu ne peut être détruite, et les vraies brebis de Christ ne périront jamais ; mais l’une et les autres peuvent en pratique être ruinées. Le cas envisagé ici est celui d’un chrétien d’entre les Gentils : solide spirituellement et sans préjugés, il affiche sa liberté devant les yeux de son frère juif, faible dans la foi de l’évangile bien que fort encore quant à la loi. De ce fait, le frère faible est tenté de faire des choses qu’il se reprochera amèrement par la suite, et il connaîtra une éclipse spirituelle qui se prolongera peut-être jusqu’à ses derniers jours.
Il pourrait nous arriver, à vous comme à moi, de causer un tel dommage si nous ne veillons pas. Aussi soyons sur nos gardes, et ne perdons pas de vue le tribunal par lequel nous serons jugés .
3°)En disant cela, nous avons pratiquement anticipé le troisième grand principe de ce chapitre : celui de la fraternité chrétienne, pourrions-nous dire. Le verset 15 l’établit clairement. « Ton frère... celui pour lequel Christ est mort ». Si Christ est mort pour ce frère faible — parfois pénible et gênant — c’est qu’il doit être très cher à Christ. Ne le sera-t-il pas pour nous aussi ? Et n’oublions pas que nous-mêmes aussi pouvons être quelquefois pénibles et gênants à ses yeux. Que Dieu veuille alors accorder à ce frère, comme à nous précédemment, la grâce de nous voir comme ceux pour les quels Christ est mort.
L’exhortation du verset 19 est fondée sur ce principe. Étant frères, nous sommes appelés à poursuivre les choses qui tendent à la paix et à l’édification. Mettons notre ardeur à construire, non pas à détruire. °Poursuivons la paix, non les disputes. Si nous sommes tentés de pécher, posons-nous cette question exprimée par Moïse : « Vous êtes frères ; pourquoi vous faites-vous tort l’un à l’autre ? »
Il peut nous arriver de nous égarer au point de dire, en voyant un frère faible (à nos Yeux ): « Voilà un être mal affermi ! Poussons-le et regardons s’il va tomber ». Le malheureux tombe, et nous déclarons alors : « Nous savions bien qu’il tomberait. Vous voyez maintenant qu’il ne vaut rien, nous sommes débarrassés de lui ». Et lorsque nous paraîtrons devant le tribunal de Christ, qui est mort pour ce frère, que nous sera-t-il dit à nous ? Si nous pouvions l’entendre maintenant, nos oreilles tinteraient. À ce tribunal, il n’y aura pas seulement des récompenses, mais des pertes seront aussi éprouvées !
Soulignons encore une fois que toutes ces instructions se rapportent à des aspects de la vie, de la conduite et du service individuels, et qu’elles ne doivent pas être étendues à la vérité fondamentale de Dieu de manière à excuser l’indifférence à son égard. Le verset 17 élève nos pensées à un niveau supérieur. Dieu a établi son autorité et sa domination dans les cœurs de ses saints, non pour ce qui touche aux détails quant au manger et au boire, mais relativement aux caractères moraux et spirituels qui lui sont agréables. Puissions-nous vivre une vie de justice pratique, de paix et de joie sainte, dans la puissance de l’Esprit de Dieu. Ce sera à sa gloire. Nous sommes placés sous son autorité, et son Esprit nous est donné pour nous enseigner .
Liberté, Responsabilité, Fraternité (la responsabilité étant envers Dieu), tels sont, comme nous l’avons vu, les principes qui doivent avoir cours parmi nous lorsque nous sommes introduits dans ce royaume. À la fin du 17e siècle, en France, ce grand cri s’éleva : « Liberté, Égalité, Fraternité » (l’égalité étant entre les hommes). Quelles tragédies en furent la conséquence ! Très rapidement se développa un état de choses qui était la négation totale de ces trois termes ! Veillons à respecter nos trois principes, qui opèrent pour la justice, la paix et la joie.