Réflexion sur l'éspérance à partir de Luc 22 : 41-44

Bonjour à tous,

Voici le texte de Luc sur l'angoisse de Jésus devant la mort :

Citation :

22.41 Puis il s'éloigna d'eux à la distance d'environ un jet de pierre, et, s'étant mis à genoux, il pria, 22.42 disant: Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. 22.43 Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. 22.44 Étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre.

Le verset 42 manifeste un basculement du centre de gravité : passage de la volonté propre à la remise de soi dans la volonté d'un Autre. Le désir subit une transformation sous nos yeux : de crispation devant le réel il devient une acceptation sereine de celui-ci. Puis peu après on voit Jésus retomber dans l'angoisse malgré son acceptation qui précède. La tentation est la suivante : renier le réel, éprouver un ressentiment contre lui, contre le fait que le cours du monde ne va pas dans notre sens (c'est effectivement la deuxième tentation au désert chez Matthieu, qui consiste en la volonté de plier la Volonté de Dieu et l'ordre de la création à nos désirs, volonté propre qui est à la source de toutes les frustrations et les dépressions, sur fond de révolte envers Dieu; voir Mt, 4 : 5-7).

Un texte du philosophe protestant Paul Ricoeur écrit peu avant sa mort me semble être une méditation sereine du verset 42 :

Citation :

"Rien ne m'est dû. Je n'attends rien pour moi, je ne demande rien. J'ai renoncé - j'essaie de renoncer! - à réclamer, à revendiquer. Je dis : Dieu, tu feras ce que tu voudras de moi. Peut-être rien. J'accepte de n'être plus. Alors une autre espérance que le désir de continuer d'exister se lève."


Paul Ricoeur, Vivant jusqu'à la mort.

Je laisse cette méditation à votre appréciation sur le thème de l'espérance et d'une sagesse inspirée de la Bible.

Seulement cette question : l'espérance chrétienne ne serait-elle pas conditionnée par un détachement, un "abandonnement" de la volonté propre devant le réel?

Amitiés,
B.

B. a écrit:

Bonjour à tous,
Voici le texte de Luc sur l'angoisse de Jésus devant la mort :

Citation :

22.41 Puis il s'éloigna d'eux à la distance d'environ un jet de pierre, et, s'étant mis à genoux, il pria, 22.42 disant: Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. 22.43 Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. 22.44 Étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre.

le verset 42 manifeste un basculement du centre de gravité : passage de la volonté propre à la remise de soi dans la volonté d'un Autre. Le désir subit une transformation sous nos yeux : de crispation devant le réel il devient une acceptation sereine de celui-ci. Puis peu après on voit Jésus retomber dans l'angoisse malgré son acceptation qui précède. La tentation est la suivante : renier le réel, éprouver un ressentiment contre lui, contre le fait que le cours du monde ne va pas dans notre sens (c'est effectivement la deuxième tentation au désert chez Matthieu, qui consiste en la volonté de plier la Volonté de Dieu et l'ordre de la création à nos désirs, volonté propre qui est à la source de toutes les frustrations et les dépressions, sur fond de révolte envers Dieu; voir Mt, 4 : 5-7). ...

Cher B,
Jésus était venu sur terre pour donner sa vie en rançon. Il devenait ainsi le "second Adam" et tous ceux qui croiraient en lui pouvaient obtenir la vie éternelle. En demandant au Père d'éloigner de lui "la coupe" de douleur représentant sa mort sur la croix, Jésus ne refusait pas de mourir d'une mort sacrificielle mais, étant dans l'angoisse devant ce qui l'attendait comme douleurs, il demanda au Père s'il voulait bien enlever "cette" coupe-là pour mourir d'une mort plus clémente. Il est écrit :

Citation :

Aucune épreuve ne vous est survenue qui n’ait été humaine ; or Dieu est digne de confiance : il ne permettra pas que vous soyez mis à l’épreuve au–delà de vos forces ; avec l’épreuve il ménagera aussi une issue, pour que vous puissiez la supporter. (1Corinthiens 10:13)

Dieu savait que Jésus ne serait pas éprouvé au-delà de ses forces par le supplice de la flagellation et de la croix. Si Dieu le ménageait, il est évident que Satan en aurait profité pour dire en substance : "Évidemment, ton chouchou tu le ménages, mais pour les autres éprouvés, tu laisses faire."

B a écrit:

... Un texte du philosophe protestant Paul Ricoeur écrit peu avant sa mort me semble être une méditation sereine du verset 42 :

Citation :

"Rien ne m'est dû. Je n'attends rien pour moi, je ne demande rien. J'ai renoncé - j'essaie de renoncer! - à réclamer, à revendiquer. Je dis : Dieu, tu feras ce que tu voudras de moi. Peut-être rien. J'accepte de n'être plus. Alors une autre espérance que le désir de continuer d'exister se lève."
Paul Ricoeur, Vivant jusqu'à la mort.

Je laisse cette méditation à votre appréciation sur le thème de l'espérance et d'une sagesse inspirée de la Bible.
Seulement cette question : l'espérance chrétienne ne serait-elle pas conditionnée par un détachement, un "abandonnement" de la volonté propre devant le réel?
Amitiés, 
B.

Oui B, il y a un abandon de sa propre volonté mais cela n'empêche pas de faire une demande appropriée au Père comme le fit Jésus qui, peu avant de mourir sur la croix, avait dit dans une prière en présence de ses 11 fidèles apôtres :

Citation :

4 Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. 5 Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût. (Jean 17:4-5)

Jésus se soumettait entièrement à la volonté du Père. Il n'avait qu'un seul désir :
"Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût."
Jésus ne demandait rien de plus !

Amicalement
Nomade

Bonjour B, bonjour Nomade.  Shalom
                                                         L'abandon de soi-même est parfois un long apprentissage pour le chrétien. À l'image du Seigneur, dans les épreuves, il apprendra à se réfugier dans la foi et la prière, et non dans sa propre force. 
                                       Job, dans un ultime prière à Dieu,  dans la tempête (le tourbillon) extérieur et intérieur(38 v 1) qui s'abattait sur lui, fit cette confession # 42:" 2 Je sais que tu peux tout, et qu'on ne pourrait t'empêcher d'accomplir ton dessein.     3 " Qui obscurcit mes plans sans science?"    J'ai parlé et je ne comprenais pas; ce sont des choses trop merveilleuses(ou de grands mystères, ou trop élevées) pour moi, et je ne les connais point.     4 " Écoute donc et je parlerai;  je t'interrogerai et tu m'instruiras."        5 Mes oreilles avaient  entendu parler de toi; mais, maintenant, mon oeil t'a vu. 6 C'est pourquoi je me condamne et je me repens, sur la poussière et sur la cendre." 
                                         Job s'abandonnait ainsi à Dieu sans savoir ce qu'il adviendrait par la suite......  
                                          L'imperfection de l'homme le rend susceptible des attaques du diable. Certaines situations incontrôlables de la vie, s'avèrent être l'occasion de s'abandonner à Dieu et de suivre le chemin de Christ, sachant qu'IL est, maintenant, auprès du Père pour intercéder en notre faveur car: " .....ayant été tenté lui-même dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés."
                         Cet abandon n'est pas toujours facile, quelques fois on aimerait faire les choses par notre propre force, mais Dieu sait ce dont nous sommes fait et ce dont nous avons besoin....Nous lui demandons donc de nous donner de l'endurance(ou patience) qui est une des 7 qualités chrétiennes nommées dans 2 Pierre 1 v 5 à 7................
                                         Fraternellement en Christ
                                               Dan....

Bonsoir B, Nomade , DanP,
Jésus a accepté de faire la volonté de son père alors qu'il était encore dans sa forme spirituelle dans les cieux , ce que rapporte Paul dans sa lettre aux Philippiens où il en fait la démonstration. Il écrit: 

Citation :

lui dont la condition était celle de Dieu, il n'a pas estimé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais il s'est dépouillé lui-même, en prenant la condition d'esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s'être trouvé dans la situation d'un homme, (Philippiens 2:6 7)

Son but était explicité dans Matthieu  chapitre 20: 28

Citation :

C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.» (Matthieu 20:28)

C'est donc en connaissance de cause  qu'il vient  apporter le moyen de la rédemption. N'oublions pas que Jésus a participé auprès de son père à la création de l'homme. Il connait sa faiblesse , il a pu observer depuis le ciel  les souffrances occasionnées par la torture  d'hommes  que l'on met au supplice puis à mort. Il en a accepté en conscience le principe pour lui-même, acceptation renouvelée  alors qu'il est dans la chair. Il dit devant témoins :

Citation :

Mais Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener à bien son œuvre. (Jean 4:34)

La lettre aux Hébreux reprend  la motivation  de Jésus  alors qu'il est encore dans les cieux.  Il est écrit :

Citation :

Tu n’as pris nul plaisir aux holocaustes, aux sacrifices pour le péché.Alors j’ai dit: Voici je viens — dans le rouleau du livre, il est question de moi — pour faire, ô Dieu, ta volonté. (Hébreux 10:6 7) 

Nous avons donc la certitude que Jésus était fermement déterminé à faire la volonté de son père , c'était aussi sa volonté. Seulement sur la terre il était devenu humain  avec  ses angoisses ,ses peurs, c'est pourquoi il demande au père :  

Citation :

" Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. " (Luc 22:42)

Ce qu'on voit à travers ces paroles, c'est une terrible angoisse de l'homme Jésus dans l'attente  du supplice et de la mort. Il est conscient de l'enjeu. Or de sa propre vie, c'est l'honneur de son père et la vie  de tous ceux qui bénéficieront de son sacrifice, aussi demande t-il au père  d'honorer sa volonté et non la sienne sachant en tout état de cause  qu'il se soumettra au père .
Il n'y a donc pas abandon de sa volonté mais une prise de conscience  de la responsabilité qu'il portait.
Voilà mon point de vue, il peut-être corrigé, amélioré en vue d'une compréhension claire des derniers instants de Jésus en tant qu'homme.
Fraternellement  gg