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| Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? | |
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Invité Invité
| Sujet: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Sam 7 Sep 2019 - 22:42 | |
| Bonjour à tous, Plus je lis la Bible, plus je me rends compte qu'il se joue quelque chose de très important concernant la notion de "chef". Je crois que le texte du nouveau testament reconfigure cette notion de l'intérieur et lui donne un sens tout autre, et ce sous l'impulsion de l'Amour au sens de l’agape. Ceci a des implications décisives tant au niveau collectif qu'au niveau individuel. Si on entend par anarchie son sens originel, c'est-à-dire la négation de tout commandement humain à l'origine de la violence sociale et l'idée selon laquelle une société a d'autant plus de chances d'être juste et ordonnée qu'elle a moins de chef, je me demande si l’Évangile et les épîtres de Paul ne posent pas les bases d'un anarchisme chrétien. Cette anarchisme serait rendu possible par l'amour-agapé tel que Jésus le pratiqua dans sa vie. Un chef, au sens courant et mondain du terme, c'est un être qui assume une fonction de pouvoir et se distingue des gouvernés en tant qu'il dirige et fait faire des choses à autrui selon la direction et la décision qu'il a prise lui-même. Quel que soit les contre-pouvoirs qu'on lui impose, c'est toujours au chef que revient la responsabilité de trancher et de décider dans une situation donnée. Ce statut distinctif se fonde généralement sur une reconnaissance de sa supériorité à propos de tel ou tel domaine de compétences (pouvant aller jusqu'à la reconnaissance de la supériorité de la nature du chef en tant que tel, comme s'il jouissait d'une nature exceptionnelle ou d'un destin particulier). Ainsi la notion de chef ne va jamais sans son corrélat nécessaire, qui est la soumission des gouvernés à l'autorité du chef. C'est à peu près le sens que nous pouvons donner au mot chef dans la cadre de l'ordre social hiérarchisé des sociétés humaines (surtout de nos sociétés et de celles contemporaines de la Bible).Le chapitre 13 de l'évangile de Jean renverse complètement cette perspective : - Citation :
- 13.3 Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu'il était venu de Dieu, et qu'il s'en allait à Dieu, 13.4 se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. 13.5 Ensuite il versa de l'eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 13.6 Il vint donc à Simon Pierre; et Pierre lui dit: Toi, Seigneur, tu me laves les pieds! 13.7 Jésus lui répondit: Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. 13.8 Pierre lui dit: Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit: Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi. 13.9 Simon Pierre lui dit: Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. 13.10 Jésus lui dit: Celui qui est lavé n'a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur; et vous êtes purs, mais non pas tous. 13.11 Car il connaissait celui qui le livrait; c'est pourquoi il dit: Vous n'êtes pas tous purs. 13.12 Après qu'il leur eut lavé les pieds, et qu'il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit: Comprenez-vous ce que je vous ai fait? 13.13 Vous m'appelez Maître et Seigneur; et vous dites bien, car je le suis. 13.14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres; 13.15 car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. 13.16 En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. 13.17 Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez.
Le maître, ou chef, ici, renverse l'ordre social habituel, d'où l'incompréhension de Pierre, qui voit, dans cette scène, les choses du point de vue du monde. En effet, le chef est celui qui a une position de supériorité : par conséquent on ira le servir et accomplir ses souhaits, car ce n'est pas à lui d'accomplir les tâches liées au service. Des centaines de mains travaillent habituellement pour le chef, et non l'inverse, et ce par l'instauration d'un ordre hiérarchique prévoyant des sanctions contre toutes formes de désobéissance. Or Jésus subvertit complètement ceci : là où il affirme sa supériorité de maître et de chef spirituel, il accomplit l'acte des serviteurs par excellence, puisque dans le contexte historique de l'époque, l'acte de laver les pieds revient aux esclaves qui se situent au plus bas de l'échelle sociale, à la limite de l'humiliation. Ici Jésus donne de sa personne. Là où Pierre imaginait être celui qui servira la Christ à sens unique en se soumettant unilatéralement à ses ordres, voilà que c'est lui qui se fait servir. Le sens spirituel de cette scène est clair : Jésus est venu purifier les hommes, et pour ceci il s'est donné humblement pour eux, jusqu'au bout. Ce don gratuit appelle en retour un devoir de chrétien qui se veut l'imitateur de l'amour du Christ (verset 14) : "vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres". C'est-à-dire que vous devez vous aussi, même si vous êtes chefs au sens du monde, servir votre prochain et vous donner pour lui. Si au sens mondain le chef doit commander et maintenir des hommes à son service pour assurer ses objectifs (faire croître ses affaires, prendre le dessus dans un contexte concurrentiel, renforcer le pouvoir de l’État, maintenir sa domination, avoir des résultats, se glorifier aux yeux du monde, acquérir une réputation, approfondir les mécanismes d'obéissance en vue d'intensifier sa maîtrise, etc.), au sens évangélique il doit servir et se donner pour autrui.C'est là le sens de l'ironie christique : il retourne de l'intérieur les notions et les statuts les plus élémentaires, il a l'art de jouer avec les signes et de les subvertir. Ce retournement qu'il appelle dans l'esprit des hommes provoque parfois l'incompréhension, car il y a une collusion entre l'ordre de la chair (les royaumes terrestres soumis à la concurrence et à la compétition et se livrant une lutte qui nie le service de son prochain et cherche bien plutôt à se servir de son prochain) et l'ordre spirituel de l'Amour (le Royaume de Dieu, dont la nature du règne est Tout Autre, fondé sur le don de soi mutuel). Le Royaume de Dieu est régie par une puissance inverse aux royaumes mondains : dans le royaume terrestre, il faut s'élever pour briller et être le premier (ainsi en est-il, par exemple, des bilans des politiques publiques qui sont toujours loués par les acteurs de ces mêmes politiques en vue de se glorifier et de se faire réélire). Dans le Royaume de Dieu, il faut s'abaisser pour s'élever (Luc, 18 : 14), ce qui revient entre autre à renier toute forme d'orgueil mondain pour se libérer des "valeurs" du monde et s'ouvrir au don de soi en toute humilité. Jésus se situe à l'intersection de l'ordre spirituel et de l'ordre mondain plongé dans l'histoire et ses illusions; il est lui-même cette collusion des deux ordres et il renverse les habitudes sociales. De là vient l'incompréhension régulière des hommes devant des actes parfois étranges. Ainsi en est-il de l'entrée messianique de Jésus dans Jérusalem, qui est un exemple du genre : - Citation :
- Évangile de Jean, 12 : 12-16:
12.12 Le lendemain, une foule nombreuse de gens venus à la fête ayant entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem, 12.13 prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël! 12.14 Jésus trouva un ânon, et s'assit dessus, selon ce qui est écrit: 12.15 Ne crains point, fille de Sion; Voici, ton roi vient, Assis sur le petit d'une ânesse. 12.16 Ses disciples ne comprirent pas d'abord ces choses; mais, lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent qu'elles étaient écrites de lui, et qu'il les avaient été accomplies à son égard. La venue "triomphale" d'un roi sur un ânon, d'un point de vue mondain, est plutôt étrange, voire burlesque. L'ânon était la monture des pauvres et des misérables, la monture des déclassés, et on est loin ici de la grande pompe des chefs des nations et des puissants qui se font accueillir sur un tapis rouge et qui dégustent un repas luxueux entourés de groom. Les disciples, spontanément, ne comprennent pas bien ce décalage étrange. Ce n'est qu'après que les yeux de la foi leur enseigne le sens spirituel de ce triomphe à partir d'une prophétie de l'Ancien Testament qui s'effectue sous leurs yeux, triomphe incompréhensible dans l'ordre de la chair. Certains attendaient d'ailleurs un Messie selon une conception charnelle, en attendant un leader politique plein de force et de pouvoir, à l'image des chefs du monde. Quelle déception éprouveront-ils quand ils verront ce messie cloué sur un morceau de bois parmi les brigands! Toute la signification usuelle et mondaine des signes sont ici déboussolés et finissent par trouver un sens tout neuf.Dès lors, si le chef au sens mondain implique une asymétrie entre le maître qui domine sans jamais se soumettre et le serviteur qui se soumet sans dominer, le chef au sens spirituel renverse cela en faisant du maître un serviteur de son "inférieur", l'inférieur ayant pour contrepartie de ce don le devoir de servir à son tour, selon un schéma de symétrie. La Vie du Royaume de Dieu se distingue par cette symétrie inconnue du monde, et le règne de Dieu est bien un renversement du règne des hommes. La notion de concurrence et de compétition est renversée ici, ce que les disciples du Christ ont mis bien du temps à comprendre. Les places dans le royaume ne sont pas distribuées selon une logique de la compétition fondée sur la force et la gloire terrestre, mais à partir d'une logique de l'humilité qui renonce à toute violence et à toute volonté d'emprise, à l'image des enfants : - Citation :
- Mt, 18 : 1-5 :
18.1En ce moment, les disciples s'approchèrent de Jésus, et dirent: Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux?18.2Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d'eux,18.3et dit: Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.18.4C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.18.5Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. A partir de cette reconfiguration de la notion de "chef", il me semble qu'il faut grandement relativiser les textes de Paul sur la soumission. En Éphésiens 5 : 20-21, après avoir rappelé les fruits de l'Esprit et de l'Amour dans les assemblées, Paul reprend la révolution spirituelle apportée par Jésus dans la manière d'être d'un maître : - Citation :
- 5.20 rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, 5.21 vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ.
On a là une reprise de la logique de l'amour exposée dans la scène du lavement des pieds chez Jean : le Maître est a respecter (à craindre) et à imiter, car il s'est donné pour tous, ce qui implique en conséquence une réciprocité parfaite dans la soumission mutuelle. Il est bien dit, d'un point de vue général, de se soumettre mutuellement les uns aux autres, abstraction faite des titres et des statuts sociaux. Ce qui signifie que les femmes doivent se soumettre à leurs maris tout comme les maris doivent se soumettre à leurs femmes, les enfants aux parents, les parents aux enfants, les patrons aux salariés et les salariés aux patrons, etc. "Soumission" ici signifie don de soi, service. C'est là l'application du principe selon lequel qui s'abaisse sera élevé, et qui s'élève sera abaissé. Les assemblées chrétiennes sont régies selon le principe de fraternité, et non selon le principe de la concurrence mondaine dans une lutte pour le pouvoir. Tout le monde se donnant à tout le monde, personne n'est le chef de personne (au sens mondain du terme). L'assemblée chrétienne, en ce sens, est anarchique, puisqu'elle annule toute institution d'un chef humain impliqué dans un rapport asymétrique avec ses inférieurs. L'ordre de l'assemblée chrétienne naît de l'amour-agapé, et non de l'instauration d'un pouvoir disciplinaire, centralisé et configuré selon le schéma asymétrique chef/serviteur. La seule légitimité possible pour un chef est le service et le don de soi, ce qui rend impossible toute chefferie humaine en en court-circuitant tous les principes. D'un point de vue spirituel, "être un maître" revient à "être un serviteur de son prochain", et il n'y a pas de séparation entre les deux, comme nous le voyons dans l'ordre social.Pour autant, Paul n'est pas aveugle et il sait bien que les chrétiens, s'ils ne sont pas du monde dans le sens où ils n'agissent pas selon ses principes de pouvoir mais selon les "principes anarchiques" régissant le royaume de Dieu, les chrétiens, disions-nous, doivent vivre dans le monde, pris à l'intérieur de son ordre social hiérarchisé, où il y a une séparation et une asymétrie entre les maîtres et les serviteurs, les dominants et les dominés. L'ordre social distribue les places en fonction de cela, selon des principes de pouvoir contraires à l'anarchisme chrétien. Comment faire pour le chrétien qui se retrouve dans une place de supériorité sociale? Comment réagir pour celui qui est dans une position d'infériorité sociale? Comment inscrire les premières communautés chrétiennes dans cet ordre social et ces coutumes hiérarchisées? C'est à cette question que Paul veut répondre, me semble-t-il, dans la suite du chapitre 5 de l'épître aux Éphésiens. Le seul but de Paul est d'annoncer la Révélation spirituelle de l’Évangile. Comme Jésus, il ne cherche pas à renverser politiquement l'ordre social en créant un parti ou en s'instaurant en chef charismatique en vue d'un pouvoir temporel et terrestre. Ainsi il ne donne aucune allégeance à l'ordre social en place, et en même temps il ne vise aucune émeute politique. A mon avis, c'est dans cet esprit là qu'après avoir dit, selon le principe du royaume de Dieu, que tout le monde doit être soumis à tout le monde, Paul reprend l'ordre social en place pour y insérer le principe spirituel de l’Évangile. En effet, dès le verset suivant (Eph. 5:22), Paul déclare apparemment l'inverse de ce qu'il vient de dire à l'instant : "Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur". Tous les acquis de la révolution spirituelle apportée par Jésus et reprise par Paul au verset précédent semblent se perdre aussitôt dans le rétablissement d'une asymétrie entre le chef (ici, l'homme), et celui qui lui est soumis (ici, la femme). Or, à mon sens, il n'en est rien, et je ne pense pas que Paul soit un bourricot susceptible de se prendre les pieds dans le tapis en passant d'un verset à l'autre. Il me semble que Paul, après avoir posé les principes spirituels des premières assemblées chrétiennes selon le point de vue du Royaume de Dieu, va tâcher d'insérer cet amour-agapé dans l'ordre social et ses coutumes enracinées, ordre profondément réfractaires aux principes spirituels de l’Évangile. Paul ne voulant pas renverser l'ordre social, il est bien obligé de le prendre tel quel, mais il va tâcher, comme Jésus, de le renverser spirituellement. Ainsi il va passer en revue trois grandes hiérarchies qui structurent l'ordre social de son temps :- Selon l'ordre social du temps, la femme est effectivement soumise à l'autorité de l'homme, son chef, tant au niveau des mœurs qu'au niveau politique et juridique. Paul ne veut pas renverser cela (verset 5 :22).- Selon l'ordre social du temps, l'enfant est effectivement soumis à l'autorité de ses parents. Souvent l'enfant, étant une bouche de plus à nourrir, est aussi une main d’œuvre gratuite pour le foyer, force de travail précieuse pour les affaires du chef de famille. Ce rapport d'autorité ne va ps nécessairement dans le sens du développement de l'enfant (verset 6 : 1 : "Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est juste".).- [size=13]Selon l'ordre social du temps, le serviteur, comme le salarié aujourd'hui, est effectivement soumis à son patron ou maître selon la chair (c'est-à-dire selon le sens mondain de la notion de chef, avec une asymétrie entre le dominant et le dominé). Si tous les serviteurs n'étaient pas nécessairement maltraités et bafoués dans leur dignité, il est clair néanmoins que beaucoup d'entre eux étaient condamnés à une vie de servitude, dans des conditions très difficiles, avec parfois des situations d'oppression socio-politique très dures (verset 6 : 5-6 : "[/size]Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ, non pas seulement sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais comme des serviteurs de Christ, qui font de bon cœur la volonté de Dieu"). Si nous nous arrêtons là, il est clair que Paul soutient l'ordre en place et expose une vision extrêmement conservatrice de la société, allant même jusqu'à demander aux "inférieurs" selon l'ordre de la chair d'obéir dans des conditions potentiellement injustes. Ainsi le christianisme ferait la part belle aux chefs et aux puissants, et son impact sur les collectivités humaines serait un renforcement de l'ordre social en place dans l'optique d'une justification des inégalités hiérarchiques. Il n'est pas rare que les églises soient tombées dans ce piège, et ce à partir de ce texte. Non seulement le christianisme n'a aucune visée de révolution politique (comme l'instauration historique et terrestre d'une société sans classe et sans hiérarchie, à l'image du communisme), mais en plus il se ferait l'allié mesquin des pouvoirs et des oppressions sociales (la religion deviendrait alors l'opium du peuple, pour reprendre l'expression de Marx). Mais c'est oublier la visée spirituelle de Paul, qui reprend à son compte la notion évangélique du maître. En effet, ce passage de l'épître est écrit selon une structure binaire qui a pour fonction d'annuler immédiatement l'inégalité hiérarchique, conformément au principe d'amour et de don de soi réciproque posé au verset 21 ("soumettez-vous les uns aux autres"). A chaque fois, la reprise de l'ordre social en place est immédiatement compensée par une subversion spirituelle de la notion de chef : - si la femme doit être soumise à son mari (verset 22), c'est que le mari est le chef. / Or, au verset 25, Paul énonce immédiatement le rôle de "chef" au sens évangélique du terme : " Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle", ce qui signifie qu'être chef de..., c'est se mettre au service de..., c'est-à-dire que cela revient, par le principe de l'amour, à se soumettre jusqu'au au sacrifice ultime de soi, comme le Christ l'a fait pour son église. Autrement dit, la femme doit être soumise à son mari (selon l'ordre social en place) comme à Christ, mais l'homme doit être soumis à sa femme jusqu'au bout (contrairement à l'ordre social en place). La symétrie est rétablie par l'amour -agapé au cœur de la vie conjugale, et l'ordre social est renversé de l'intérieur. Le couple vit dans le monde et selon ses coutumes, mais il ne vit pas selon ses principes. Par conséquent, c'est une vision "anarchique" du couple, où les deux se donnent mutuellement à l'autre, conformément aux autres textes de Paul sur la vie conjugale (le corps de la femme appartient à son mari, de même que le corps de l'homme appartient à sa femme, selon une appartenance mutuelle, etc.). Non, la femme ne doit pas être soumise à l'homme de façon unilatérale et à la manière du monde, et ainsi l'assemblée chrétienne ne peut pas être une société patriarcale et "anti-féminine"! - Si l'enfant doit être soumis à ses parents (verset 1), /, Paul interpelle immédiatement le père en précisant que l'enfant doit être élevé et que son autorité doit servir son enfant sans jamais lui imposer des conditions de vie contraires à son épanouissement (verset 4) : " Et vous, pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur". Le chef se fait serviteur, et non un commandant-tyran qui se soumet son foyer. - Si le serviteur ou salarié, conformément aux rapports de subordination à l’œuvre dans le corps social, doit obéir à son maître ou patron (verset 5 et 6), / Paul annule immédiatement le pouvoir potentiellement oppressif de cet ordre hiérarchique en interpellant les patrons (verset 9) : " Et vous, maîtres, agissez de même à leur égard, et abstenez-vous de menaces, sachant que leur maître et le vôtre est dans les cieux, et que devant lui il n'y a point d'acception de personnes". Le patron, ou maître, ne doit jamais exercer de pression de pouvoir qui reposent sur la peur (par exemple, la menace de licenciement, ou la pression d'une baisse de salaire), mais doit agir de même que son serviteur à son égard... c'est-à-dire le servir et s'y soumettre! On est là à l'extrême opposé des conflits et des luttes sociales qui secouent l'ordre politique depuis toujours, et qui sont à l'origine de la violence de l'histoire et du désordre politique. Paul désamorce toute forme d'oppression politique et sociale dans ce texte, en condamnant l'obéissance fondée sur la peur pour lui substituer l'amour du prochain. Nous voyons donc que Paul, dans ce passage, reprend toujours la même structure, et fait primer l'ordre spirituel sur l'ordre de la chair, annulant ainsi toute domination sociale. Il s'adresse toujours aux inférieurs dans la hiérarchie sociale, leur disant ceci : ne cherchez pas à renverser les coutumes, continuez d'obéir , /mais à chaque fois il interpelle les puissants : mais vous, chefs, servez vos inférieurs, aimez-les, comme Jésus s'est donné et à lavé les pieds sans exercer de pouvoir intéressé et dominateur. C'est une manière de dire aux chefs de déposer leur statut de chef au sens mondain du terme en imitant le Maître spirituel unique, qui s'est donné dans le service. La légitimité du Christ est d'autant plus forte qu'il a renoncé à toute supériorité sociale et que sa chefferie est totalement étrangère à tout intérêt charnel et mondain, puisqu'il n'est plus au sens de la chair, et qu'il ne vit que par l'Esprit qu'il a donné aux hommes. C'est donc un maître transcendant toutes les formes mondaines de l'autorité, rendant impossible toute forme d'oppression socio-politique. La chefferie spirituelle du Christ ressemble donc bien à un principe anarchique qui subvertit toute allégeance aux injustices hiérarchiques du monde, et ceci à partir de l'amour- agapé. Car, comme le dit le verset 9, le royaume de Dieu ne fait pas acception des personnes, c'est-à-dire n'idolâtre aucun statut social et n'honore aucune supériorité hiérarchique et politique, refusant ainsi toute les oppressions qui vont avec. Devant le Christ, il y a une parfaite égalité, et au sein des assemblées chrétiennes, tous les masques sociaux s'évanouissent et toutes les inégalités de pouvoir s'effacent pour s'annuler dans la pratique de l'amour. Ça ressemble fortement à une association anarchique sans rien de commun avec l'ordre du monde. L’Évangile ne fait aucune politique et ne défend aucun parti, puisqu'il transcende les conflits mondains et défait la partialité des partis et des positions sociales par l'amour de Dieu et du prochain. A mon sens, il est donc inutile et potentiellement dangereux de soutenir l'idée d'une politique chrétienne, avec un programme d'action et des méthodes de conquête du pouvoir. Car ce genre d'action est vouée à se plier aux règles concurrentielles du monde contraires au Royaume des cieux, et le chrétien risque bien de se faire vampiriser par ce qu'il prétend dépasser. C'est là la grande erreur des églises, qui ont pris ces textes au sens d'une morale sociale en occultant complètement la révolution spirituelle à l’œuvre, finissant ainsi par instaurer un ordre hiérarchique violent conforme au monde. Ainsi le christianisme institutionnalisé a fini par soutenir le pouvoir et à instaurer en son sein une hiérarchie oppressive et dominatrice. Néanmoins, le chrétien doit être la lumière du monde, c'est-à-dire que son expérience spirituelle doit éclairer les hommes et féconder le monde. Sans parler d'une politique chrétienne, il n'est pas impossible d'envisager une inspiration chrétienne de l'usage du pouvoir, inspiration basée sur ces principes anarchiques. Le but ne serait pas d'instaurer sur terre une utopie, cherchant à plier le réel à nos exigences, mais d'absorber, partout où les chrétiens se trouvent, les forces conflictuelles et oppressives à l’œuvre dans le corps social en subvertissant la logique violente du pouvoir afin de diminuer le plus possible l'oppression en ce monde. Il s'agirait ainsi de dépasser les mécanismes de contraintes et de soumission fondées sur la peur afin de se rapprocher d'une société où tout le monde sert tout le monde sur la base de l'amour, en étant libéré de toute peur. Ainsi ces textes pourraient constituer une base pour un christianisme social lucide. La notion républicaine de "service d’État" qui oblige le supérieur à servir ses administrés sans abuser de sa position sociale a peut-être une inspiration spirituelle qui a imprégné peu à peu la civilisation humaine, même si sa réalisation laisse à désirer... Ces textes peuvent donc fournir un critérium solide pour discerner le juste et l'injuste en politique, en gardant toujours à l'esprit que le royaume de Dieu transcende l'Histoire et ne pourra jamais s'y réaliser pleinement. Mais il peut fournir un idéal qui régule nos décisions et oriente nos désirs, ce qui peut apporter la joie dont parle l'évangile : - Citation :
- Mt, 5 : 9 :
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! Être un artisan de paix dans le monde, c'est commencer par se faire l'ami du Christ et comprendre qu'il faut renoncer à tout pouvoir mondain fondé sur la peur et l'oppression, afin de substituer la logique de l'amour qui intensifie la vertu à l'origine de toute société humaine laïque : la confiance réciproque dans un esprit de fraternité. L'amour- agapé n'est pas de ce monde et ne participe pas de sa logique, mais il est appelé à s'y réaliser et s'y inscrire ici et maintenant, non dans un entre-soi ecclésiastique, mais dans une visée universelle. L'amour- agapé est une puissance qui renonce à tout pouvoir mondain en le subvertissant de l'intérieur, dans son principe même, faisant imploser la lutte entre les hommes. Puisque cette rubrique demande ce qu'est l'amour- agapé et de le décrire, on pourrait peut-être lui ajouter ces trois qualités excellentes révélées dans l'évangile et les épîtres pauliniennes : 1) l'amour- agapé se vit selon une logique de "l'impouvoir", c'est-à-dire qu'en s'affirmant dans le don de soi il renonce à toute logique expansionniste, asymétrique et oppressive qui structure le pouvoir hiérarchique des hommes sur les hommes. 2) Dans une visée collective, il fournit un idéal communautaire de liberté anarchique basé sur un principe spirituel, liberté qui doit s'inscrire dans le monde et compenser autant que possible ce qui s'oppose à une association fraternelle et confiante entre les hommes. 3) Ce principe spirituel est fondé sur un don reçu qui appelle un devoir d'imitation de ce don chez toute personne touchée par cet amour- agapé. Il ne s'agit donc pas d'une morale sociale, mais d'une expérience spirituelle individuelle qui transforme la personne et qui fonde une association collective libre et aimante. L'amour du prochain fondé sur l'amour de Dieu n'est pas une règle déterminée qui prescrit par avance ce qu'on doit faire, mais un principe qui anime notre perception du réel et notre action et tâche de s'insérer dans le cours du monde en fonction des circonstances. Pensez-vous qu'il existe des structures sociales d'inspiration évangélique dans le monde? Avez vous des idées de réalisation politique allant en ce sens? Connaissez-vous des textes des Actes des apôtres qui confirment ou infirment cette analyse? Amicalement, B. |
| | | Nomade Admin
Nombre de messages : 15118 Localisation : Europe Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Dim 8 Sep 2019 - 20:05 | |
| .Bonsoir B, j'ai lu avec une attention soutenue tout le message d'introduction de ton nouveau sujet : Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien ?Puisque tu présentes ce nouveau sujet sous forme de question, lisons ce que les Saintes Écritures répondent sur la structure de la congrégation chrétienne et sur la façon dont ses membres sont reliés et interagissent entre eux : - Citation :
- C’est lui (le Christ) qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ. Ainsi, nous ne serons plus de petits enfants, ballottés et emportés par tout vent de doctrine, par la ruse des hommes et leur habileté dans les manœuvres d’égarement. Mais en disant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ. (Éphésiens 4:11-15 Segond 21)
Cette parole est certaine : si quelqu’un aspire à la charge de responsable, c’est une belle tâche qu’il désire. (1Timothée 3:1 Segond 21) car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, ... (1Corinthiens 14:33)
- Citation :
- Quant à l'anarchisme : Se dit d'un état de désordre et de trouble résultant de l'absence d'autorité ... Qui échappe à toute direction ou organisation, qui n'obéit à aucune règle.
(À suivre) Cordialement Nomade _________________ ... et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu (n)ous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons tous dans la même ligne - Philippiens 3,15-16.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Dim 8 Sep 2019 - 22:45 | |
| Bonsoir Nomade,
Bien que ton message ne soit pas encore complet, je voudrais seulement répondre brièvement (si j'y arrive...) sur un point. La définition de l'anarchisme que tu donnes est réelle, et elle correspond au sens usuel du mot. Seulement les mots sont polysémiques, et il ne s'agit pas du seul sens possible. Ce n'est pas le sens que je donne à ce terme. Afin d'être certain de parler de la même chose, je vais donc préciser le sens du mot dans mon introduction. Je parlais d'anarchie au sens technique du terme. C'est une manière de vivre qui se fonde sur l'idée que ce sont les chefs humains intégrés dans un pouvoir centralisé qui sont la cause du désordre et de la violence, car ce type de structure sociale implique la lutte pour le pouvoir, l’accaparement des leviers de la décision et l'oppression dirigées contre les exécutants (qui ne sont jamais ceux qui décident). Il suffit de considérer nos gouvernements ploutocratiques, les religions théocratiques, le passé et l'histoire des hommes pour voir que l'autorité des chefs intégrés dans un pouvoir centralisé est à la source des oppressions et des désordres sociaux les plus violents (même s'il ne faut pas réduire l'histoire religieuse à cela).
L'anarchie, au contraire, diminue autant que possible la centralisation du pouvoir et l'institution des chefs humains. Dans ce qu'on pourrait appeler l'anarchisme chrétien, il ne s'agit aucunement de renier toute autorité, car il y a l'autorité transcendante de Dieu et de l'Esprit du Christ qui unit les hommes dans un amour unique. Mais il faut bien voir que le Christ n'est pas un chef humain lambda, et qu'il n'a aucun intérêt mondain à défendre (ce qui change tout). Son autorité est fondée sur le fait qu'il s'est complètement donné pour les hommes. Ainsi, l'anarchisme chrétien pense que dans l'amour du Christ, il peut y avoir d'autant plus de liberté et d'ordre qu'il y a moins de pouvoirs et de chefs. Ceci n'exclut pas évidemment des responsabilités particulières et des charges spécifiques, mais les textes de Paul donnent un modèle idéal de la chefferie qui vise à en annuler le pouvoir et à diminuer autant que possible les dérives autoritaires.
Le mot peut être identique, mais il recouvre parfois des sens opposés. L'histoire des religions, à mon sens, a suffisamment montré de failles pour prendre ses distances avec les hiérarchies ecclésiastiques. Je crois que c'est précisément parce que Dieu n'est pas un Dieu de "désordre" que les notions de chef et de responsable sont complètement remaniées dans la Bible, à un point tel que ce sens n'a plus grand chose à voir avec la signification habituelle qu'on donne à ce mot. C'était le sens de mon introduction.
Comme tu le dis, mon sujet est avant tout une question et une piste de réflexion.
Mais je te laisse continuer.
Merci de ton attention dans ta lecture de mon long (trop long...) message.
Amicalement,
B. |
| | | Nomade Admin
Nombre de messages : 15118 Localisation : Europe Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 11:01 | |
| .Shalom B et à toutes et tous, merci de préciser ta pensée dans ton second message dont je tiendrai également compte dans la suite des échanges. Je tiens moi aussi à préciser ma pensée en introduisant maintenant " le royaume de Dieu" (la seule Théocratie véritable) dans la discussion. - Dieu a envoyé son Fils sur la terre connu sous le nom de Jésus-Christ qui fut exécuté le 14 Nisan de l'an 33 par les Romains sur une croix avec l'écriteau au-dessus de sa tête contenant l'inscription " roi des Juifs" - Après sa résurrection et sa montée au ciel, " le royaume du monde est passé à notre Seigneur et à son Christ" (Apocalypse 11:15) , "7 Il y eut alors une guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon. Le dragon combattit, lui et ses anges, 8 mais il ne fut pas le plus fort, et il ne se trouva plus de place pour eux dans le ciel. 9 Il fut jeté à bas, le grand dragon, le serpent d'autrefois, celui qui est appelé le diable et le Satan, celui qui égare toute la terre habitée ; il fut jeté sur la terre, et ses anges y furent jetés avec lui. 10 Alors j'entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant sont arrivés le salut, la puissance, le règne de notre Dieu et le pouvoir de son Christ. Car il a été jeté à bas, l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit." (Apocalypse 12:7-10)- donc, depuis le printemps de l'an 33, le Roi des rois Jésus-Christ "domine au milieu de ses ennemis" (Psaume 110:1-2) et envoie "ses ambassadeurs" par toute la terre "Nous sommes donc ambassadeurs pour le Christ ; c'est Dieu qui encourage par notre entremise ; au nom du Christ, nous supplions : Laissez-vous réconcilier avec Dieu !" (2Corinthiens 5:20)- les ambassadeurs du royaume de Dieu font connaître " l'Évangile ou Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu à toutes les nations" (Matthieu 24:14) - les ambassadeurs du royaume de Dieu ont le soutien d'une multitude de messagers célestes pour mener leur tâche à sa fin : " ... des anges ... Ne sont-ils pas tous des esprits remplissant des fonctions et envoyés en service pour le bien de ceux qui doivent recevoir en héritage le salut ?" (Hébreux 1:13-14)- malgré l'opposition acharnée des ennemis du royaume de Dieu, des milliards de Bibles en 2454 langues et dialectes contenant des informations vitales sur le royaume de Dieu ont été imprimées et diffusées dans le monde dans une campagne de diffusion sans pareille au cours des siècles jusqu'à nos jours- cette oeuvre surhumaine est accomplie avec le soutien de l'Esprit saint ( Actes 1:8 ), une force émanant de Dieu et qui rassemble et unit les cohéritiers royaux du Christ, qu'ils soient rassemblés à 2 ou 3 ou plus (Matthieu 18:20) pour être formés et équipés en vue d'accomplir avec amour et dévouement cette oeuvre divine. Rappel du texte de mon message précédant : - Citation :
- C’est lui (le Christ) qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ. Ainsi, nous ne serons plus de petits enfants, ballottés et emportés par tout vent de doctrine, par la ruse des hommes et leur habileté dans les manœuvres d’égarement. Mais en disant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ. (Éphésiens 4:11-15 Segond 21)
S'agit-il d'une "chefferie" ? - Citation :
- Il s'éleva aussi parmi eux une contestation : lequel d'entre eux devait-il être considéré comme le plus grand ? Il leur dit : Les rois des nations les dominent en seigneurs et ceux qui exercent l'autorité sur elles se font appeler bienfaiteurs. Chez vous, rien de semblable. Au contraire, que le plus grand parmi vous devienne comme le plus jeune, et celui qui dirige comme celui qui sert. En effet, qui est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. (Luc 22:24-27)
Le peuple de Dieu est organisé d'une manière remarquable. Ses membres disséminés dans diverses ekklesiae sont oints d'Esprit saint pour accomplir l'oeuvre divine et à son retour, Jésus enverra ses anges-moissonneurs qui les rassembleront pour aller dans la maison du Père pour toujours. Cordialement Nomade _________________ ... et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu (n)ous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons tous dans la même ligne - Philippiens 3,15-16.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 12:00 | |
| Bonjour Nomade, Je suppose que ta réponse est relativement complète pour le moment. Nous ne sommes peut-être pas si loin l'un de l'autre. Effectivement, dans l'église qui vise le Royaume de Dieu selon les modalités que tu as rappelées, il n'y a pas de chefferie humaine, ce que tu suggères à la fin de ton message. Il y a des ambassadeurs, des charges spécifiques, des talents particuliers, des fonctions diverses, etc., et tout ceci est lié à la diversité des complexions humaines. - Citation :
- Mt, 23 : 10 :
Ne vous faites pas appeler chefs; car un seul est votre Chef, le Christ. L'anarchisme chrétien se base là dessus pour refuser toute chefferie humaine. C'est parce que seul le Christ est le chef des chrétiens (et encore, en un sens bien particulier qui n'a plus rien à voir avec le sens courant, comme le montre la scène du lavement des pieds) qu'aucun autre chef humain n'est légitime par lui-même. De plus, il se fonde sur la définition nouvelle du Chef par Jésus lui-même que j'ai rappelé dans mon message d'introduction pour bien faire comprendre qu'il n'y a aucune chefferie humaine au sens mondain du terme dans le christianisme authentique. Et en ce sens ça se rapproche beaucoup de l'anarchisme au sens technique. C'est pourquoi les textes de Paul sur les chefs sont à relativiser, car il faut bien prendre en compte le renversement spirituel que l’Évangile à opéré quant à cette notion, à un point tel que la chefferie au sens mondain a volée en éclat sous l'impulsion de l'amour- agapê. Par conséquent, pour ne prendre que cet exemple, les textes sur la soumission de la femme à l'homme ne font que prendre acte d'un ordre social et historique donné, pour le renverser immédiatement après à partir du point de vue de la Révélation évangélique qui transforme radicalement les rapports entre les hommes. Par conséquent, s'appuyer sur ces textes pour défendre une soumission de la femme à l'homme est un contre-sens qui interprète ces textes comme des prescriptions pour une morale sociale patriarcale là où Paul avait pour visée de renverser spirituellement (et non politiquement) cet ordre de l'intérieur à partir de l'enseignement de la Révélation. Je crois que les églises, dans leur histoire, ont rarement compris cette révolution spirituelle relative aux chefferies humaines, et voilà pourquoi elles se sont bien souvent conformées au monde en se faisant l'allié des pouvoirs oppressifs et en reconduisant en leur sein des systèmes hiérarchiques de chefferies contraires à l'Esprit du Christ. Quand un Chef humain se dresse dans une religion, le risque n'est jamais loin qu'il prenne le dessus et qu'il usurpe la place du Christ. C'est ce dont Jésus avait parfaitement conscience en Mt, 23 :10... Paul, en Éphésiens, est formel : soumettez-vous les uns aux autres dans l'Esprit du Christ (c'est-à-dire dans le don de soi mutuel), qui que vous soyez, avec une entière symétrie. Tout le monde se donnant à tout le monde dans l'Esprit du Christ, personne n'est le chef de personne. On ne peut pas dire plus clairement que sous l'inspiration de l'Amour, la hiérarchie qui structure l'ordre social selon une répartition asymétrique entre le chef humain et celui qui y est soumis est renversée. C'est précisément un point central de l'anarchisme. Cordialement, B. |
| | | Nomade Admin
Nombre de messages : 15118 Localisation : Europe Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 12:39 | |
| - B. a écrit:
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Je suppose que ta réponse est relativement complète pour le moment. Nous ne sommes peut-être pas si loin l'un de l'autre. ...
Oui, ma réponse est complète cher B. dans le sens que la base de ma compréhension sur le sujet est posée et je suis prêt à discuter sur les détails. Je suis également de ton avis que "nous ne sommes peut-être pas si loin l'un de l'autre." Ce qui peut induire en erreur ceux qui observent la chrétienté, c'est la confusion allant vraiment jusqu'à l'anarchie dans bien des groupes de croyants. Mais selon la parabole du semeur et des anges-moissonneurs, nous savons que les anges vont trier les églises chrétiennes et ils rassembleront les chrétiens authentiques qui s'y trouvent dans " le royaume du Père" (Matthieu 13:24-30,36-43) Le forum La Liberté Chrétienne fonctionne dans une certaine mesure comme une ekklesía chrétienne sauf qu'on ne se voit pas, ce que certains apprécient beaucoup car pour différentes raisons, il préfèrent rester anonymes. Rappelons que nous ne voyons pas non plus le Père et le Fils et pourtant, ils sont parmi nous : - Citation :
- Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux. (Matthieu 18:20)
Alors ceux qui craignent Yahweh se sont entretenus les uns avec les autres. Et Yahweh a été attentif, il a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui, pour ceux qui craignent Yahweh et qui respectent son nom. Au jour que je prépare, dit Yahweh des armées, ils seront pour moi un bien particulier, et je serai pour eux plein de tendresse, comme un homme est plein de tendresse, pour son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. (Malachie 3:16-18) Avec mes meilleurs souhaits Nomade _________________ ... et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu (n)ous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons tous dans la même ligne - Philippiens 3,15-16.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 13:32 | |
| Effectivement le forum la liberté chrétienne cherche à faire cela, et je trouve qu'il est une réussite. Ça manque un peu de visage humain à mon goût, mais je suis le premier à vouloir rester anonyme (on est bourré de contradictions, que voulez-vous). C'est un lieu chaleureux et vivant malgré la froideur des écrans.
Il est clair que certaines églises sombrent dans un chaos où on peine à trouver l'unité. C'est peut-être une réaction aux lignes autoritaires adoptées par d'autres églises, qui affichent parfois une illusion d'unité qui confine au conformisme servile.
L'intuition de l'anarchisme (au sens noble du terme) mérite notre attention : qu'est-ce qui a produit les schismes, les pertes d'unités, la violence et les guerres de religions? Les chefferies humaines, qui ont généralement tendance à se prendre pour Dieu. Regardez les divisions qui ont fait perdre l'unité chrétienne : elles proviennent toujours d'une ligne orthodoxe qui fixe la pratique et les pensées sans accepter d'être discutée, aux noms de chefs humains décrétés infaillibles et supérieurs.
D'où vient le désordre social et politique? Des Autorités centralisées et rigides, qui impliquent toujours lutte pour la puissance, intrigues, surveillance, contrôle des esprits et discipline violente. Ça passe ou ça casse, et il n'y a pas de juste milieu. Soit on marche au pas, soit on sort. Quand ça "passe", on peine à trouver la liberté, et la foi est aliénée dans des mécanismes qui la contraignent, perdant ainsi une partie de la joie en Dieu. Quand ça casse, que ce soit au niveau individuel ou collectif, c'est généralement très violent, parfois jusqu'à la mort et au désordre le plus total. On a donc soit une apparence d'ordre qui masque tout un ensemble chaotique, soit un désordre complet qui va jusqu'au pire (la guerre parfois). Ce n'est pas l'anarchisme qui provoque cela, mais l'autorité humaine et centralisé, que ce soit au niveau local ou global. Je pense que les gens qui ont fait partie de certaines religions hyper-centralisée sur ce forum reconnaîtront la réalité de ce dont je parle... Même si je ne réduis pas ces religions à cela, et qu'il y a des fidèles sincères et plein d'amour partout.
Or le Christ avait prévenu contre cela. Peut-être que le plus virulent critique des religions instituées en chefferies humaines est Jésus en personne... Il en a d'ailleurs fait les frais et l'a payé de sa vie. L'anarchisme chrétien se base là dessus pour critiquer, à partir de la Bible, la notion de chefferie humaine.
La question pratique à poser est la suivante : comment associer des êtres libres dans leur foi, avec des fonctions différentes et des charges spécifiques, sans instituer de chefferie locale ou centralisée, conformément aux vœux de la Bible? Comment réunir cette multiplicité dans une unité libre et sans chefferie humaine? A-t-on des exemples de cela dans les Actes?
Je laisse cette question à ceux qui voudront bien se pencher dessus.
Amicalement, B. |
| | | Gégé2 Admin
Nombre de messages : 10988 Localisation : Europe Date d'inscription : 29/03/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 16:37 | |
| - B a écrit:
- La question pratique à poser est la suivante : comment associer des êtres libres dans leur foi, avec des fonctions différentes et des charges spécifiques, sans instituer de chefferie locale ou centralisée, conformément aux vœux de la Bible? Comment réunir cette multiplicité dans une unité libre et sans chefferie humaine? A-t-on des exemples de cela dans les Actes?
Bonjour B. ,a tous l'histoire ,l'expérience des uns des autres indique qu'il est difficile pour les humains imparfaits de s'unir sans tenir compte des différences comportementals ,intellectuels ,sociales ethniques ,culturel des uns et des autres et même si un groupe se composait de personnes toutes semblables il serait difficile de garder l'unité dans le groupe Qu'en est-il des chrétiens authentiques ?Ceux -ci,ne forment pas sur la terre un corps constitué bien qu'il soit tous membres du corps de Christ ils sont dispersés au sein de la société humaine dans toute ses composantes ,de fait ,il ne forment pas une société parmi tant d'autres mais des hommes qui s'efforcent de suivre un modèle Christ en faisant briller sa lumiére dans le lieu ou ils se trouvent .Ils ne sont donc pas chef des uns des autres, mais unis en une seule et même pensée celle de Christ "Les chrétiens ne forment (ni une nation ,ni une organisation ,ni une religion ,sur la face de la terre ,ils sont des ambassadeurs pour Christ au milieu d'un monde mauvais . - Citation :
- Nous sommes donc des ambassadeurs envoyés par le Christ, et c'est comme si Dieu lui-même vous adressait un appel par nous: nous vous en supplions, au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. (2 Corinthiens 5:20)
une ambassade peut -être composé de plusieurs personnes ,mais elle n'est pas un pays ni une religion ,dans le pays ou elle se trouve ,elle se soumet aux lois aux coutumes du pays tant que cela ne porte pas préjudice a leur fidélité a Christ a sa pensée ,a sa loi. il existe dans le monde environ deux cent pays composé de nombreuses villes ,villages et Hameaux,les chrétiens y vivent comme des foyers de lumière ,Jésus le Dit: - Citation :
- Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. (Matthieu 5:14)
Les chrétiens ,sont donc des hommes et des femmes qui se sont mis a suivre Christ ,ils se transforment pour se mettre a sa stature et invitent par l'exemple les autres hommes a se réconcilier avec Dieu en manifestant ces qualités ,particulièrement la religion pur et sans tache - Citation :
- La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à s'occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse et à ne pas se laisser souiller par le monde. (Jacques 1:27)
Les chrétiens dans leur ensemble sont le corps de Christ son épouse ,la ville sainte,cependant chacun d'entre eux et dispersés dans ce territoire qu'est le monde ils ne seront réunis que lors de l'enlevement ou ils seront unis a Christ. Les églises dites chrétiennes sont généralement des rassemblements hiérarchisés qui affichent leurs différences ,ce qui généralement est un facteur de division les chrétiens authentiques ,peuvent provenir de ces groupes ,ils reconnaissent a un sel et unique facteur Jésus le spécifie - Citation :
- À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. " (Jean 13:35)
Fraternellement gg _________________ Ayez la vérité comme ceinture (Ephésiens 6)
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| | | Nomade Admin
Nombre de messages : 15118 Localisation : Europe Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 17:19 | |
| Le sujet Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien ? suscite beaucoup d'intérêt. Il me semble utile de regarder de plus près la définition du terme anarchie et j'espère que l'extrait suivant de Wikipédia est une bonne base d'entente : - Citation :
- Le terme anarchie provient du grec ἀναρχία / anarkhia, composé de an, préfixe privatif : absence de, et arkhê, pouvoir, hiérarchie, commandement.
De nos jours, il est polysémique au point d'avoir des sens non seulement différents, mais absolument contradictoires. Employé péjorativement dans le langage courant, il y est synonyme de désordre social, ce qui est plus justement désigné comme anomie. A l'opposé, pour les anarchistes l'anarchie est un but à atteindre désirable et pratique. En 1840, Pierre-Joseph Proudhon est le premier à se réclamer anarchiste, c'est-à-dire, partisan de l’anarchie, entendu en son sens positif : « La liberté est anarchie, parce qu'elle n'admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l'autorité de la loi, c'est-à-dire de la nécessité » En 1987, Jacques Ellul précise : « plus le pouvoir de l'État et de la bureaucratie augmente, plus l'affirmation de l'anarchie est nécessaire, seule et dernière défense de l'individu, c'est-à-dire de l'homme » ... https://fr.wikipedia.org/wiki/Anarchie
Pour le chrétien, il n'y a pas d'absence - de pouvoir puisqu'il y a Dieu, - de hiérarchie puisqu'il y a Jésus, les apôtres, ses cohéritiers, - de commandement puisqu'il y a des commandements dans la Bible. ! Et pourtant, le chrétien est libre puisque Jésus a dit : "... Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira." (Jean 8:31-32)Quant à l'attitude du chrétien envers l'état, l'apôtre Paul a écrit sous inspiration divine : - Citation :
- 1 Que chacun soit soumis aux autorités établies ; car il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par Dieu. 2 C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité s'oppose à l'ordre de Dieu ; ceux qui s'opposent attireront un jugement sur eux-mêmes. 3 Les chefs, en effet, ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu ne pas craindre l'autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation, 4 car elle est au service de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains, car ce n'est pas pour rien qu'elle porte l'épée : elle est en effet au service de Dieu pour faire justice, pour la colère, contre celui qui pratique le mal. 5 C'est pourquoi il est nécessaire d'être soumis — non seulement à cause de la colère, mais encore par motif de conscience. 6 C'est aussi pour cela que vous payez des impôts. Car les gouvernants sont attachés au service de Dieu pour cette fonction même. 7 Rendez à chacun ce qui lui est dû — l'impôt à qui vous devez l'impôt, la taxe à qui vous devez la taxe, la crainte à qui vous devez la crainte, l'honneur à qui vous devez l'honneur. (Romains 13:1-7)
Enfin, s'il y a contradiction entre la loi des hommes et la loi de Dieu : - Citation :
- Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. (Actes 5:29)
_________________ ... et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu (n)ous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons tous dans la même ligne - Philippiens 3,15-16.
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| | | DanP2 Modérateur
Nombre de messages : 1805 Localisation : Étranger et voyageur sur la terre Date d'inscription : 20/08/2018
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 18:10 | |
| Bonjour Nomade, bonjour B, bonjour Gégé........ J'ai lu vos messages avec grand intérêt.Je peine à participer à tous les sujets en cours, le temps me manque, et je ne suis pas très habile sur le clavier....mais j'y arriverai à mon rythme, un à un......Merci Selon ce que tu dis, je comprends B que la chrétienté est un "anarchisme contrôlé" par l'amour de Christ(ce qui nivelle les excès), tandis que le monde et les sectes sont dirigés par un "ordre anarchique" imposé par la nature humaine, avec les imperfections que cela suppose. Jean le Baptiseur disait à propos de Christ: "4.....préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. 5 Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées; ce qui est tortueux sera redressé, et les chemins raboteux seront aplanis." Luc 3 ..... Cette prophétie s'accomplira parfaitement au retour de Christ. En attendant, 1 Cor. 13 nous démontre bien que l'amour agape nivelle ou devrait niveler le comportement humain naturel......De même aussi, plusieurs hommes sont bien plus occupés à s'amasser des trésors ici-bas avec les injustices que cela entraîne, que de s'amasser des trésors pour Dieu. 1 Cor. 13 v 8:"L'amour ne périt jamais." Il est étonnant, quand on y réfléchie, que Christ n'a pas voulu imposer d'autre autorité que l'amour Agape.....Ce qui fait que le chrétien doit sans cesse y faire référence; il est le lien, le chef par excellence. Petite question: Quelques fois, avons-nous(et je m'inclus le premier) tendance à oublier ou à justifier un manque d'amour agape, afin de favoriser notre homme naturel? Réf: Les amis de Job....... Fraternellement en Christ Dan.... | |
| | | Nomade Admin
Nombre de messages : 15118 Localisation : Europe Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 18:43 | |
| - B a écrit:
- La question pratique à poser est la suivante : comment associer des êtres libres dans leur foi, avec des fonctions différentes et des charges spécifiques, sans instituer de chefferie locale ou centralisée, conformément aux vœux de la Bible? Comment réunir cette multiplicité dans une unité libre et sans chefferie humaine? A-t-on des exemples de cela dans les Actes?
Je laisse cette question à ceux qui voudront bien se pencher dessus. Hello B, pour répondre à tes questions, les meilleures réponses se trouvent à mon avis dans les chap. 2 et 3 de l'Apocalypse. En effet, Jésus le surveillant céleste des 7 ekklesíae (églises, assemblées ou congrégations de chrétiens d'Asie Mineure) charge l'apôtre Jean de leur envoyer une lettre à chacune, donc 7 lettres dans lesquelles Jésus attire l'attention du "messager" (grec "ange") de chaque ekklesía sur la condition spirituelle dans laquelle se trouve l'église dont il a la charge. Ces "messagers" locaux étaient les bergers qui devaient veiller avec amour au bien-être des membres de chaque église. Jésus donne des conseils aux "messagers" locaux en leur disant ce qu'ils devaient faire pour remédier aux problèmes en précisant que s'ils n'agissaient pas, c'est lui-même qui viendrait intervenir. Je recommande la lecture de ces 2 chapitres, il y en a pour pour moins que 10 minutes. À bientôt ! Nomade _________________ ... et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu (n)ous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons tous dans la même ligne - Philippiens 3,15-16.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Lun 9 Sep 2019 - 21:00 | |
| Bonsoir Nomade, Bonsoir Dan, Bonsoir Gégé,
Je n'aurai pas beaucoup de temps pour répondre dans les prochains jours. Je vais seulement ajouter quelques précisions sur ce que j'ai lu.
Nomade : tu cites l'article de Wikipedia sur l'anarchisme. Du coup je l'ai lu. Il est pas mal fait selon moi, mais il reste assez incomplet. En effet, il y a beaucoup de nuances d'anarchismes, et l'article occulte quasiment complètement l'anarchisme chrétien, dont les deux plus grands représentants sont Jacques Ellul (qui est cité dans l'article et dont je recommande les ouvrages sur la Bible, notamment Anarchie et christianisme) et Léon Tolstoï.
Plusieurs anarchismes sont en vigueur, et il faut bien les distinguer pour ne pas se mélanger : -l'anarchisme politique, le plus souvent athée. De là est né le fameux "ni Dieu, ni maître". Cette révolte contre Dieu est généralement indissociable d'une révolte contre l'ordre religieux qui a maintenu une emprise sur la vie des hommes durant des siècles, de sorte que la négation de Dieu est essentiellement un anti-cléricalisme, la religion étant jugée complice des pouvoirs et institutrice d'un Dieu moral qui surveille les hommes et les culpabilise en vue de les maintenir dans un état d'esclavage et de tutelle. Il repose sur une critique du pouvoir en général comme étant la source de désordre et de violence parmi les hommes, et ils pensent qu'il existe des ordres spontanés capable de contrebalancer les ordres hiérarchiques injustes. On y trouve beaucoup de variantes : l'anarchisme individualiste, l'anarchisme collectiviste, l'anarchisme qui prône la révolution violente, l'anarchisme non violent, l'anarchisme d'inspiration marxiste, etc. Il est assez évident que ce n'est pas de cet anarchisme là dont je parle dans ce sujet, puisque mon titre précise clairement que je parle de l'anarchisme chrétien. -L'anarchisme au sens péjoratif : C'est généralement la manière dont le pouvoir qualifie les gens incontrôlables. Il est assimilé au désordre et à la violence. Tu en as déjà parlé et je ne parle pas de cet anarchisme. -L'anarchisme chrétien : Je parle de cet anarchisme. L'anarchisme chrétien se retrouve avec l'anarchisme athée dans sa critique du pouvoir humain et de l'autorité humaine comme cause du désordre et de la violence parmi les hommes. Mais il s'en sépare vigoureusement en ce sens qu'il ne renie pas toute autorité, puisqu'il reconnaît la puissance de Dieu et l'autorité de sa Parole. Oui, il y a des commandements et des hiérarchies dans la Bible, mais celles-ci n'ont rien à voir avec les hiérarchies humaines et sociales, puisque leur source est divine, ce qui fait une grande différence. L'anarchisme chrétien ne dira jamais "ni Dieu, ni maître"; il dira bien plutôt : c'est parce que le seul maître légitime est Dieu (qui est amour) que nous ne voulons aucun maître religieux ou politique d'ordre humain. Ce courant de pensée ne se perd pas dans le fait de savoir s'il faut être collectiviste ou individualiste, puisqu'il croit en la communion des croyants ayant fait l'expérience individuelle du Christ. Ils se basent sur des textes de la Bible pour fonder leur position, notamment les textes que j'ai commenté. Quant aux fameux passages de Paul de Romains 13 : 1-7, ils l'acceptent mais le mettent en rapport avec d'autres textes de la Bible beaucoup plus critique envers le pouvoir. Leur but n'est pas d'être irrévérencieux envers les pouvoir, mais de travailler dans le monde laïc pour faire en sorte que ces pouvoirs du monde soient le moins puissants possibles, et ce de manière non violente et dans un esprit d'amour (y compris de ses ennemis), convaincus qu'on ne combat pas le mal par le mal, mais par la pratique du bien et de la générosité. C'est une tâche infinie, mais qui œuvre pour la paix. Ils sont plus critiques envers les pouvoirs religieux : s'ils ne les refusent pas totalement, néanmoins ils pensent que l'amour agapé devrait déconcentrer les pouvoirs et court-circuiter les chefferies au sens mondains. Il peut bien y avoir des responsables religieux, mais toujours animé d'un esprit d'impouvoir, comme je le dis dans mon introduction à la fin. L'assemblée chrétienne doit toujours viser l'unité, la symétrie parfaite et l'égalité, et si elle est authentiquement animée par l'Esprit du Christ et l'amour biblique, elle devrait s'en approcher autant que possible pour des êtres humains, esquissant ainsi un état d'anarchie au sens positif du terme, anarchie qui est un ordre juste sous la direction spirituelle du Christ.
Ces différents sens, qu'on pourrait développer encore, doivent être soigneusement distingués. On voit clairement que l'anarchisme chrétien n'est pas un rejet de l'autorité divine. Par ailleurs, j'ai bien lu le texte de l'Apocalypse que tu m'as indiqué. Merci pour cette référence. Je connais mal ce livre de l'Apocalypse. Dans ce que je vois, je lis surtout une vision de Jean par qui le Christ, seul Chef légitime aux yeux des chrétiens, s'adresse aux sept églises par l'intermédiaire d'anges, et non de chefs humains. Je ne vois pas particulièrement de hiérarchie ecclésiastique, et il me semble que ces textes sont très conformes à l'anarchisme chrétien. Mais c'était peut-être ce que tu voulais me montrer.
Dan : Je crois que nous sommes d'accord, et j'irai dans ton sens. Sans doute, l'homme naturel, esclave de lui-même (à commencer par nous-mêmes!), imparfait, n'est pas en mesure de se conduire conformément à l'amour agapé, ce qui justifie les chefs. Je crois que Jésus et les premiers chrétiens étaient conscients de cela. Jésus voulait être le seul Chef spirituel, et Paul appelait toujours au règne exclusif de l'amour agapé dans les assemblées chrétiennes. Seulement l'homme est ainsi bâti qu'il a besoin de béquilles et de cadres disciplinaires pour se maintenir en collectivité. L'idéal anarchique au sens chrétien demeure pour autant, et c'est un idéal à atteindre et une méthode de lecture pour refuser de donner aux chefs des pouvoirs exorbitants. S'ils doit y avoir des chefs humains religieux, c'est un mal nécessaire, et ces chefferies doivent toujours se faire dans l'esprit du Christ, c'est-à-dire dans une logique d'impouvoir. Sans cela, ces chefs sont illégitimes et ils prennent la place du Christ. Or, comme tu le dis, le seul Lien directeur pour les chrétiens est le Christ et il doit le rester, ce qui désacralise tout pouvoir humain. Ils pourront mettre de l'or sur le froc du curé, ça n'en fera pas une parole de Dieu pour autant. La scène du lavement des pieds nous fournit un critérium solide pour discerner le "bon" chef humain qu'on peut tolérer en raison de nos insuffisances du chef illégitime qui doit être immédiatement rejeté en matière de religion.
Je partage ton étonnement, et cet étonnement est celui des anarchistes chrétiens depuis le début. Merci pour cette référence sur Jean le Baptiseur. Je n'avais jamais mis ce texte en rapport avec cette problématique, mais en y pensant c'est effectivement très pertinent! Je réfléchirai aux amis de Job dont tu fais mention à propos du problème qui nous occupe. Je crois apercevoir le rapport mais il faudrait que j'y pense plus en profondeur.
Gégé : D'accord avec toi. Je crois que tu n'es pas loin d'être un anarchiste chrétien! Effectivement la pierre d'angle pour subvertir les chefferies humaines et faire du Christ l'unique chef légitime est l'amour de Dieu et du prochain. Au fond, quand on commence à faire de la politique en instituant des pouvoir asymétriques au sens du monde, c'est qu'on a cessé d'aimer et qu'on a fait le deuil d'une partie de notre liberté.
Petite citation de Tolstoï, grand anarchiste chrétien, dans le roman d'Anna Karénine : les hommes ont inventé le respect parce qu'il n'étaient pas capables d'aimer vraiment.
On pourrait dire la même chose à propos des religions : les églises ont inventés les chefs religieux et l'autorité humaine car ils n'étaient pas en mesure d'aimer droitement. L'anarchisme chrétien se propose, par une lecture vivifiante des évangiles, de réveiller l'amour agapé pour diminuer le plus possible le pouvoir des chefs.
A bientôt,
Fraternellement,
B. |
| | | Nomade Admin
Nombre de messages : 15118 Localisation : Europe Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Chefferie et Amour : un anarchisme chrétien? Mar 10 Sep 2019 - 12:27 | |
| . - B a écrit:
- ... L'anarchisme chrétien ne dira jamais "ni Dieu, ni maître"; il dira bien plutôt : c'est parce que le seul maître légitime est Dieu (qui est amour) que nous ne voulons aucun maître religieux ou politique d'ordre humain. ...
L'attitude de Jésus-Christ et de ses cohéritiers royaux est absolument exemplaire envers la souveraineté du Dieu Tout-Puissant: - Citation :
- 24 Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir aboli toute principauté, tout pouvoir et toute puissance. 25 Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. (1Corinthiens 15:24-25)
4 Autour du trône il y avait vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre anciens, assis, vêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or. ... 10 les vingt-quatre anciens se prosterneront devant celui qui est assis sur le trône, ils adoreront celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jetteront leurs couronnes devant le trône, en disant : 11 Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles existent et qu'elles furent créées. (Apocalypse 4:4,10-11) Le temps viendra donc dans le futur où il y aura effectivement ἀναρχία / anarkhia, (anarchie) dans le sens de : absence de pouvoir, hiérarchie, commandement, puisque seul Dieu sera détenteur de l'autorité ! Hallelou-YAH ! _________________ ... et si, sur quelque point, vous pensez autrement, là encore Dieu (n)ous éclairera. En attendant, quel que soit le point déjà atteint, marchons tous dans la même ligne - Philippiens 3,15-16.
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