Matthieu chap 22

22:1 Jésus leur parla de nouveau en paraboles et il dit :

Matthieu souligne la manière d'enseigner de Jésus 
Il vient de parler de manière imagée  , il prend de nouveau la Parole.

C'est en paraboles qu'il va encore souligner la responsabilité des Israélites concernant le royaume de Dieu. Marc souligne lui aussi cette façon de faire de Jésus.

Par ce moyen il sondait le cœur de ses auditeurs , ce qui a été vu précédemment montre clairement l'impact que la parabole a eu sur les conducteurs religieux qui se reconnurent dans ce qu'illustrait Jésus , cependant leur orgueil les empêchait de comprendre pleinement , de fait ils ne pouvaient comprendre toute la portée des paraboles bien qu'ils avaient bien compris que Jésus discernait leurs pensées  . 

Aussi Jésus continuait à parler  en Paraboles , ensuite il enseignait ses disciples plus directement  comme le souligne Marc :

Citation :

Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. (Marc 4:33)

Les paraboles avaient donc deux objectifs 
- Montrer l'insensibilité du cœur de ses auditeurs 
- enseigner ses disciples , impatients de comprendre  ses enseignements.

22:2 Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils.
3 Il envoya ses serviteurs pour appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir.

Lorsqu'il expose la parabole du repas de noces, Jésus parle encore toujours aux mêmes auditeurs que dans le chapitre précédent.

Dans la parabole du festin de noces, "le roi" qui organise les noces est Dieu et "son fils" est le Messie Jésus-Christ.

"Les serviteurs " envoyés pour inviter ceux qui sont appelés sont les disciples qui invitent aux noces, depuis le 1er siècle où eut lieu l'effusion de l'Esprit saint jusqu'au retour de Christ où le mariage aura lieu. La parabole couvre donc tout l'âge de l'Évangile.

"Les invités aux noces" sont d'abord les Juifs qui avaient été préparés par les Saintes Écritures à répondre positivement à l'appel lorsque le Fils aura été présenté comme l'époux, mais pour la plupart la parabole prédit : "ils ne voulurent pas venir."

22:4 Il envoya encore d'autres serviteurs en disant : Dites aux invités : J'ai préparé mon festin, mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.
5 Mais, négligeant (l'invitation) ils s'en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son commerce,
6 et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent.

Quel roi exceptionnel ! Malgré le refus des invités de venir au festin de mariage, ce roi envoie encore d'autres serviteurs qui s'adressent encore à d'autres qu'ils invitent. Dieu fait preuve ici de grâce dont la définition du mot grec charis du NT est :

Citation :

"Bonne volonté, bonté, faveur. La bonté miséricordieuse avec laquelle Dieu, exerçant sa sainte influence sur les âmes, les tourne vers Christ, garde, fortifie, et amplifie la foi chrétienne, dans la connaissance, l'affection et allume dans ces âmes les vertus chrétiennes" (Définition Strong)

L'argument que les serviteurs devaient employer pour faire venir les invités aurait vraiment dû être convainquant :
"J'ai préparé mon festin, mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces."
Il n'y avait plus te temps à perdre !
La réaction obstinée et même violente de ces invités devant un tel honneur et un banquet prometteur est incompréhensible ! Non seulement ils préfèrent vaquer à leurs occupations habituelles au lieu de venir au festin de noces, certains vont même jusqu'à maltraiter les serviteurs en allant jusqu'à les tuer !

Le livre des Actes rapporte de nombreux cas où les Juifs refusèrent l'invitation qui leur était portée par les apôtres et par d'autres disciples du Messie, préférant se consacrer aux profits matériels en allant "celui-ci à son champ" ou "celui-là à son commerce." D'autres se sont avérés être des persécuteurs comme l'étaient déjà leurs ancêtres qui persécutaient les prophètes qui leur étaient envoyés par Yahweh Dieu. Ces constatations historiques ne sont pas le reflet d'un esprit antisémitique car Jésus - Juif lui-même - a dit : "Le salut vient des Juifs." (Jean 4:22)

Il envoya encore d'autres serviteurs en disant : Dites aux invités : J'ai préparé mon festin, mes bœufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.
5 Mais, négligeant (l'invitation) ils s'en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son commerce,

Notons la patience du roi , lequel réitère son invitation  rappelant ainsi la profonde amitié qu'il manifeste envers ceux qui ont déjà décliné son invitation  et fait peu de cas de l'alliance qui les liaient  , ainsi que les privilèges dont il bénéficiaient  , comme toujours ils se montrèrent rebelles  comme le souligne Néhémie

Citation :

 Ils ont refusé d'obéir, ils ont oublié les merveilles que tu avais réalisées en leur faveur; ils se sont entêtés, ils ont décidé de retourner à leur esclavage en Égypte. Mais toi, tu ne les as pas abandonnés, car tu es un Dieu qui pardonne, un Dieu bienveillant et compatissant, patient et d'une immense bonté. (Néhémie 9:17)  

[]Ils négligèrent ce que Dieu avaient préparés pour eux   , négligeant ses lois , ses ordonnances ainsi que les promesses faites à leurs ancêtres  montrant ainsi qu'ils n'avaient aucun respect vis à vis de leur Dieu  Jesus résume  bien la situation lorsqu'il  s'écrie

Citation :

 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! (Matthieu 23:37)

Les faits montre clairement , que le Pére , use de patience envers tous  , laissant à chacun le temps de se préparer au grand festin spirituel que Pére prépare pour ceux qui l'aiment

Citation :

  Mais, comme le déclare l'Écriture: «Ce que nul homme n'a jamais vu ni entendu, ce à quoi nul homme n'a jamais pensé, Dieu l'a préparé pour ceux qui l'aiment.» (1 Corinthiens 2:9)

Les conducteurs religieux auxquels s'adressaient Jésus , avaient négligé  le plus important , pour ne garder que leurs intérêts immédiats  ( leur position , leur gloire éphémère) leurs intérêts particuliers au détriment de la gloire du Pére  

22:7 Le roi fut irrité ; il envoya son armée, fit périr ces meurtriers et brûla leur ville.

La grâce accordée par Dieu a donc ses limites !

Notons que ce n'est pas à cause du refus des invités de venir au festin nuptial que le roi envoya son armée. L'appel à faire partie des cohéritiers du Christ avec la perspective d'obtenir la nature divine comprenant l'immortalité et l'incorruptibilité est un privilège considérable, le rejeter consiste finalement à se punir soi-même !

Non, l'armée du roi est finalement envoyée pour faire "périr ces meurtriers" de ses envoyés. Le Messie Jésus a dit à Jérusalem peu avant d'y être crucifié :

Citation :

37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! 38 Voici : votre maison vous est laissée déserte. (Matthieu 23:37-38)

Ce fut finalement en l'an 70 que Jérusalem et son temple furent détruits et les survivants réduits à l'esclavage ou dispersés dans le monde entier.

22:8 Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont prêtes, mais les invités n'en étaient pas dignes.
9 Allez donc aux carrefours, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez.
10 Ces serviteurs s'en allèrent par les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et bons, et la salle des noces fut remplie de convives.

Le roi élargit le champ d'action en envoyant à nouveau ses serviteurs, cette fois-ci en leur disant d'inviter aux noces "tous ceux que vous trouverez" ou selon d'autres versions "autant que vous en trouverez."

Après la destruction de Jérusalem en l'an 70 et la dispersion des survivants dans le monde entier, l'invitation continua à atteindre individuellement des Juifs là où ils se trouvaient mais depuis les années 30 du 1er siècle, des gens des nations païennes avaient également été invités, notamment lors du baptême du centurion Corneille et des siens. Voici par exemple ce qui est rapporté sur la ville d'Antioch en Pisidie lorsque les chrétiens y prêchèrent la bonne nouvelle :

Citation :

44 ... presque toute la ville s'assembla pour entendre la parole de Dieu. 45 Les Juifs, voyant les foules, furent remplis de jalousie, et ils contredisaient avec des blasphèmes ce que disait Paul. 46 Paul et Barnabas leur dirent alors ouvertement : C'est à vous d'abord que la parole de Dieu devait être annoncée, mais, puisque vous la repoussez, et que vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, voici : nous nous tournons vers les païens. 47 Car ainsi nous l'a prescrit le Seigneur : Je t'ai établi pour être la lumière des nations, Pour porter le salut jusqu'aux extrémités de la terre.
48 Les païens se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent.
49 La parole du Seigneur se répandait dans le pays tout entier. (Actes 13:44-49)

Les serviteurs continuèrent donc à rassembler des invités jusqu'à ce que "la salle des noces fut remplie de convives" ! On constata toutefois qu'il y avait des "méchants et bons" qui étaient venus ! Il restait donc un tri à faire.

1 Le roi entra pour voir les convives, et il aperçut là un homme qui n'avait pas revêtu un habit de noces.
12 Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme resta la bouche fermée.

le roi envoie donc ses serviteurs  rassembler  toutes les personnes qu'ils rencontrent  ,  les étrangers qui ne rentraient pas dans les relations d'alliances avec Dieu  ( ils sont assimilés dans la parabole à des mendiants  , des personnes délaissées , éloignées de Dieu. Paul exprime cette condition spirituelle :

Spoiler:

Le fait de cette indigence n'occultait pas la responsabilité de  se soumettre au protocole que tout invité se doit de respecter pour honorer son hôte. Celà d'autant plus que le roi fournissait ce qui était nécessaire à une bonne présentation ( l'habit de mariage ). Ils devaient revêtir l'habit spirituel qui les identifiait à Christ, ils étaient des mendiants, ils devaient se présenter comme des princes, des personnalités qui honorent le roi  , cette parure est fournie, la seule exigence étant de se revêtir de l'habit qui identifie les invités :  

Citation :

revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience; Vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a quelque sujet de plainte contre l’autre. Comme Christ vous a pardonné, vous aussi, faites de même. Mais par-dessus toutes choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés en un seul corps, règne dans vos cœurs; et soyez reconnaissants. Que la parole de Christ habite abondamment en vous, en toute sagesse. Instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres, par des psaumes, et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant dans vos cœurs au Seigneur, avec reconnaissance. ( [/i][b]Colossiens 3.12-16 )

22:13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
14 Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.

On peut tromper pendant un temps son entourage en prétendant être un disciple de Jésus-Christ en lui disant "Seigneur, Seigneur" ! Mais le jour arrive où les hypocrites sont démasqués. Jésus a mis en garde ses disciples d'être spirituellement vêtus non seulement dans la parabole du festin nuptial mais encore dans d'autres textes, notamment dans le livre de l'Apocalypse :

Citation :

— Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille et garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte ! — (Apocalypse 16:15)

6 Et j'entendis comme la voix d'une foule nombreuse, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant : Alléluia ! Car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, a établi son règne. 7 Réjouissons-nous, soyons dans l'allégresse et donnons-lui gloire, car les noces de l'Agneau sont venues, et son épouse s'est préparée. 8 Il lui a été donné de se vêtir de fin lin, éclatant et pur. Le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints.

Dans la conclusion de sa parabole du festin nuptial, Jésus rappelle une réalité : "Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus."
Notons déjà que "tous" ne sont pas appelés mais "beaucoup" ! Et parmi ces "beaucoup" d'appelés, seulement "peu" sont élus ! Suite à l'appel auquel une personne répond positivement, il y a ensuite toute une série d'épreuves à subir avec succès dans le développement d'une personnalité chrétienne en imitation du modèle (le Christ), des oeuvres à produire et d'être fidèle dans les tentations et en toutes choses.

Au sujet des appelés et élus authentiques, il est écrit :

Citation :

15 Et vous n'avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! 16 L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d'être aussi glorifiés avec lui. ... 28 Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. 29 Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né d'un grand nombre de frères. 30 Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés, et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
31 Que dirons-nous donc à ce sujet ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui, par grâce ? 33 Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie ! 34 Qui les condamnera ? Le Christ-Jésus est celui qui est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! 35 Qui nous séparera de l'amour de Christ ? La tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou le péril, ou l'épée ? 36 Selon qu'il est écrit : A cause de toi, l'on nous met à mort tout le jour. On nous considère comme des brebis qu'on égorge.
37 Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. 38 Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l'avenir, 39 ni les puissances, ni les êtres d'en-haut, ni ceux d'en-bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en Christ-Jésus notre Seigneur. (Romains 8:31-39)

Hallelou-Yah !

22:15 Alors les Pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de prendre Jésus au piège de ses propres paroles.
16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les Hérodiens : Maître, lui dirent-ils, nous savons que tu es véridique, et que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans redouter personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes.
17 Dis-nous donc ce que tu en penses : Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?

Les évènements se précipitent vers un point culminant. Au lieu de se repentir en voyant les miracles opérés régulièrement par Jésus depuis des années, les Pharisiens s'obstinent dans leur erreur et veulent se débarrasser définitivement de lui. Avec la complicité des Hérodiens, ils veulent tendre un piège à Jésus pour faire intervenir le pouvoir en place, les représentants de l'empire romain avec lesquels les Hérodiens collaborent étroitement.

En flattant Jésus, les Pharisiens espèrent qu'il va relâcher sa vigilance. Notons à quel point ils connaissent déjà Jésus car ils lui disent : "Maître ... Nous savons que tu es véridique, et que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité, sans redouter personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes." Voilà sans aucun doute des compliments mérités ! Ils reconnaissent publiquement que Jésus est véridique en enseignant la voie de Dieu ! Alors pourquoi ne le suivent-ils pas ?

Au contraire, voici le piège qu'ils lui tendent : "Dis-nous donc ce que tu en penses : Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ?" C'est diaboliquement mijoté ! Si Jésus répond que c'est un devoir de payer le tribut à César, le peuple sera contre lui. S'il répond qu'il ne faut pas payer le tribut à César, alors interviendront les Hérodiens qui rapporteront la chose au gouverneur romain qui fera arrêter Jésus ! Dans son Évangile, Luc précise à propos de cette scène :

Citation :

Ils se mirent à surveiller Jésus ; et ils envoyèrent  des espions qui se donnaient l'allure d'être de bonne foi, pour le prendre à l'une de ses paroles et le livrer aux magistrats et à l'autorité du gouverneur. (Luc 20:20)

Comment Jésus va-t-il faire face à un tel piège ?

18 Mais Jésus qui connaissait leur malice répondit : Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve, hypocrites ?

La réaction de Jésus face à cette attaque à peine voilée s'articule en deux phases.
Dans un tout premier temps il leur exprime très sèchement son indignation : Il est parfaitement conscient du piège dont il fait l'objet.
Il n'est pas dupe de leur hypocrisie abjecte et il le verbalise.

22:19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.
20 Il leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ?
21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

Je ne sais pas combien de fois j'ai lu et relu ce récit au cours des décennies passées mais mon enthousiasme pour l'argumentation de Jésus est toujours aussi grand que la première fois que j'ai lu cet épisode. Quelle simplicité, quelle efficacité !

Lorsque Jésus demande à ses adversaires de lui montrer la pièce de monnaie avec laquelle on payait le tribut, ils devaient se dire en eux-mêmes : Il s'y connaît avec les Écritures mais là, on le tient ! Les Pharisiens lui répondent donc volontiers à sa question qui leur semble somme toute inoffensive. En répondant à Jésus que l'effigie et l'inscription sur la pièce de monnaie qu'ils portent avec eux dans leur bourse sont de César, ils admettent qu'ils sont les sujets de l'empereur romain. Il est donc normal que les Juifs paient l'impôt à l'empereur ou autrement dit : "Rendez donc à César ce qui est à César" !

Mais la réponse de Jésus montre clairement que payer l'impôt à César est une chose, mais rendre "à Dieu ce qui est à Dieu" demeure le devoir de tout croyant ! L'un n'empêche donc pas l'autre ! Les Pharisiens et les Juifs qui entendirent la réponse de Jésus savaient ce qu'il fallait rendre à Dieu puisqu'ils connaissaient tous le commandement :

Citation :

Tu aimeras Yahweh, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. (Deutéronome 6:5)

22:22 Étonnés de ce qu'ils entendaient, ils le quittèrent et s'en allèrent.

La plupart des lecteurs de l'Évangile sont "étonnés" par la réponse de Jésus. D'autres traducteurs du grec εθαυμασαν ethaumasan le rendent par "furent dans l'admiration" (Liénart, Crampon, Fillion, Ostervald, Lemaistre de Sacy) ou "furent émerveillés" (Rilliet, Lenski). Mais si les Pharisiens furent "étonnés" dans le sens de "émerveillés" ou "dans l'admiration" de la réponse de Jésus, pourquoi le quittèrent-ils alors en s'en allant ?

Malheureusement, après avoir lu avec étonnement ou admiration des textes de la Bible, certaines lectrices et certains lecteurs "s'en vont" aussi en fermant la Bible pour ne pas revenir ! Pourquoi s'en vont-ils alors ?

À méditer !

22:23 Le même jour, les Sadducéens, qui disent qu'il n'y a pas de résurrection, s'approchèrent de Jésus et lui posèrent cette question :

Citation :

On désigne généralement par sadducéens les membres d'un des quatre grands courants du judaïsme antique de l'ancienne Judée (avec les pharisiens, les esséniens et les zélotes) ...  Les sadducéens qui se recrutent essentiellement dans l'aristocratie sacerdotale, sont en opposition totale avec les pharisiens ... Les sadducéens se distinguaient des pharisiens notamment sur la question de la résurrection des morts.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sadducéens

Voici ce que nous apprenons encore directement dans les Saintes Écritures dans le récit où l'apôtre Paul fut conduit devant le Sanhédrin pour être jugé :

Citation :

Sachant qu'une partie (de l'assemblée) était composée de Sadducéens et l'autre de Pharisiens Paul cria dans le sanhédrin : Frères, moi je suis Pharisien, fils de Pharisiens ; c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement. Quand il eut dit cela, il se produisit une dispute entre les Pharisiens et les Sadducéens, et la multitude se divisa. Les Sadducéens disent en effet qu'il n'y a pas de résurrection, ni d'ange, ni d'esprit, tandis que les Pharisiens l'affirment. ( Actes 23:6-8 )

Suivons maintenant attentivement la discussion entre Jésus et les Sadducéens au cours de laquelle Jésus nous apprendra des choses très intéressantes sur la résurrection, notamment sur l'état dans lequel seront ceux qui auront part à la résurrection générale et où se trouveront finalement pour l'éternité ceux parmi ces ressuscités qui seront approuvés lors du jugement dernier.

Passons à la question des Sadducéens adressée à Jésus :

22:24 Maître, Moïse a dit : Si quelqu'un meurt sans enfants, son frère épousera la veuve et suscitera une descendance à son frère.
25 Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria et mourut, et comme il n'avait pas d'enfants, il laissa sa femme à son frère.
26 Il en fut de même du deuxième, puis du troisième, jusqu'au septième.
27 Après eux tous, la femme mourut.
28 A la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle donc la femme ? Car tous l'ont eue.

Après les Pharisiens, les Sadducéens s'étaient mis à mijoter à leur tour une question piège qu'ils sont venus soumettre à Jésus. Pour démontrer à Jésus que la résurrection n'était pas concevable, ils citèrent un exemple dans le cadre de ce qu'on appelle le mariage selon la loi du Lévirat. Ce mariage avait comme but de garder dans la famille l'héritage du lopin de terre attribué lors du partage de la terre promise même s'il n'y avait pas héritier direct. Lorsqu'un Israélite mourrait sans avoir de postérité, son frère devait en susciter une pour lui avec la veuve :

Citation :

Lorsque des frères habiteront ensemble, si l'un d'entre eux meurt sans laisser de fils, la femme du défunt ne se mariera pas au dehors avec un étranger, mais son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme et l'épousera comme beau-frère. Le premier-né qu'elle enfantera portera le nom du frère défunt, afin que ce nom ne soit pas effacé d'Israël. (Deutéronome 25:5-6)

L'exemple cité par les Sadducéens à Jésus paraît extrême, c'est pourquoi certains se demandent s'il s'agissait d'un cas réel ou hypothétique.  Après la mort d'un propriétaire de terrain qui n'avait pas eu le temps de susciter une postérité, ses six frères pratiquèrent chacun à son tour le mariage selon la loi du lévirat avec la veuve puisqu'ils sont morts un après l'autre eux aussi avant d'avoir suscité une postérité à leur frère qui avait été le premier mari de cette veuve. Il n'y avait donc plus de frère pour susciter un héritier et finalement, la veuve est morte elle aussi. Les Sadducéens triomphent en posant la question à Jésus :
"À la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle donc la femme ?"

Que va répondre Jésus

22:29 Jésus leur répondit : Vous êtes dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu.

Jésus répond aux Sadducéens avec son autorité de Messie envoyé par Dieu. C'est pourquoi il peut se permettre de leur dire si ouvertement qu'ils ne comprenaient pas les Écritures au sujet de la résurrection. Il aurait pu leur citer des textes irréfutables tels que ce que Job a exprimé :

Citation :

25 Mais je sais que mon rédempteur est vivant, Et qu'il se lèvera le dernier sur la terre, 26 Après que ma peau aura été détruite ; Moi-même en personne, je contemplerai Dieu. 27 C'est lui que moi je contemplerai, Que mes yeux verront, et non quelqu'un d'autre ; Mon cœur languit au-dedans de moi. (Job 19:25-27)

Déjà Job espérait donc revivre un jour en esprit après sa mort dans la chair et alors, il contemplerait même Dieu face à face !

Des siècles avant la venue du Messie, 3 résurrections avaient déjà été effectuées, dont
- 1 par le prophète Élie (1Rois 17:17-24 )
- et 2 par le prophéte Élisée (2Rois 4:32-37 ; 13:20-21).

Et le prophète Daniel avait écrit des siècles avant la venue du Messie :

Citation :

2 Beaucoup de ceux qui dorment Dans la poussière de la terre se réveilleront, Les uns pour la vie éternelle Et les autres pour la honte, pour l'abjection éternelle. ... 13 Et toi, marche jusqu'à la fin ; tu te reposeras et tu te lèveras pour ton héritage à la fin des jours. (Daniel 12:2,13)

Mais les Sadducéens auraient rejeté ces textes puisqu'ils ne reconnaissaient que le Deutéronome, donc les 5 livres de Moise. Mais même avec ces écrits-là, on pouvait démontrer que déjà Abraham croyait en la résurrection puisque, lorsque Dieu lui demanda de sacrifier son fils Isaac, il était prêt à le faire car Dieu lui avait dit que c'était par Isaac qu'il aurait une descendance. C'est d'ailleurs ce qu'exposa  l'auteur de la lettre aux Hébreux :

Citation :

17 C'est par la foi qu'Abraham, mis à l'épreuve, a offert Isaac. C'est son fils unique qu'il offrait, lui qui avait reçu les promesses 18 et à qui il avait été dit : C'est par Isaac que tu auras une descendance qui porte ton nom. 19 Il comptait que Dieu est puissant, même pour faire ressusciter d'entre les morts. C'est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là un symbole. (Hébreux 11:17-19)

Compte tenu de tous ces textes bibliques, comment les adeptes de la secte des Sadducéens - qui fournissait des prêtres et le grand prêtre pour le service du temple de Jérusalem - pouvaient-ils ne pas croire en la résurrection des morts ?

22:30 Car à la résurrection, les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.

Les Sadducéens pensaient avoir réfuté la possibilité de la résurrection avec leur exemple de la femme ayant eu 7 maris et ils croyaient triompher avec la question : "À la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle donc la femme ? Car tous l'ont eue." Et voilà que Jésus révèle une vérité incontournable : "... à la résurrection, les hommes ne prendront pas de femmes, ni les femmes de maris ..." Toute la théorie des Sadducéens s'effondre devant la révélation de Jésus selon laquelle ceux qui ressusciteront n'auront plus d'épouses ou d'époux !

Mais alors, dans quel cadre vivront les ressuscités morts jusqu'aux jours des Sadducéens du 1er siècle ayant part à la résurrection générale future ? Jésus répond aussi à cette question en affirmant : "ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel" ! Les anges de Dieu sont des esprits, les ressuscités seront donc comme les anges (il n'est pas dit qu'ils seront des anges) et ils vivront en tant qu'esprits dans le ciel ! Luc rapporte aussi cette discussion de Jésus avec les Sadducéens dans son Évangile en précisant que les ressuscités seront "égaux (grec ισαγγελοι isaggeloi) aux anges." (voir le texte grec de Luc 20:36). Notons bien :
- il s'agit ici des ressuscités de la résurrection générale à la fin des 1000 ans (Apocalypse 20:11-15)
- et non des ressuscités de la première résurrection qui hériteront comme Jésus de l'immortalité et de l'incorruptibilité à son retour (1Thessalonciens 4:14-17; 1Corinthiens 15:51-53) et qui seront donc supérieurs aux anges.

22:31 Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit :
32 "Moi, je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob" ? Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.

Certains s'étonnent que pour prouver bibliquement la résurrection aux Sadducéens, Jésus n'a pas cité par exemple le prophète Daniel 12:2,13 mentionné dans un message plus haut. Jésus cite plutôt du livre de l'Exode : "Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. ... " (Exode 3:6)
Dans quel sens Dieu est-il le Dieu des vivants en relation avec Abraham, Isaac et Jacob puisque les patriarches se trouvaient encore toujours dans le shéol-hadès [le séjour des morts] à l'époque de Jésus ? Nous trouverons la réponse si nous lisons le même récit de la discussion de Jésus avec les Sadducéens dans l'Évangile de Luc qui est plus complet dans ce passage :

Citation :

37 Que les morts ressuscitent, c'est ce que Moïse a signalé à propos du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. 38 Or, Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car pour lui tous sont vivants. (Luc 20:37-38)

Dans quel sens les patriarches Abraham, Isaac et Jacob sont-ils "tous vivants" pour Dieu ? La réponse est très simple : "Pour lui", ils dorment tout simplement :

Citation :

13 Et toi [Daniel], marche jusqu'à la fin ; tu te reposeras et tu te lèveras pour ton héritage à la fin des jours. (Daniel 12:13)

36 Or, après avoir servi dans sa génération comme Dieu en avait décidé, David s'est endormi dans la mort, il a été réuni à ses pères et il a vu la décomposition. (Actes 13:36)

11 ... il [Jésus] leur dit : Lazare, notre ami, s'est endormi, mais je pars pour le réveiller. 12 Les disciples lui dirent : Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. 13 Jésus avait parlé de sa mort, mais eux pensèrent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil. 14 Alors, Jésus leur dit ouvertement : Lazare est mort. (Jean 11:11-14)