Lévitique
Nombre de messages : 148 Localisation : Israel , Bethléem Date d'inscription : 15/11/2013
| Sujet: Le pape François dans les pas de Paul VI en Terre sainte Mer 18 Juin 2014 - 23:55 | |
| Quoi de plus banal, en apparence, que la rencontre qui doit avoir lieu à Jérusalem dimanche 25 mai entre le pape François et le patriarche Bartholomeos Ier de Constantinople ? Il s’agit, explique-t-on, de fêter, cinquante ans après, celle qui a eu lieu entre Paul VI et Athénagoras de Constantinople dans le même lieu, le 5 janvier 1964. Mais aujourd’hui, le patriarche d’Orient et le pape latin se connaissent bien. Bartholomeos a déjà rencontré François à plusieurs reprises, tout comme son prédécesseur, Benoît XVI, et leurs rendez-vous ne font donc plus « événement ».
Au cœur du concile Vatican II
Trompeuse apparence. En réalité, cette fameuse rencontre de 1964 reste un enjeu crucial pour le christianisme actuel. À l’époque, c’était la première fois depuis 525 ans que les deux responsables les plus élevés des Églises d’Orient et d’Occident parlaient et priaient ensemble. Cela fut d’ailleurs suivi par la levée réciproque des sentences d’excommunication datant du schisme de… 1 054.
Surtout, le voyage de Paul VI s’est tenu au cœur du concile Vatican II, où l’Église catholique redécouvrait les autres Églises chrétiennes, et en particulier les Églises d’Orient. Leur organisation, basée sur la synodalité, c’est-à-dire une forme de décision partagée, a amplement inspiré les théologiens catholiques de Vatican II. Tous s’étaient mis à espérer la réalisation rapide de l’unité entre les Églises chrétiennes, impliquant une remise en cause de l’hypercentralisation de l’Église romaine, de sa forte hiérarchisation, de façon à promouvoir une plus grande collégialité entre les évêques, et un meilleur partage du pouvoir, dans une « Église communion ».
L’Église catholique est restée centralisée
Or, cinquante ans après, force est de constater que rien ou presque n’a changé. L’Église catholique est restée romaine, centralisée, hiérarchisée. Le dialogue avec les autres Églises patine. La grande encyclique de Jean-Paul II, Ut unum sint, qui proposait de remettre en cause le pouvoir du pape pour faire avance l’œcuménisme, n’a pas eu de retombées pratiques.
En se mettant dans les pas de Paul VI, le pape François souligne la nécessité de reprendre ce travail où son lointain prédécesseur l’a laissé. Le pape argentin connaît bien les chrétiens d’Orient (en Argentine, les communautés maronites et melkites sont importantes). Il appelle de ses vœux une plus grande synodalité du catholicisme latin. On se souvient que, dès son élection, il a insisté sur son titre d’évêque de Rome, et non de pape. Pour l’inauguration de son pontificat, il a tenu à être accompagné par les patriarches des Églises catholiques orientales.
Urgence œcuménique
Cet anniversaire rappelle aussi l’urgence œcuménique, dans cette Terre sainte plus qu’ailleurs. La situation des chrétiens y est aujourd’hui plus dramatique qu’en 1964, plus aussi que lors de la visite de Benoît XVI en 2009, après la tragédie syrienne. Dans ce Proche-Orient, les chrétiens ont payé cher, au VIIe siècle, le prix de leurs divisions. Ils le paient aujourd’hui aussi, tant le clanisme et les rivalités qui marquent encore les communautés chrétiennes d’orient nuisent à leur survie comme minorité. Ce qu’avait très bien montré le synode pour les évêques du Moyen-Orient de 2010. Ce que veut leur signifier à son tour le pape François, en reprenant pour ce pèlerinage le bâton de Paul VI. ++ | |
|